Explosion des cases du comics
Le 28 décembre 2020
Le superhéros en proie au doute. Raimi confirme, en mieux, dans un film qui évite clins d’œil consensuels et facilités scénaristiques. La classe.
- Réalisateur : Sam Raimi
- Acteurs : Tobey Maguire, Kirsten Dunst, Willem Dafoe, Bruce Campbell, Elizabeth Banks, Alfred Molina, James Franco, Dylan Baker, Daniel Gillies, J.K. Simmons, Bill Nunn, Rosemary Harris
- Genre : Fantastique, Action, Film de super-héros
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Gaumont Columbia Tristar Films
- Editeur vidéo : Gaumont/Columbia/Tristar Home Video
- Durée : 2h15mn
- Date télé : 18 janvier 2024 21:05
- Chaîne : TFX
- Date de sortie : 14 juillet 2004
- Voir le dossier : La saga "Spider-Man"
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Résumé : Écartelé entre son identité secrète de Spider-Man et sa vie d’étudiant, Peter Parker n’a pas réussi à garder celle qu’il aime, Mary Jane, qui est aujourd’hui comédienne et fréquente quelqu’un d’autre. Guidé par son seul sens du devoir, Peter vit désormais chacun de ses pouvoirs à la fois comme un don et comme une malédiction.
Critique : Il est amusant de constater que des cinéastes qui ont commencé par mettre en scène des fictions fauchées (Guillermo del Toro avec Cronos, Peter Jackson avec Bad taste et bien sûr, Sam Raimi avec Evil dead) dirigent aujourd’hui des blockbusters spectaculaires, d’une maîtrise technique proprement stupéfiante. Si le pire dans le registre de l’adaptation de comics est à venir (le très mauvais Hellboy), le meilleur est pour maintenant. Une fois n’est pas coutume, succombons aux délices du dithyrambe : Spider-Man 2 est la conjonction parfaite entre l’attente suscitée par le premier, le respect du comics originel et le divertissement populaire dans ce qu’il a de plus intelligent et excitant.
Si le premier volet (d’excellente facture) posait les bases d’une histoire aux enjeux dramatiques clairs, le second accueille le spectateur dans une ambiance connue mais greffe des éléments nouveaux qui viennent assombrir les aventures faussement guillerettes de Peter Parker, ado qui n’accepte vraiment pas de passer à l’âge adulte et de céder aux contingences tannantes de la vie de tous les jours. D’une part, il redevient myope et n’arrive plus à tisser comme avant, preuve qu’il perd progressivement le goût à la vie ; de l’autre, il échoue dans ses relations à la fois professionnelles et privées. Spider-Man, premier du nom, était une introduction formatée ; le second est plus torturé, une sorte d’auto-analyse doublée d’une réflexion sur la nature même du supe-rhéros. À ce titre, Sam Raimi, qui trouve ici une adéquate alternative entre frivolité et noirceur, n’hésite pas à mettre en avant l’identité morcelée de Parker qui se demande si, à force de sauver la veuve et l’orphelin, il n’est pas en train de passer à côté de sa vie à lui et de celle qu’il aime.
Dans un tumulte grouillant (complexe œdipien, histoire d’amour platonique, conflits intérieurs, vengeance, traque, peur de ne plus être soi-même...), les personnages gagnent en épaisseur dramatique et l’intrigue devient plus complexe. Cette profondeur, jadis moins palpable, atteint ici son summum en confrontant brutalement les protagonistes à leurs démons intérieurs, aux désirs qui les agitent secrètement, aux ambivalences souterraines, à la haine vengeresse qui détruit la raison... En contrepoids à ces sombres esquisses, se dessine une ligne de fuite roborative : des scènes d’action, euphorisantes et très impressionnantes. Ne lésinant point sur les effets, la mise en scène de Sam Raimi sait s’acclimater aux situations : sobre lorsqu’elle épouse la schizophrénie des personnages ; alerte quand elle s’occupe du bourrin. Doublement inventive.
À la barre d’une intrigue tourmentée, le réalisateur de Darkman ne cède pourtant pas à la dissertation psy même si ses dialogues sont parfois explicites. Parallèlement aux aventures du super-héros en proie au doute, il s’amuse à injecter quelques réminiscences fantastiques, à parsemer des allusions rigolotes (la chanson de Spider-Man reprise à toutes les sauces par une anonyme qui gagne à le rester, apparition de Bruce Campbell...), à peindre la maladresse de Parker avec une couche de vernis comique et absurde (une accumulation de malchance invraisemblable digne de la loi de Murphy), et surtout introduire un méchant très méchant, le docteur Octopus (Alfred Molina), plus convaincant et pernicieux que le bouffon vert (William Dafoe). En somme, Sam Raimi parvient à éviter clins d’œil consensuels et facilités scénaristiques, légions dans un genre comme celui-ci. Tout comme le premier, en mieux. Une réussite intégrale (quand le fond est le meilleur allié de la forme) qui confirme tout le bien qu’on pense du réalisateur, des acteurs, de la musique, des effets spéciaux... La classe, la vraie.
Le DVD
Les suppléments :
Grosse partie de cette édition collector, l’incroyable making of qui revient, durant plus de deux heures, sur tous les aspects de création de ce deuxième opus. Absolument toutes les phases (distribution, décors, effets spéciaux, cascades, etc.) de cette superproduction sont passées au crible sans pour autant se vautrer, comme c’est souvent le cas, dans l’autopromotion. C’est instructif et distrayant à la fois, grâce au cynisme désopilant de Monsieur Sam Raimi. Et si vous n’êtes pas rassasiés de tous ces secrets de fabrication, un autre documentaire de vingt-deux minutes est exclusivement consacré à la réalisation des tentacules de docteur Octopus, avec tous les tests effectués pour trouver le meilleur résultat. Saisissant. D’autres suppléments, tels qu’un bêtisier, un documentaire sur le personnage de Peter Parker, des bulles informatives pendant la vision du film ou les commentaires audio, présentent il est vrai moins d’intérêt.
La technique :
A grosse sortie DVD, grosse qualité technique derrière. L’image est d’une rare définition intégrant au mieux les nombreux effets spéciaux numériques (dont certains étaient jugés grossiers et lisses en salles). Le son, s’il ne dispose pas de piste DTS, mettra tout de même votre salon en ruine avec un excellent rendu du Dolby Digital 5.1, surtout lors de la fameuse séquence du métro.
Les détails techniques
– Edition 2 DVD
– Format image : 2.35
– Format vidéo : 16/9 compatible 4/3, couleur
– Audio : Dolby Digital français 5.1/2.0, anglais 5.1/2.0
– Sous-titres : français, anglais, arabe
– Chapitré
– Couleur
– Tous publics
Galerie photos
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