Le 24 septembre 2017


- Réalisateur : Ali Soozandeh
- Acteurs : Arash Marandi, Elmira Rafizadeh, Zahr Amir Ebrahimi, Negar Nasseri
- Titre original : Tehran Taboo
- Distributeur : ARP Sélection
- Genre : Drame, Animation
- Nationalité : Allemand, Autrichien
- Date de sortie : 4 octobre 2017
- Durée : 1h36mn
- Titre original : Tehran Taboo
- Festival : Festival de Cannes 2017
Un film d’animation singulier, qui met en lumière l’absurdité du rigorisme politique et religieux de l’Iran.
Résumé : Téhéran : une société schizophrène dans laquelle le sexe, la corruption, la prostitution et la drogue coexistent avec les interdits religieux. Dans cette métropole grouillante, trois femmes de caractère et un jeune musicien tentent de s’émanciper en brisant les tabous.
Notre avis : Ils sont de plus en plus nombreux, ces films extra-européens engagés contre les dictatures politico-religieuses qui gangrènent l’Orient tout entier. Du Wadjda d’Haifaa al-Mansour au Ceci n’est pas un film de Jafar Panahi en passant par le Timbuktu d’Abderrahmane Sissako, le continent africain tend à se libérer, lentement mais sûrement, de ses lourdes chaînes culturelles, et ce malgré le terrorisme et le radicalisme islamiste.
Présenté à la Semaine de la Critique du dernier Festival de Cannes, Téhéran Tabou se fait une place parmi ces films rares et cependant de plus en répandus qui luttent et militent ouvertement pour la brisure des tabous. En témoigne le titre de ce long-métrage d’animation, audacieux aussi bien sur la forme que le fond.
- Copyright ARP Sélection
Depuis quelques années maintenant, le cinéma d’animation en lien avec l’Iran se fait une place de choix sur les tapis rouge et dans les salles obscures. En tête de fil, Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud. Si les artistes d’animation travaillent à l’étranger, c’est parce qu’il est de plus en plus difficile de tourner en Iran – et encore plus lorsque le film que l’on souhaite traite ouvertement des problèmes de société. Encore une fois, tout est tabou. Tout doit être caché. C’est pourquoi le réalisateur Ali Soozandeh a eu recours à la technique de rotoscopie – qui consiste à filmer des acteurs sur un fond vert en studio et ensuite à ajouter les décors puis le dessin des personnages – afin de conserver le plus de réalisme possible. Preuve du désir du cinéaste à faire un film réaliste malgré son recours à l’animation.
- Copyright ARP Sélection
Comme son titre l’indique, Téhéran Tabou est un film sur les tabous qui musèlent la société iranienne, mais se concentre plus spécifiquement sur ceux de la sexualité, à travers les destins croisés d’hommes et femmes victimes de toutes les oppressions de la société. On y suit le parcours d’une prostituée qui se bat de toutes ses forces pour que son fils soit scolarisé ; celui d’une jeune femme mariée qui souhaite s’émanciper de sa misérable existence de femme au foyer ; et enfin le destin d’une jeune fille promise par son père à un jeune homme de bonne famille mais qui se fait voler sa virginité par un amant de passage avant la cérémonie.
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Toutes les thématiques sont posées dès les premières séquences : les restrictions de la loi, de la religion et de l’éducation et la lutte des femmes contre l’oppression du patriarcat. Cependant, si les femmes sont les premières victimes de cette dictature socio-politico-religieuse, les hommes souffrent aussi de ne pouvoir vivre leur vie comme ils l’entendent. Il en va de l’honneur de la famille. Un jeune musicien ne peut faire découvrir sa musique au public, un autre dissimule son désir de s’épanouir dans sa sexualité.
Tous ces personnages, qui souhaitent simplement mener une vie normale, sont de fait condamnés à subir leur existence plus qu’à la vivre pleinement. À tel point que leurs silhouettes semblent être celles de fantômes qui, par moments, disparaissent dans l’arrière-plan, dévorés par les restrictions absurdes de leur culture, de ville et pays, et auxquels les Iraniens se conforment en silence et en souffrance.