Le 12 août 2022
Le récit touchant et attachant d’un jeune homme un peu perdu, qui pousse autant au rire qu’à la mélancolie, grâce à un comédien, Pete Davidson, qui ne verse jamais dans le grotesque.
- Réalisateur : Judd Apatow
- Acteurs : Marisa Tomei, Bill Burr, Bel Powley, Pete Davidson, Maude Apatow
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 2h17mn
- Date télé : 12 août 2022 22:45
- Chaîne : Altice Studio
- Date de sortie : 22 juillet 2020
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Résumé : Il semblerait que le développement de Scott ait largement été freiné depuis le décès de son père pompier, quand il avait 7 ans. Il en a aujourd’hui 24 et entretient le doux rêve d’ouvrir un restaurant/salon de tatouage. Alors que sa jeune soeur Claire, sociable et bonne élève, part étudier à l’université, Scott vit toujours au crochet de sa mère infirmière, Margie, et passe le plus clair de son temps à fumer de l’herbe, à traîner avec ses potes Oscar, Igor et Richie et à coucher en cachette avec son amie d’enfance Kelsey. Mais quand, après 17 ans de veuvage, sa mère commence à fréquenter Ray, lui aussi pompier, Scott va voir sa vie chamboulée et ses angoisses exacerbées. L’adolescent attardé qu’il est resté va enfin devoir faire face à ses responsabilités et au deuil de son père.
Critique : La filmographie de Judd Apatow peut un peu rebuter, quand on s’engage à regarder presque deux heures et demie son nouveau long-métrage. D’ailleurs, la première demi-heure pose un décor où l’on craint très vite la lourdeur et l’américanisme, dans ce qu’il peut avoir de pire. En réalité, si le personnage de Scott se résume essentiellement à la consommation de drogues, la paresse et la bonhomie, on perçoit très vite que derrière cette figure un peu pataude, se cache un être sensible, maladroit, habité par un passé qui le hante et une difficulté majeure à être en relation avec le monde social. Le mot "autisme" n’est jamais prononcé, et à la limite, jamais pensé par la mère qui travaille à l’hôpital. La seule pathologie dont le jeune homme souffrirait et dont le réalisateur ne fait justement rien, est la maladie de Crohn. On perçoit l’habileté du scénario qui décline avec brio les troubles de la communication, la théorie de l’esprit, la souffrance intérieure et le dénigrement de soi, mais se refuse à faire de ces symptômes un essai vaporeux sur la maladie mentale.
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Car, en soi, Scott n’a rien à voir avec la maladie mentale. Certes, il se trimbale bizarrement, menace de se suicider, agace son entourage tout autant qu’il génère la compassion, et affuble des comportements et des propos pour le moins décalés. Mais Scott est d’abord un gamin de Staten Island, qui traverse son existence le mieux qu’il le peut, étant certain qu’il n’est pas capable d’autre chose que de se droguer et dormir tard le matin. Il y a chez ce personnage une véritable profondeur. Le comédien n’en rajoute jamais dans la gesticulation. Il semble presque amoureux de cet être décalé, qu’il incarne avec la détermination de ne jamais le ridiculiser. D’ailleurs, tous les personnages qui gravitent autour de lui vouent à son égard un véritable attachement, en dépit de ses sorties parfois déconcertantes et de son immaturité sociale et affective.
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Le rire qui habite ce récit n’est jamais gras. Au contraire, la douceur côtoie de près la douleur et on comprend le désarroi de ce grand gamin qui n’a jamais fait le deuil de la disparition tragique de son père. Les apparentes deux heures et demie passent finalement avec une très grande fluidité. The King of Staten Island est un film sur le bonheur. Il illustre avec respect la place que nos sociétés doivent faire à la différence et nous invite à la prudence quand il s’agit de juger quelqu’un sur ses attitudes. Le mot "handicap" n’est jamais prononcé et Judd Apatow s’évertue d’ailleurs à tout faire pour le gommer des pensées du spectateur. En ce sens, le film se transforme en un hymne réjouissant et attachant à l’inclusion sociale.
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