A very bad Toy Story
Le 23 juin 2020
Ted est à la fois la première comédie en chair et en mousse du papa des Griffin, et la seule peluche – mis à part les immondes Bisounours - susceptible d’attraper des maladies honteuses. Inégal, mais le film mérite un détour.
- Réalisateur : Seth MacFarlane
- Acteurs : Mark Wahlberg, Mila Kunis, Seth MacFarlane
- Genre : Comédie
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 1h47mn
- Date télé : 15 juillet 2020 22:20
- Chaîne : RTL 9
- Titre original : Ted
- Date de sortie : 10 octobre 2012
Résumé : À 8 ans, le petit John Bennett fit le voeu que son ours en peluche de Noël s’anime et devienne son meilleur ami pour la vie, et il vit son voeu exaucé. Presque 30 ans plus tard, l’histoire n’a plus vraiment les allures d’un conte de Noël. L’omniprésence de Ted aux côtés de John pèse lourdement sur sa relation amoureuse avec Lori. Bien que patiente, Lori voit en cette amitié exclusive, consistant principalement à boire des bières et fumer de l’herbe devant des programmes télé plus ringards les uns que les autres, un handicap pour John qui le confine à l’enfance, l’empêche de réussir professionnellement et de réellement s’investir dans leur couple. Déchiré entre son amour pour Lori et sa loyauté envers Ted, John lutte pour devenir enfin un homme, un vrai !
Ted est à la fois la première comédie en chair et en mousse du papa des Griffin, et la seule peluche –mis à part les immondes Bisounours - susceptible d’attraper des maladies honteuses. D’ailleurs, pour des questions d’hygiène mentale, vous serez priés de laissez vos souvenirs d’enfance à l’entrée de la salle.
Critique : Parce qu’il trouvait certainement que les Simpsons manquaient de pédophiles et de drogue dure, Seth McFarlane est entré par effraction à la télévision en 1999, avec Family Guy (aka Les Griffin) sous le bras. Douze ans et trois autres séries après (dont l’immense American Dad), l’animal a bien compris que la pop culture américaine aime l’amour qui fait boum, et que la mère-patrie tend à couronner systématiquement ceux qui remuent la médiocrité de ses ouailles directement à la sonde gastrique. Aujourd’hui, alors qu’il s’apprête à sortir chez nous un film qu’il a écrit, réalisé, produit, doublé, et d’ores et déjà propulsé aux plus hauts échelons du box-office yankee (atteignant même des records pour un objet classé R), nous sommes toujours incapables de séparer le comique assassin de l’opportuniste complet chez MacFarlane. C’est très certainement un signe de talent.
- Universal Pictures International France
Ted donc, comme les autres bébés de family Seth, est un film qui se met d’entrée de jeu au niveau de votre canapé, et banalise rapidement le phénomène de l’ours jacteur avec tout le savoir-faire d’un type qui a déjà employé des bébés psychopathes, des chiens surdoués et des poissons-rouges parlants pour articuler ce qu’on préférerait tous garder entre quatre murs ou deux neurones. Parce qu’avec sa dégaine d’Indien du placard épris de marie-jeanne, de Flash Gordon et d’amour tarifé, Ted n’est pas seulement un doudou pervers, mais surtout l’excroissance rembourrée de l’adulescence d’un John Bennett par ailleurs aussi incolore que le jeu de Mark Wahlberg. Voilà donc où s’arrête le sous-texte du film, et où commence la fête.
- Universal Pictures International France
Oui, il y a quelque chose de reptilien là-dedans, mais voir un ours sauvage mimer une levrette devant une caissière, fumer des sacs d’herbe étiquetée « mind rape », traîner avec des michetonneuses aux intestins fragiles, appeler « Susan Boyle » un enfant obèse et raconter à Norah Jones (oui) qu’il a déjà envoyé des lettres de protestation à Hasbro au sujet de son absence de vie, c’est forcément séduisant. McFarlane est un distributeur automatique de vannes définitives, à condition bien sûr qu’on ne tienne pas à voir son humour dépasser le niveau génital ou la langue de pute.(Ted surjoue aussi le name dropping et le taquet référentiel). Ce n’est pas notre cas, et il nous aurait fait un très beau cadeau s’il n’avait pas cherché à emballer ses déferlantes avec le même type de papier rance qui avait jadis fait trébucher le très prometteur Mytho-Man de Ricky Gervais (The Invention of Lying en VO) dans la pauvre flaque de la comédie sentimentale à maman.
- Universal Pictures International France
Etrangement amortie par son script entre deux chaises, visiblement complexée par son format, la chose a des allures de repris de justice en entretien d’embauche. Certes, McFarlane n’a jamais été une référence transgressive, et préférera toujours montrer son derrière plutôt que ses opinions, mais l’incorrection n’est toujours pas soluble dans le lieu commun, qu’il s’agisse d’une love story auto-pilotée, d’une métaphore laborieuse sur les fantasmes régressifs de l’infra-mâle contemporain, ou d’une conclusion sous Prozac que nous avons choisi d’oublier. Etant donné le succès du film à domicile, Seth ne nous écoutera certainement pas, mais son second obus mériterait de conserver la sève résolue et les ascenseurs insensés de ses outrages télé. Cela dit, si vous avez toujours rêvé de voir une gonade de Lance Armstrong ou Sam J. Jones (Flash Gordon) se battre avec un Chinois à coups de canard pré-laqué, Ted mérite que vous passiez le voir.
- Universal Pictures International France
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Jean-Patrick Géraud 23 mars 2013
Ted - Seth MacFarlane - critique
Bien d’accord avec cette critique. Question rythme, je trouve que le film fonctionne bien dans les 45 premières minutes, grâce à ses dialogues énergiques. Après, le scénario se prend au sérieux et évolue vers une histoire d’amour mollassonne.