In the Fog
Le 23 décembre 2021
Succession des vignettes fragmentées, The Cloud in Her Room constitue un journal intimiste et impressionniste audacieux, mais qui cultive trop son mystère pour permettre à l’émotion de poindre chez son spectateur.
- Réalisateur : Zheng Lu Xinyuan
- Acteurs : Jin Jing, Chen Zhou, Ye Hongming, Dong Kangning
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Chinois
- Distributeur : Norte Distribution
- Durée : 1h41mn
- Titre original : 她房间里的云
- Date de sortie : 22 décembre 2021
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Résumé : C’est un hiver humide à Hangzhou, Muzi rentre pour le nouvel an lunaire. L’ancien appartement de ses parents est toujours là. Un lit, une chaise abandonnée, une fenêtre abimée – les restes d’une relation qui a évolué. Son père a fondé une nouvelle famille, sa mère est en couple avec un étranger ; Muzi replonge dans ses souvenirs et tente de trouver des repères dans cette ville si familière et pourtant si changée. La jeune femme est tiraillée entre passé et présent, entre la fuite et l’éternel retour.
- Copyright : Norte Distribution
Critique : Récompensé par le Tigre d’or à l’édition 2020 du festival de Rotterdam, le premier long-métrage de la jeune réalisatrice chinoise Zheng Lu Xinyuan brosse le portrait onirique d’une étudiante de vingt-deux ans, qui s’avère être son double fictionnel. Évanescente, la jeune femme navigue entre les lieux et les êtres, durant un hiver pluvieux dont il semble qu’il ne finira jamais, sans que le spectateur ne comprenne toujours les relations qui se font et se défont devant ses yeux.
Le récit, minimaliste et elliptique, s’affranchit des codes narratifs traditionnels en juxtaposant, comme autant de fragments de vie, des saynètes parfois documentaires qui ne s’articulent pas toujours entre elles. Car The Cloud in Her Room met en scène le spleen diffus de la bourgeoisie intellectuelle chinoise. Mais à trop vouloir illustrer le vague à l’âme de son héroïne, le film sombre parfois dans une certaine nébulosité, qui tient le spectateur à distance.
- Copyright : Norte Distribution
Cette chronique des errances de la jeunesse et de l’entrée dans l’âge adulte est également l’occasion pour sa réalisatrice de filmer sa ville natale, Hangzhou, au sud de Shanghai : naguère considérée comme la plus belle ville de Chine, désormais en pleine mutation urbaine, la mégalopole est montrée comme un no man’s land où errent des figures fantomatiques, de tunnels infinis en immeubles interchangeables.
Le tableau de la ville est toutefois surtout le reflet des tourments sentimentaux de son héroïne. Et, si le film opère un constant aller-retour entre réel et rêverie, présent et passé, fantasmes et expériences, il vire au réalisme cru dès lors qu’il est question du désir féminin et de l’attraction entre les corps, traité de manière très frontale.
- Copyright : Norte Distribution
Zheng Lu Xinyuan réussit à faire un usage réussi d’un format, la vidéo en noir et blanc, qui pourrait paraître difficile, mais elle se complaît dans des audaces formelles ponctuelles qui se déclinent en autant d’expérimentations visuelles arty : caméra immergée, solarisation, plans en négatif ou en infrarouge… Celles-ci, censées rendre compte des images mentales de l’héroïne, ne sont pas toujours parfaitement abouties et ne percent le brouillard dans lequel baigne le film qu’à des rares occasions.
Une exposition des photos de Zheng Lu Xinyuan se tient dans le hall du Saint-André-des-Arts à Paris, où le film est projeté.
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