Latif Yahia, l’ombre du despote
Le 10 mars 2012
Tandis que la réalisation de Tamahori reste toujours aussi tape-à-l’œil, la double composition totalement déjantée de Dominic Cooper vaut son pesant d’or ! The devil’s double n’en demeure pas moins un agréable divertissement, ni plus ni moins...
- Réalisateur : Lee Tamahori
- Acteurs : Ludivine Sagnier, Dominic Cooper, Raad Rawi, Philip Quast, Mimoun Oaïssa
- Genre : Drame, Action, Thriller
- Nationalité : Belge
- Distributeur : Bac Films
- Titre original :
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Sortie DVD & blu-ray chez Bac Films : le 2 mai 2012
Tandis que la réalisation de Tamahori reste toujours aussi tape-à-l’œil, la double composition totalement déjantée de Dominic Cooper vaut son pesant d’or ! The devil’s double n’en demeure pas moins un agréable divertissement, ni plus ni moins...
L’argument : Bagdad, 1987. Le pays est en proie à la trahison et à la corruption, ce qui fait les beaux jours du Prince Noir Oudaï Hussein, fils aîné de Saddam. Personnage sans foi ni loi, il ne pense qu’à son plaisir immédiat et n’hésite pas à s’emparer des biens d’autrui et à coucher avec n’importe quelle femme qui lui plaît - même lorsqu’elle est mariée. Personne n’a jamais osé lui tenir tête… Lorsque Latif Yahia, lieutenant d’Oudaï, est convoqué au palais de Saddam, il se voit contraint d’obéir à un ordre délirant : devenir la doublure d’Oudaï - son "fiday" - sous peine de voir exécuter toute sa famille. N’ayant pas le choix, Latif commence sa nouvelle vie, en "jouant" le rôle d’Oudaï Hussein, un des hommes les plus puissants et les plus haïs du pays. Il apprend à lui ressembler, imitant sa manière de marcher et de s’exprimer. Il découvre aussi la démesure de l’univers d’Oudaï - ses femmes faciles, ses voitures de course, et l’argent qui coule à flot. Mais il lui faut surtout savoir à qui il peut accorder sa confiance, dans un monde où la moindre erreur de jugement peut s’avérer fatale. Il comprendra bientôt qu’il ne peut compter que sur Sarrab, concubine d’Oudaï, pour l’aider à sortir de ce cauchemar…
Notre avis : Depuis son remarquable premier long métrage L’âme des guerriers, le savoir-faire du réalisateur néo-zélandais n’a cessé de décliner pour se mettre au service de producteurs moins avides d’ambitions artistiques que de retombées économiques (que ce soit Meurs un autre jour, le 20ème James Bond qui a le mérite d’avoir stoppé l’hémorragie Pierce Brosnan, ou Next, l’énième daube explosive avec Nicolas Cage depuis Les ailes de l’enfer). À tel point qu’aucun distributeur ne s’est bousculé au portillon pour le diffuser sur le territoire français ; en revanche, une sortie en direct-to-video est prévue chez bac pour le début du mois de mai...
Lee Tamahori se complaît toujours autant dans la surenchère avec cette adaptation du récit autobiographique de Yahia Oudaï, copie conforme du rejeton aîné de Saddam Hussein. Aux antipodes de Kagemusha, l’ombre du guerrier de Kurosawa, référence flagrante pour ce qui est de la thématique de la doublure rarement vue à l’écran, The devil’s double prêche par excès, côtoyant inlassablement l’opulence matérielle traitée dans le cultissime Scarface vers lequel il lorgne sans vergogne, mais pour un résultat plus superficiel et tendancieux, voire gratuitement provocateur, comme lors de cette scène au cours de laquelle Oudaï étripe en public un ami de son père.
Passé presque inaperçu, le nouveau Tamahori se révèle bizarroïde à bien des égards. À commencer par l’ensemble des nationalités présentes sur ce projet créatif insensé tenant tout bonnement du miracle, dont la maison de production d’origine belge ! Quant au fond, il est à prendre avec des pincettes puisqu’il émane du principal intéressé. The devil’s double s’inscrit néanmoins dans l’air du temps, à l’heure où les morts de Ben Laden et de Kadhafi continuent à semer le doute du fait de l’existence de nombreux sosies. On l’a compris, Lee Tamahori se satisfait du minimum syndical, à l’image de Ludivine Sagnier en potiche de service. Heureusement, ce serait sans compter sur Dominic Cooper qui porte le film à lui tout seul. Par moments, à force de se démener comme un beau diable, il réussit à créer la confusion entre les deux personnages antinomiques qu’il incarne. De quoi faire perdre la tête au spectateur qui n’avait plus vu une telle frénésie schizophrène depuis le renversant Volte/Face...
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