Le 10 novembre 2020
Une ambiance naïvement désuète pour tenter de sensibiliser les lecteurs aux dangers et aux difficultés du monde de la littérature d’aujourd’hui.
- Réalisateur : Isabel Coixet
- Acteurs : Patricia Clarkson, Bill Nighy, Emily Mortimer, James Lance
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique, Espagnol
- Distributeur : Septième Factory
- Durée : 1h53mn
- Date télé : 10 novembre 2020 13:40
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 19 décembre 2018
- Festival : Arras Film Festival 2018
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Résumé : A Hardborough une bourgade du nord de l’Angleterre, en 1959 la vie suit tranquillement son cours, jusqu’au jour où Florence Green, décide de racheter The Old House, une bâtisse désaffectée pour y ouvrir sa librairie. Cela ne plaît pas à tout le monde, et en particulier aux notables du coin. Lorsque la libraire se met à vendre le sulfureux roman de Nabokov, Lolita, la communauté sort soudain de sa torpeur et manifeste une férocité insoupçonnée.
Critique : Isabelle Coixet est l’une des réalisatrices catalanes les plus reconnues. Elle s’est fait connaître de la scène internationale en 2003 avec le sobre et délicat Ma vie sans moi. La plupart de ces films sont centrés autour de femmes aux destins dramatiques. En 2018, elle est la réalisatrice à avoir obtenu le plus de prix Goyas (la plus haute récompense du cinéma espagnol) de toute l’histoire. Elle vient d’ailleurs d’en recevoir trois (celui du meilleur film, de la meilleure réalisation et de la meilleure adaptation de scénario) pour The bookshop, plaidoyer en faveur de la littérature qu devrait essentiellement séduire les amateurs de non-dits et de rythme lent générateurs d’une lénifiante monotonie.
- Copyright Aidan Monaghan/Capelight Pictures
Florence (Emily Mortimer), jeune femme naïve, douce et idéaliste, veuve de surcroît vient de s’installer dans ce village d’une Angleterre d’après-guerre au décor de carte postale. Dans le seul but d’améliorer la vie spirituelle de ses habitants et leur faire partager cette passion des livres qui est la sienne, elle envisage d’ouvrir une librairie dans un local qui ne semble intéresser personne. Mais c’est sans compter sur la hargne virulente de Violet Gamart (Patricia Clarkson) et de ses amis haut placés qui entendent bien continuer à régner sur la population locale et à surtout ne pas se laisser imposer des projets dont ils ne sont pas les initiateurs. Malgré les apparences, la jeune femme trop crédule et la sorcière trop méchante ne sont pas les héroïnes d’un conte de fée. Afin d’établir la critique d’une société bureaucratique inculte plus attirée par l’argent et la rivalité que par la beauté de l’art, et ainsi destructrice des vertus éducatives et thérapeutiques de la culture, l’histoire se fait le miroir d’une lutte inégale entre une jeune femme seulement armée de sa bonne volonté et sa détermination et quelques notables qui, détenteurs du pouvoir le détournent au profit d’intérêts personnels ou financiers plutôt que de le mettre au service de la communauté. Le traitement manichéen, additionné d’un éclairage plutôt flou sur les raisons d’une animosité inextinguible, noie les personnages dans une superficialité propre à anéantir tout espoir d’empathie. La réalisation au classicisme parfait s’ingénie à nous rassasier d’images chic et pas du tout choc de paysages merveilleux et d’intérieurs délicats mais n’envisage que rarement de nous dévoiler quelques instants de profondeur.
- Copyright Aidan Monaghan/Capelight Pictures
Les comédiens déploient pourtant des trésors d’énergie pour donner vie à leur personnage. A coups de battements de cils et de tressaillements de la voix, Emily Mortimer nous convainc sans peine de la niaiserie de cette pauvre Florence au projet bafoué, tandis qu’avec un bel enthousiasme la parfaite Patricia Clarkson endosse le costume de la perfide pimbêche qu’elle n’oublie pas d’orner d’un éternel sourire à la bienveillance toute feinte. Bill Nighy, touchant dans ce rôle de propriétaire terrien cultivé mais replié sur lui-même, apporte enfin la touche d’humanité que l’on espère voir apparaître depuis le début du récit. Quant à la jeune Christine (Honor Kneafsey), sa vivacité et sa clairvoyance corrigent allégrement les effets pervers de l’odieux Milo North. (James Lance)
Si un casting judicieux et une direction d’acteurs maîtrisée dopent d’une vivacité inespérée ce récit languissant et suranné, l’ambiance convenue dans lequel il baigne coupe court à tout élan du cœur.
- Copyright Septième Factory
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