Very Speed Trip
Le 12 juillet 2019
On connait le principe de l’épisode pilote. Avec cette histoire d’ados dealers, Netflix invente la série-pilote. On en sort un peu en vrac, mais on attend salement la dose suivante…
- Réalisateurs : Philipp Kässbohrer - Matthias Murmann
- Acteurs : Lena Klenke, Damian Hardung, Maximilian Mundt, Danilo Kamperidis
- Nationalité : Allemand
- : Netflix
- Durée : 6 épisodes de 24 à 34 minutes
- VOD : NETFLIX
- Titre original : How to Sell Drugs Online (Fast)
- Date de sortie : 31 mai 2019
- Plus d'informations : How to Sell Drugs Online (Fast)
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Résumé : Pour reconquérir son ex, un ado fou d’informatique se met à vendre de l’ecstasy en ligne et devient un gros dealer... sans quitter sa chambre.
Avis : Comme lorsqu’on a le malheur de tester le crack, au bout de 80 secondes du premier épisode de cette série originale allemande Netflix, on est foutu ! On suit une descente de police dans un parking, types en cagoules tombant sur un dealer en panique devant son ordinateur et ses sachets de petits bonbons. Une voix-off explique que ce n’est pas lui, mais un de ses nombreux imitateurs, et rappelle donc la règle numéro 1 : sécuriser ses serveurs et surtout éviter de raconter sa vie à des inconnus sur Internet. Cut. Notre voix-off, le héros, Moritz, look cool start-up, est face caméra et précise que raconter sa vie, non, sauf si Netflix vous le demande pour en faire une série. Et Moritz de lâcher un grand sourire au spectateur en fredonnant « Tou-Doum ! », le micro jingle Netflix. Fin des 80 secondes. Est-ce de l’ecstasy ou des cachets en sucre, du lard ou du cochon, bref un biopic ou de la fiction ?*
- Copyright Netflix
Netflix deale, il n’y a plus de doute sur sujet. Après Narcos, documenté à coups d’images d’archives, puis El Chapo et Yankee, furieuse fiction en 25 épisodes sur un dealer du cartel mexicain en mode techno, Netflix n’avait plus qu’à faire un mash-up avec son autre commerce : les séries ados. Et si on croisait des jeunes scotchés matin, midi, soir et nuit sur Instagram ou Facebook avec un tuto sur le trafic de drogues en ligne ? « Tou-Doum ! » : How to Sell Drugs Online (Fast) !
Fast, donc, cette affaire est menée à vitesse Mac1 (6 x 30 minutes) et se sniffe facilement en une soirée. Comme il ne vous a pas échappé que le style de la maison n’est pas de spoiler, on va se livrer, comme dans la série, au jeu du name dropping.
Le petit-fils caché de Martin Scorsese version geek génération Z est au montage, à coups d’arrêts sur image, pauses d’explications et flash-back, comme si Moritz était Henri Hill ado des Affranchis, télé-transporté en 2019. Notre ami nous distille, entre des lignes de codes sur son serveur et la réception de paquets de dopes, des rappels sur les méthodes de Steve Jobs, Bill Gates ou Mark Zuckerberg, au cas où vous seriez tous perdus. Un fils caché de Guy Ritchie insuffle un peu de Snatch pour le « méchant » au look pseudo 80’s. Histoire de rester fidèle à cette période, Jonathan Frakes, échappé de Star Trek, passe une tête pour une explication ubuesque aux « vieux » du charabia Internet de leurs enfants, qui ne se contentent pas de ne mater que du porno en ligne. Bah vi, sinon pas de série dont on vous rappelle le titre : How to Sell Drugs Online (Fast). Vous suivez ?
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Si Moritz et son « associé » handicapé Lenny répondent aux critères usuels des boutonneux nerds isolés des filles et autres beaux gosses du lycée, ces stéréotypes volent vite en éclats. Nos lascars ont fait de leur isolement, en particulier sur les réseaux sociaux, un choix stratégique et s’avèrent vite de petits chefs d’entreprise (positivement illégale), avec tout ce que cela suppose en termes de gestion logistique, fournisseurs, trésorerie et discrétion absolue. Moritz, dont la tête fait parfois penser à la bouille de Alfred E. Neuman, le personnage icône de feu Mad Magazine, mène les épisodes en tant qu’acteur et commentateur speed, quitte à abuser d’ellipses zappant le comment du pourquoi de certaines étapes. Mais au-delà de ce délirant tuto pour monter une boutique de dealer en ligne, la série aborde d’autres thèmes, ou plutôt les effleure vu la cadence, comme le handicap (avec pudeur, on ignore de quoi souffre Lenny), l’absence ou la démission de parents vis-à-vis de leurs enfants et les envies d’épanouissement, autonomie et autres tourments d’ados aux portes de leur vie d’adulte. Comme on dit pour les dessins-animés, cette série ne peut que ravir les petits, enfin 16 ans minimum (on ne parle pas que de dope, mais aussi de « bites ») et les grands, autrement dit des parents éventuellement largués sur l’addiction aux réseaux sociaux et la vraie vie de leurs grands ados, et qui auront ainsi droit à une sérieuse et ludique mise à jour.
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Le rythme hyper effréné de cette série la rend quasi-conceptuelle, en forme d’immense bande annonce de la saison 2, la vraie en quelques sorte**. Sauf que c’est redoutablement maitrisé par la réalisation (mention pour la bande son, avec en particulier une séquence clin d’œil à Jerry Lewis et le morceau The Typewriter) et une grande partie de l’écriture qui plante tous les jalons qui, comme le laisse entendre la dernière minute du dernier épisode, ne sont en fait que la partie visible de l’iceberg d’un probable immense trafic en ligne.
« Nerd Today, Boss Tomorrow » étant le mantra de nos deux associés, on attend avec impatience la saison 2, précisément pour le volet « Tomorrow ».
(*) Bon on avoue, c’est inspiré d’une histoire vraie. Maintenant, si vous cherchez sur Google et êtes spoilés, nous y sommes pour rien, ok ?
(**) La saison 2 vient d’être annoncée pour 2020.
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