Badasserie estivale
Le 8 juillet 2020
Si l’intrigue, sur fond de luttes religieuses ancestrales contre le mal, est parfois laborieuse ou part un peu dans tous les sens, l’entreprise est sauvée par une qualité certaine de production et propose un honnête divertissement d’action pour démarrer l’été.
- Réalisateurs : Agnieszka Smoczynska - Jet Wilkinson - Simon Barry
- Acteurs : Joaquim de Almeida , Thekla Reuten, Tristan Ulloa, Olivia Delcán, Alba Baptista, Toya Turner, Lorena Andrea, Kristina Tonteri-Young
- Durée : 10 épisodes de 40 à 40 minutes
- VOD : NETFLIX
- Scénariste : Simon Barry
- Titre original : Warrior Nun
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 2 juillet 2020
- Plus d'informations : Warrior Nun
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Résumé : Une ado orpheline se réveille à la morgue et découvre ses nouveaux super-pouvoirs : elle est porteuse du Halo d’une société secrète de religieuses chasseuses de démons.
Critique : À l’origine, il s’agit d’un comics/manga crée en 1994 par Ben Dunn, comportant plus d’une quinzaine d’albums parus jusqu’en 2004, qui provoqua la colère de la Ligue catholique américaine et diverses associations. Si vous n’êtes pas expert en la matière, vous pouvez lire l’article Wikipedia (en anglais) ou, mieux, taper dans Google Image « warrior nun areala », puisque c’est son titre exact. Vous découvrirez le look plus que très sexy de ces nonnes combattant les forces du mal et qui a pu déclencher l’ire de certains. Après divers projets d’adaptation avortés (animation et film), c’est finalement Netflix qui en a récupéré les droits pour une série. Une première saison et certainement une suivante, compte tenu du cliffhanger final. Voire des suites, comme le confesse son créateur, Simon Barry (1). Nous n’y sommes pas encore, donc reprenons depuis le début.
Dur, dur d’être l’élue quand on a d’autres projets. Imaginez qu’on vous annonce que vous devez sauver le monde et qu’on vous colle des super-pouvoirs pour cela, que faites-vous ? Ne répondez pas tout de suite, on vous donne toutes les données de l’équation. Ici, notre « élue » est Ava, jeune femme de dix-neuf ans qui ressuscite (oui, vous verrez). Elle se réveille dans la morgue d’un orphelinat religieux où, de son « vivant », elle a été tétraplégique. Maintenant, elle pète le feu de Dieu (pardon) et n’a que des envies, somme toute bien compréhensibles : courir sur la plage, picoler, faire la bringue et, comme ses hormones la travaillent un peu, choper un beau garçon tant qu’à faire. Sauf qu’il y a un petit problème : son cas est une erreur. Par un concours de circonstances donnant prétexte à une scène d’ouverture de castagne bien relevée, avec une légère touche de gore, elle se retrouve porteuse d’un « anneau » qui devrait, en principe, la motiver à rejoindre fissa une organisation religieuse secrète qui combat le mal depuis des lustres. Allez donc expliquer ça à une orpheline qui est restée toute sa vie clouée sur un lit ! Expliquez lui votre histoire de secte de religieuses soldats ultra entraînées, comment dire, hein ? Allô ? On est en Espagne, au bord de la mer, il fait grave super beau, j’ai déjà sympathisé avec une bande de potes qui ont une villa de oufs, et ce soir on va en boîte, ok ? D’ailleurs, tu le sors d’où ton look combo bonne sœur-ninja avec ton épée qui date des Croisades ? Tu vas à une soirée cosplay ? On peut se retrouver pour l’after, si tu veux…
- un quoi ?
- Copyright Netflix
Oui, nous vous vous l’accordons, nous sommes un peu en roue libre dans l’écriture de cette chronique. Comme d’ailleurs les scénaristes de la série et surtout Ava qui, vous l’avez compris, se fiche royalement de ce truc catholique de lutte contre les forces du mal, se terrant dans notre bas monde depuis mille ans. Au bas mot. Sauf que de fâcheux événements vont vite la rattraper.
Côté ambiance, Warrior Nun mixe joyeusement, en vrac, du Da Vinci Code, une quête à la Stargate (1994), de sévères trainings de ninjas, et autres vieilles mythologies et sociétés secrètes médiévales. On accompagne tout ça avec des atmosphères à la Hunger Games ou dans l’esprit du secoué Wanted (2008) de Timur Bekmambetov, qui mettait en scène un modeste employé de bureau, enrôlé dans une étrange confrérie pour devenir un impitoyable tueur, obéissant à des ordres divins. Que dire alors, hormis que tout repose sur la production ? Donc, commençons par un honnête casting, avec en tête la jeune portugaise, Alba Baptista, en Ava à la fois délurée et tourmentée dans ses futurs choix, et ce malgré l’indigence de certains dialogues. On notera Olivia Delcán, vue l’an dernier dans Costa del Sol (série Netflix que nous avons aimée et dont nous espérons une suite) ; Joaquim de Almeida qui troque ses costumes de sale type, comme celui de baron de cartel dans Desperado (1995) de Roberto Rodriguez, pour la tenue pourpre cardinalice, ou Toya Turner aux méthodes expéditives à coups de gros calibres. Justement, côté bastons, les chorégraphies sont plutôt de bonne qualité, lisibles et bien filmées, avec mention pour une dans un laboratoire, où planent les ombres de Matrix et un stylisme qui n’est pas sans rappeler l’univers très particulier du réalisateur indien Tarsem Singh. Continuons sur le stylisme. Les fans du comics seront peut être déçus de l’abandon des tenues initiales, plus que olé olé, de leurs nonnes. C’est certainement moins par frilosité de la part de Netflix (plusieurs films et séries de son catalogue ne sont pas avares de scènes torrides), mais bien plus parce que les mentalités ont évolué depuis vingt cinq ans quant à l’hyper sexualisation de la femme. Qui dit production, dit aussi photographie et décors. Et là, nous ne sommes pas en reste avec lumière solaire d’Espagne, paysages et sites magnifiques donnant un petit côté touristique à la série. Sans oublier un détour dans un Vatican plutôt bien reconstitué, puisque les tournages au Saint-Siège sont quasi impossibles, surtout pour ce type de série, on s’en serait douté. Enfin, concernant les effets spéciaux, on a droit à de copieux jets de sang façon manga ou des créatures échappées des enfers, aux allures de Transformers. Cela en deviendrait presque kitsch, mais comme on s’amuse…
- Paco qui ?
- Copyright Netflix
Bref, Warrior Nun n’est ni mauvais, ni la série du siècle, et coche méthodiquement toutes les cases du bon divertissement badass, à regarder en mode régressif, accompagné d’une bande-son bien chargée, des playlists étant déjà disponibles sur Spotify ou Deezer. Une première saison qui, manifestement, trouve une bonne base de fans, comme en témoigne l’avalanche de tweets depuis sa mise en ligne.
Ce mois de juillet démarre donc joyeusement, et avec l’arrivée imminente des saisons 2 de How to Sell Drugs Online (Fast) que nous avons également aimée, ou de Umbrella Academy, l’été netflixien s’annonce déjà chaud !
(1) Attention spoilers : "Warrior Nun Showrunner talks adapting the comics, season 2, and beyond" in inverse.com
- Copyright Netflix
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