Le 26 mars 2019
Là où on attendait du cinéaste hongrois László Nemes la même puissance que son premier long-métrage, le film faillit désespérément dans une succession de séquences, peu ou pas convaincantes, dont on peine à trouver un fil conducteur.
- Réalisateur : László Nemes
- Acteurs : Vlad Ivanov, Juli Jakab, Evelin Dobos
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Hongrois
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 2h21mn
- Date de sortie : 20 mars 2019
- Festival : Festival de Venise 2018, Festival de Toronto 2018
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Résumé : 1913, au cœur de l’empire austro-hongrois. Irisz Leiter revient à Budapest après avoir passé son enfance dans un orphelinat. Son rêve de travailler dans le célèbre magasin de chapeaux, autrefois tenu par ses parents, est brutalement brisé par Oszkar Brill le nouveau propriétaire. Lorsqu’Írisz apprend qu’elle a un frère dont elle ne sait rien, elle cherche à clarifier les mystères de son passé. A la veille de la guerre, cette quête sur ses origines familiales va entraîner Irisz dans les méandres d’un monde au bord du chaos.
Notre avis : Il est encore difficile d’imaginer que l’un des conflits les plus sanguinaires dans l’Histoire de l’humanité, a fortiori de l’Europe, ait été déclenché par l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand et de sa femme la duchesse de Hohenberg en 1914. C’est sans doute l’ambition de László Nemes que de faire se rencontrer, dans son second long-métrage, deux histoires : celle de la jeune Irisz Leiter, revenue sur les traces du magasin de chapeaux de ses parents décédés, et celle d’une guerre immense qui se prépare, où il est tout autant question de revendications nationalistes que du besoin désespéré des classes laborieuses d’accéder à une vie décente.
- © Laokoon Filmgroup - Playtime Production 2018
Il est beaucoup question de chapeaux dans ce film. La première séquence s’ouvre d’ailleurs sur le visage d’Irisz qui se prête à l’essayage de coiffes plus incroyables les unes que les autres. Jusqu’au moment où elle fait entendre qu’elle n’est pas l’aristocrate qu’on voudrait qu’elle soit, mais la fille des anciens propriétaires du magasin où elle voudrait elle-même travailler. A partir de ce moment, la caméra, tenue à l’épaule, ne lâchera plus le visage ou la nuque de la jeune femme, dont on ne sait si la façon dont elle est filmée constitue le fil du récit, ou, plus trivialement, si elle n’est pas l’expression amoureuse toute entière du réalisateur pour sa nouvelle muse.
- © Laokoon Filmgroup - Playtime Production 2018
Il est complexe de créer une œuvre après avoir offert au public l’inoubliable Le fils de Saül, dont on a encore à l’esprit les images pesantes de douleur et de courage, dans les camps polonais de la mort. Le cinéaste s’essaye de nouveau à une page terrible de l’Histoire du monde. Il emprunte le destin tout à fait particulier de cette jeune femme, orpheline, dont on pressent que le magasin lui a été dérobé. Elle apprend qu’elle a un frère caché qui appartient à des milices nationalistes, ou du moins, c’est ce qui paraît lisible dans le scénario. En réalité, le film s’égare dans une série de séquences, dont le spectateur ne parvient pas toujours à cerner la logique et le sens. Les sons hétéroclites fusent de partout, comme pour mieux marquer la violence d’une époque dont on peine à percevoir les ressorts dramatiques.
- © Laokoon Filmgroup - Playtime Production 2018
Sunset n’a pas l’entrain, la force du premier long-métrage de Nemes. Le propos semble démesurément long et le spectateur peine à rester concentré pendant plus de deux heures. Le film souffre apparemment d’un manque de moyens. En effet, les lumières, d’un jaune foncé, omniprésentes d’un bout à l’autre du récit, les quelques regroupements de comédiens et de figurants pour donner corps à la violence sociale, les plans sur des rues, semblables à des peintures romantiques, ne suffisent pas à recréer la complexité de l’avant-guerre et à dissimuler les carences du scénario. Hélas, le film au sujet pourtant passionnant passe à côté de son projet, comme si le cinéaste avait lui-même failli à la seule irradiation sensuelle de son actrice principale.
- © Laokoon Filmgroup - Playtime Production 2018
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