Naissance d’une brigade.
Le 5 novembre 2019
Au-delà de l’hommage assumé aux séries américaines des années 70, Brigada Costa del Sol est une fresque narco-policière efficace, avec pour toile de fond la pénible sortie du franquisme, alors que les premières élections libres en Espagne ont enfin lieu en 1977.
- Acteurs : Álvaro Cervantes, Hugo Silva, Jesus Castro, Jorge Usón, Miki Esparbé, Sara Sálamo, Olivia Delcán
- : Netflix , Mediaset Espagne
- Durée : 13 épisodes de 60 à 69 minutes.
- VOD : NETFLIX
- Reprise: 25 octobre 2019
- Scénaristes : Pablo Barrera, Alberto Macías
- Genre : Action , Policier
- Titre original : Brigada Costa del Sol
- Date de sortie : 6 mai 2019
- Plus d'informations : Brigada Costa del Sol
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Résumé : Des policiers intrépides et impulsifs forment une unité spéciale pour lutter contre l’éclosion du trafic de drogue sur la Costa del Sol dans les années 1970.
Notre avis : Si vous êtes nostalgique de Starsky et Hutch, des Rues de San Francisco et autres Kojak, voire Amicalement Vôtre, alors vous allez probablement apprécier cette Brigada Costa del Sol, lancée discrètement par Netflix, coproduite avec Mediaset, qui l’a déjà diffusée en Espagne, et la Warner. Une série un peu foutraque, mais inspirée de faits réels. Dans sa forme, elle puise allègrement dans ces séries cultes des années 70, du générique aux roulades sur capots de voitures, en passant par le stylisme. Toutefois, contrairement à certaines séries se déroulant dans les années 70 ou 80, où les reconstitutions sont faites avec d’importants budgets, la palme allant à The Get Down (Netflix - 2017), sur le hip-hop à New York en 1979, qui a coûté 120 millions de dollars (excellente série au demeurant), Brigada Costa del Sol la joue moins ostentatoire, mais avec une qualité tout aussi exceptionnelle. L’astuce repose sur un nombre limité de décors (assez nombreux, tout de même), cependant traités avec grande minutie et profusion d’objets, accessoires, cadres ou posters dans les arrières plans. On notera surtout l’absence assourdissante de tubes dans sa bande-son, qui coûtent généralement une fortune en droits. Cet « exploit » musical, au regard des scènes récurrentes en discothèques, est relevé haut la main par OEO Music qui signe une BO où l’on croit entendre du…, mais non. Bref, du vrai-faux Starsky et Hutch, où nos deux compères se contentent de naviguer dans leur Ford Torino entre le bureau, le bar de Huggy, deux appartements et coins de rue, un parking ou un terrain vague, et hop ! l’affaire, en terme de production, était pliée !
- Et moi, pourquoi j’ai ce tricot de peau moisi, hein ? »
- Copyright Netflix/Mediaset
Si Starsky et Hutch étaient librement inspirés de deux flics new-yorkais, Lou Telano and John Sepe, Brigada Costa del Sol, raconte, elle, une histoire vraie : la création en 1977 du Grupo Especial de Estupefacientes Costa del Sol, la première brigade de lutte anti-drogue d’Espagne. Une époque où, bien que Franco ait rendu l’âme depuis deux ans, la libération des mœurs n’est pas vraiment à l’ordre du jour : on ne divorce pas, l’adultère est un délit, tout comme l’homosexualité. Glissons sur la disco, cette danse de dépravé-e-s, et les mots haschich ou shit qui, à défaut d’être connus, sont tabous dans les services de police. Pourtant, depuis des années, Gibraltar et le sud de l’Espagne, via la Costa del Sol et de villes comme Torremolinos, où se mélangent touristes, gays et fêtards de la jet set, sont le point d’entrée de l’herbe en provenance du Maroc. Le trafic encore « artisanal », assuré par des marins-pécheurs contrebandiers, va se structurer avec des groupes criminels contrôlant importation, vente en gros, distribution et diffusion dans toute l’Europe.
À la fin de la série, je veux qu’il soit couvert de photos, bouts de papiers et tas de trucs reliés par des fils. Compris, les gars ? »
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Comme l’explique Pablo Barrera, le créateur et scénariste de la série, qui a rencontré les fondateurs de cette brigade, ces flics d’un nouveau genre mettaient les pieds en terre inconnue et n’avaient aucun moyen : un simple bureau avec deux machines à écrire au commissariat de Torremolinos ; ils devaient utiliser leurs propres voitures, avec des couvertures radio limitées, et avaient plutôt recours à des méthodes de cow-boys. « Ils nous ont dit qu’ils étaient à moitié policiers, à moitié criminels, le seul moyen de combattre le crime et de s’imposer », raconte Miki Esparbé, qui interprète Martín Pulido, dit le hippie, un des flics dans la série (*).
Si la série n’est pas « historique » dans sa narration ou sa réalisation documentée, avec images d’archives comme Narcos, son écriture s’appuie sur d’innombrables combines dans lesquelles ont trempé les vrais flics, pour en faire un « divertissement ». Et c’est là où Brigada Costa del Sol s’avère à la fois surprenant, parfois foutraque, mais captivant et attachant. Surprenant, donc par sa réalisation hommage au séries américaines des années 70, limite désuète, mais aussi avec ses enchaînements de twists et cliffhangers, un peu faciles parfois, ses nombreuses digressions - mais qui s’avèrent ne pas en être, pour former un puzzle comme dit la voix off de Bruno, un des flics - ses histoires de cœur, familles et autres secrets cachés, là encore parfois poussifs, et finalement prenants par la densité narrative. En un format marathon, treize épisodes d’au moins une heure chacun, menés tambour battant, dont quelques-uns en mode quasi tarantinesque, Brigada Costa del Sol ne nous laisse aucun répit. Malgré quelques faiblesses d’écriture, car à force de cumuler les flash-back dans les flash-back, et en chargeant les barques en pains de shit, pardon, les aventures de nos flics, les scénaristes ont zappé quelques scènes, pour rendre plus limpides les raisons pour lesquelles Machinos deale avec Bidulos, avant d’entuber Totos qui a balancé Marcellos qui… Pardon, mais c’est qui ce Marcellos ?
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Au bout de treize épisodes épuisants, on finit repus, mais attaché aux destins entremêlés façon salade niçoise de tout ce joyeux monde, flics, chefs, femmes, maîtresses et mêmes dealers, tueurs et autres sales types : une vaste galerie d’une trentaine de personnages clés, sous le soleil 70’s d’une Espagne du sud, en pantalons moulants, chemises col pelle à tarte, ou costumes trois pièces, tel Léo, ce flic fils à papa, un Brett Saint Clair andalou. Bref, la série Costa del Sol, portée par son casting composé majoritairement de vedettes de séries ibériques, mérite d’être vue, tant pour sa forme que sa narration. Autant dire que nous attendons la saison 2, a priori dans les tuyaux pour 2020. De toute façon, l’épisode final (on ne spoile rien) ne laisse aucune alternative sur la question. Netflix, nous sommes bien d’accord, hein ?
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(*) Así eran los « intocables » de la Costa del Sol, la primera brigada antidroga de España
Dommage (ou occasion de réviser votre espagnol LV2).
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