Le 6 juillet 2021
- Dessinateur : Zuzu
- Genre : Chronique sociale, Roman graphique
- Editeur : Casterman
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 16 juin 2021
Une petite tranche de vie de jeune adulte à l’italienne ?
Résumé : Si Zuzu vit sa vie avec ses deux meilleurs amis, Dario et Ricca, elle, n’oublie pas pour autant le parasite qui la ronge de l’intérieur, l’obligeant à aller vomir pour ne pas grossir. Alors lorsqu’un membre du trio propose d’aller faire une course en montagne à la poursuite d’un fromage, cassant le train-train de leurs vies, elle n’hésite pas et dit oui…
Depuis Trainspotting, on sait que la vie des jeunes adultes paumés peut être non seulement fascinante, mais aussi poétique. Pas de drogue dure dans ce roman graphique, pourtant lui aussi percutant, notamment pas son dessin (mais nous y reviendrons), pas de grandes blessures, sinon apparentes, mais plutôt des bouleversements du quotidien, celui d’aujourd’hui : rupture, coming out, avenir flou, présent futile, drague et enfin, course poursuite d’un fromage… Même si le dernier élément vient apporter une touche comique, l’ensemble propose des images pathétiques, de ce sentiment profond d’empathie qui fait dire « cela pourrait ou aurait pu être moi » de manière amicale et sincère. La vie de ces trois italiens pourrait être celle d’un trio partout dans le monde tant manger des pizzas, vivoter et picoler ressemble à un début d’âge adulte universel, et si l’on rajoute un souci d’ordre psychologique par rapport à son image, son reflet, il y a là de quoi toucher des millions de lecteurs et lectrices de par le monde. Bref, Zuzu parle, touche, remue et se retrouve propulsé sur un plateau doré pour faire goûter un sentiment, une époque, une atmosphère.
Zuzu / Casterman
Tout cela, le style graphique le confirme, puisqu’il va lui aussi prendre aux tripes. Pour être franc, d’entrée, les personnages difformes, les quelques plans assez repoussants sur les entrailles justement, font peser une ambiance tendue, déroutante car grotesque, sur ce trio qui va heureusement et rapidement s’avérer attendrissant. Le mal-être profond provient probablement de l’aspect d’autofiction généré par Zuzu pour son personnage, dont le regard noir était dès le départ un choix assumé, comme si la mise en distance avec le lecteur devait se faire dès le début de l’album. Cette distance s’effrite peu à peu et ramène au final le lecteur à une empathie profonde pour le personnage principal – ainsi qu’à un degré moindre pour les deux acolytes – faisant ainsi converger le style au service de la narration, plutôt que de l’en éloigner comme ce fut le cas dans les premières pages.
Zuzu / Casterman
D’allure inédite, avec son style entre farce et horreur, Cheese est bel et bien une œuvre de son temps, un de ces romans graphiques sans concession et qui ne veut rien taire, tout faire hurler, même le quotidien, la déprime et l’absence de chemin.
274 pages - 23 €
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Galerie photos
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