Le 26 juin 2020
Tennessee Williams a entretenu une histoire tumultueuse avec le grand écran, plus particulièrement avec Hollywood et ses stars. Tennessee Williams, l’écran sauvage de Séverine Danflous, sublime essai à la photographie très riche, revient sur ce "Je t’aime, moi non plus" entre le dramaturge et le cinéma.
- Auteur : Séverine Danflous
- Editeur : Marest éditeur
- Genre : Essai, Cinéma
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 26 mai 2020
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Critique : Tennessee Williams, l’écran sauvage est un choix de titre qui interroge d’emblée. Par "écran", nous comprenons que Séverine Danflous, l’auteure de cet essai, va nous parler des liens étroits entre le dramaturge Tennessee Williams (1911-1983) et le septième art. En effet, nombre de ses pièces ont bénéficié d’une adaptation cinématographique, et étant donné qu’il avait la plume prolifique, toutes ne furent pas des succès, tant sur le plan critique que sur celui de l’accueil du public. Hollywood a désiré Tennessee Williams, mais ce dernier n’a pas toujours été chouchouté par toute une industrie. Par "sauvage", ce sont les thématiques inhérentes à Tennessee Williams, ce Shakespeare du "Deep South" (le sud profond des Etats-Unis où il est né, plus précisément dans le Mississippi), qui sont abordées, à travers leur retranscription sur pellicule. Les sujets privilégiés de l’auteur émanent de son propre rapport à la sexualité (il a eu plusieurs compagnons), à la psychiatrie (il présentait des troubles diagnostiqués), ou encore à l’alcool (qui va accélérer le déclin de sa carrière). Mais il nous livre également la vision qu’il avait de son temps. Tennessee Williams fonctionne à l’instinct, à l’instant, à l’intuition (normal, me direz-vous pour celui qui se surnommait lui-même "le vieux crocodile"). Il en va ainsi également pour ses personnages incarnés par des acteurs et actrices de premier plan.
On retrouve une quête d’ailleurs jamais assouvie chez les personnages de l’écrivain. Val (Marlon Brando) dans L’Homme à la peau de serpent de Sidney Lumet (1960), cherche à fuir le Mississippi (curieux hasard, non ?), mais ne peut échapper à son "fatum", et c’est l’inertie qui lui échoit. Les personnages de Tennessee Williams sont des antihéros, par leur non-appartenance à la norme, à savoir qu’ils semblent être des funambules voués à une chute certaine. La sauvagerie est mise en exergue avec un rapport étroit entre le prédateur et sa proie : si le prédateur est masculin dans Soudain l’été dernier de Joseph L. Mankiewicz (1959), il peut être féminin comme dans La Chatte sur un toit brûlant de Richard Brooks (1958). Le travail sur les costumes est largement développé : ils sont révélateurs de personnalité, de pureté intacte ou perdue, ou un signe de distinction sociale. Vivien Leigh, jouant Blanche, est ainsi vêtue de blanc, dans Un tramway nommé Désir de Elia Kazan (1951). Les films sont le plus souvent tournés en huis clos et renforcent un caractère étouffant rappelant la moiteur palpable de ce sud des Etats-Unis où s’ancrent la dramaturgie et les scénarios de Tennessee Williams. Exister dans la marge, qu’elle soit sexuelle, névrotique, physique, ou économique, est l’interrogation principale parcourant l’ensemble du très bel essai Tennessee Williams, l’écran sauvage de Séverine Danflous.
Séverine Danflous - Tennessee Williams, l’écran sauvage
MAREST éditeur
20 x 26 cm
224 pages
27 euros
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