Le 26 juillet 2022
Tenant à la fois du film contemplatif et du suspense psychologique et policier, ce long métrage de Michel Franco est un séduisant jeu de piste, magnifié par le jeu de Tim Roth.
- Réalisateur : Michel Franco
- Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Tim Roth, Iazua Larios, Henry Goodman, Samuel Bottomley, Albertine Kotting McMillan, James Tarpey
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Français, Suédois, Mexicain
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h23mn
- Date télé : 26 septembre 2023 21:00
- Chaîne : OCS Pulp
- Date de sortie : 27 juillet 2022
- Festival : Festival de Venise 2021
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Une riche famille anglaise passe de luxueuses vacances à Acapulco quand l’annonce d’un décès les force à rentrer d’urgence à Londres. Au moment d’embarquer, Neil affirme qu’il a oublié son passeport dans sa chambre d’hôtel. En sortant de l’aéroport, il demande à un taxi de le déposer dans l’hôtel de son choix et se retrouve dans une modeste pension d’Acapulco...
Critique : Réalisateur et producteur mexicain, Michel Franco est l’auteur d’une œuvre cohérente qui connaît avec Sundown une forme d’aboutissement. Présenté au Festival de Venise 2021, son film a l’apparence trompeuse d’une coproduction internationale balisée. Le cadre estival de son récit (les hôtels et plages touristiques d’Acapulco) pourrait en effet laisser penser à un métrage formaté, sorti de surcroît en salle à une période de l’année où le spectateur pourrait rechercher de l’exotisme et du divertissement, avec un produit saisonnier semblant osciller, au vu de sa bande-annonce, entre L’année des méduses et L’étrange Monsieur Ripley. Et si Michel Franco avait vendu son âme avec une commande de producteur apte à élargir son audience ? Il n’en est rien, et il n’est pas sûr que le film cartonne en dehors des circuits art et essai, tant ses zones d’ombre et son récit à tiroirs pourront dérouter certains. Une chose est sûre : le spectateur exigeant ne pourra être que comblé par ce portrait d’un adulte sexagénaire qui abandonne sa famille à un moment inopportun pour satisfaire on ne sait quelles obsessions intérieures.
- © 2021 Common Ground Pictures. Tous droits réservés.
Ce personnage, par son obstination et sa psychologie difficile à cerner, est dans lignée de ceux ayant traversé l’œuvre de Franco. On songe au père de famille menant une vengeance disproportionnée dans Después de Lucía, à la mère surprotégeant sa fille dans Les filles d’Avril, ou à l’aide-soignant ambigu de Chronic, déjà interprété par Tim Roth. Sans jouer la carte du scénario malin, le cinéaste est brillant dans ses ruptures de ton, ses révélations surprenantes, et sa peinture sans concessions des rapports de classe, la narration opposant notamment le mode de vie bourgeois de la famille de Neal à l’existence plutôt précaire de la population locale. Au niveau du style, le réalisateur alterne avec bonheur le style contemplatif de certaines séquences (qui pourrait presque laisser penser aux scènes de plage de Mort à Venise), et des moments plus surprenants, notamment quand surgit la violence là on s’y attend le moins, suivant la trace du Hitchcock de Psychose.
- © 2021 Common Ground Pictures. Tous droits réservés.
Michel Franco a ainsi précisé sans le dossier de presse : « On vit avec la violence au quotidien au Mexique, et donc je ne peux pas l’exclure de ce que j’écris. Je pense que c’est insensé de voir à quel point nous normalisons la violence, nous l’acceptons – le moins que je puisse faire est de l’évoquer dans mon travail, de chercher à comprendre comment une société peut avancer en acceptant une telle violence (...) Les crimes et la violence font partie de la vie au Mexique – alors soit on va vivre ailleurs, soit on cherche à comprendre. En tant qu’auteur, je me dois d’étudier cette réalité ». Il faut aussi louer le travail des collaborateurs artistiques et techniques, dont le directeur photo Yves Cape qui parvient à donner au métrage une texture visuelle particulière, notamment pour les scènes qui utilisent le décor naturel de la mer et du sable. Quant à l’interprétation, si Tim Roth est admirable dans l’introversion et le minimalisme de jeu, ses partenaires ne déméritent pas, à commencer par Charlotte Gainsbourg, dans un second rôle nuancé et emblématique. Cette coproduction anglo-mexicaine est donc une réussite hautement recommandable.
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.