Pour notre Mère Russie !
Le 9 septembre 2014
Cette nouvelle relecture de la sanglante bataille de Stalingrad côté russe ne possède pas les arguments du grand film épique attendu. L’hommage aux victimes du conflit laisse rapidement place aux bourdonnements d’une machinerie patriotique...
- Réalisateur : Fedor Bondarchuk
- Acteurs : Thomas Kretschmann, Pyotr Fyodorov, Yanina Studilina, Mariya Smolnikova
- Genre : Drame, Historique, Film de guerre, Inédit (salle, vidéo)
- Nationalité : Russe
- Editeur vidéo : Sony Pictures Home Entertainment
- Durée : 2h11mn
- Date télé : 27 novembre 2020 22:20
- Chaîne : OCS Choc
L'a vu
Veut le voir
– Date de sortie en Blu-ray : 10 septembre 2014
Cette nouvelle relecture de la sanglante bataille de Stalingrad côté russe ne possède pas les arguments du grand film épique attendu. L’hommage aux victimes du conflit laisse rapidement place aux bourdonnements d’une machinerie patriotique...
L’argument : Dans une ville dévastée par l’armée allemande, des soldats russes déterminés se battent pour maintenir leur position dans un immeuble stratégique et se lient d’amitié avec une compatriote.
Notre avis : La bataille de Stalingrad a déjà fait l’objet de plusieurs visions de cinéma : tout le monde se souvient du duel épique entre deux snipers dans les décombres de la ville, filmé par Jean-Jacques Annaud en 2001 alors que déjà neuf ans auparavant, en 1992, le Teuton Joseph Vilsmaier nous invitait à une plongée dans l’horreur du conflit avec dureté et réalisme du côté allemand.
À l’occasion des 70 ans de la bataille, le cinéma russe délivre sa relecture par Fedor Bondarchuk (Le 9e Escadron, Battlestar Rebellion). Le film a connu un succès retentissant sur son territoire en 2013 en cumulant 52 M$ au box office local, sans compter que la grosse production au budget conséquent de 30 M$ se signale comme le premier film tourné entièrement en 3D par le cinéma russe.
Nous voilà prêt à embarquer pour une fresque guerrière esthétisante d’un peu plus de deux heures sous le commandement de Fedor Bondarchuk. Le film débute au Japon dans la tourmente des dégâts occasionnés par le tsunami de 2011. Les secours affluent du monde entier (mais surtout du pays de Poutine... Bonjour le message !) pour venir en aide aux victimes jusqu’à ce que la caméra s’attarde sur un sauveteur russe qui décide de relater à une jeune fille coincée sous les décombres l’histoire insolite de ceux qu’il considère comme ses cinq pères. Nous sommes alors replongés en 1942 sur la Volga, à quelques pas d’un conflit urbain qui fit couler le sang des mois durant (le spectateur est immergé au cœur de la bataille sans qu’il lui soit fourni beaucoup de détails sur le contexte historique de l’époque). Dans une ambiance quasi post apocalyptique façonnée autour d’un ciel orangé par les bombes incendiaires, de débris de bâtiments en pagaille, d’une pluie de cendres et d’obus qui tonnent au dessus des têtes, l’affrontement entre soldats russes et allemands atteint son paroxysme à Stalingrad.
Le réalisateur semble vouloir tout miser sur un visuel léché garni d’effets spéciaux bien propres (au vu de la qualité des décors, on imagine aisément le gros travail effectué en post production), recherchant tant bien que mal la touche de réalisme attendue lors d’une grande bataille historique. Ici, la surenchère d’effets et de ralentis ne prend pas toujours et surtout ne parvient pas à faire oublier les faiblesses d’un scénario peu attractif organisé autour des prémices de deux amourettes qui peinent à trouver l’inspiration. Une fois la scène de bataille d’ouverture terminée, le récit s’éternise sur cinq soldats russes qui feront la connaissance de Katya (Mariya Smolnikova), jeune femme atteinte de plein fouet par la guerre, et qui se refuse à quitter son domicile malgré les balles. Elle apprend à connaître ses protecteurs jusqu’à laisser s’installer un attachement tout particulier pour chacun d’entre eux (une relation qui apparaît assez froide et distante à l’écran). Derrière les lignes ennemies, le capitaine Kahn (Thomas Kretschmann qui trouve le ton juste en officier de la Wehrmacht) tombe sous le charme de Masha (Yanina Studilina), jolie blonde citoyenne de Stalingrad qui lui rappelle sa femme décédée (une relation très ambigüe qui débute par des viols...). C’est à ce gradé allemand que revient la tâche de conduire l’assaut contre le bâtiment tenu par les cinq soldats russes.
Production russe oblige, le parti pris tend évidemment vers la mise en avant des actes de bravoure de l’Armée rouge (la séquence tout bonnement grotesque et surréaliste de soldats russes en flammes venant percer les lignes allemandes est là pour nous le faire remarquer avec beaucoup de subtilité...). On ressent cette volonté de restaurer une certaine grandeur russe vis-à-vis de l’envahisseur étranger. La résistance des soldats de Staline y est souvent glorifiée et le sacrifice pour la mère patrie pue l’héroïsme préfabriqué à plein nez. Paradoxalement, en jouant la carte du sentimentalisme dans les deux camps, le film ne cède pas avec outrage dans le manichéisme trop mal placé.
Pour conclure, il y a fort à parier que beaucoup ne tomberont pas sous le charme de ce Stalingrad version 2013 avec son allure de grosse machine patriotique au message un peu lourd, et ce, en dépit d’un soin tout particulier apporté aux décors des rues et autres bâtisses en ruine.
LE TEST BLU-RAY :
Sur le plan technique cette édition Blu-ray nous a séduit, ce qui n’est malheureusement pas le cas de la partie bonus.
Les suppléments :
Les bonus de l’édition sont maigres : nous avons droit à un making-of de 12 petites minutes en compagnie des acteurs, de l’équipe du film et du réalisateur Fedor Bondarchuk. Nous n’y apprendrons pas grand chose d’intéressant, tout le monde s’y félicite sur fond de quelques images de tournage. Plutôt décevant. L’éditeur inclut également plusieurs bandes-annonces de ses futures sorties.
L’image :
Aucun défaut particulier à signaler pour cette œuvre récente aux textures fines et précises qui permettent d’apprécier les nombreux détails des décors. Les couleurs sont resplendissantes et les contrastes gérés à la perfection. Les lumières émanant du feu ou de lampes dans les scènes les plus sombres sont admirables.
Le son :
La palette se montre fort bien armée en piste sonore avec pas moins de six pistes disponibles dont deux DTS-HD 5.1. Le master audio anglais et allemand se montre très efficace avec une très belle répartition des bruits, tirs et autres explosions d’obus dans tout le salon. Le caisson est régulièrement sollicité pour nous en mettre plein les oreilles. Les autres pistes 5.1 françaises, russes, italiennes et espagnoles ne déméritent pas et offrent également leur lot de sons d’ambiance intéressants. Notons que le doublage français est plutôt correct et que la VO allemande a été conservée dans les dialogues des soldats de la Wehrmacht, ce qui permet de renforcer l’immersion du spectateur, d’autant plus que les acteurs concernés jouent juste (mention spéciale à Thomas Kretschmann).
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.