Toile confuse
Le 10 septembre 2003
David Cronenberg met un terme à ses obsessions organiques (La Mouche, eXistenZ) pour scruter les méandres d’un cerveau schizophrène.


- Réalisateur : David Cronenberg
- Acteurs : Ralph Fiennes, Gabriel Byrne, John Neville, Miranda Richardson, Lynn Redgrave, Gary Reineke
- Genre : Drame, Fantastique, Thriller
- Nationalité : Canadien
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Editeur vidéo : Seven sept
- Durée : 1h38mn
- Festival : Festival de Cannes 2002

L'a vu
Veut le voir
– Regards croisés : Spider, le livre de Patrick McGrath
– Le DVD :
Critique : Voyage au centre du cerveau. David Cronenberg met un terme à ses obsessions organiques (La Mouche, eXistenZ) pour scruter les méandres d’un cerveau schizophrène. Avec Spider, il adapte le roman de Patrick McGrath qui passa son enfance dans le Broadmoor Hospital, un centre pour déséquilibrés mentaux (son père en était le directeur). Cronenberg adopte également un style épuré, qui pourrait bien en surprendre plus d’un.
La toile de la folie. Interné dans un institut psychiatrique durant plusieurs années, Spider est transféré dans un foyer de réinsertion à quelques rues de son ancienne maison. C’est précisément là qu’il assista, enfant, au drame qui bouleversa sa vie : le meurtre de sa mère par son père. De retour sur les lieux du crime, Spider plonge dans sa mémoire torturée pour découvrir une toute autre vérité...
Sans artifices. "Mes acteurs sont mes seuls effets, explique David Cronenberg. Hormis l’atmosphère mise au point avec le directeur de la photo Peter Suschitzky et les remarquables décors d’Andrew Sanders, il n’y a rien d’autre". Ce parti pris de sobriété, déjà exploité par le réalisateur canadien avec Faux-semblants, est l’unique intérêt du film. Les flash-back sur l’enfance de Spider s’accordent en effet parfaitement avec l’enquête cérébrale, puisqu’ils incluent physiquement le même personnage plus âgé. Ce procédé permet ainsi au spectateur d’entrer littéralement dans la tête de Spider, de mesurer ses réactions et ses sentiments suite à un souvenir particulier.
En revanche, cette idée de mise en scène n’accélère en aucun cas le rythme du film, freiné par une lenteur assommante. David Cronenberg reste cependant logique, voire loyal, envers son personnage ; Spider, en effet, exécute toutes ses actions au ralenti, marche tel un petit vieux, marmonne des logorrhées incompréhensibles, se souvient avec difficulté. Raph Fiennes, selon la sensibilité de chacun, en devient exaspérant ou formidable.
Reste que Spider est un film intéressant sur la forme sans être captivant pour autant. Faut-il s’émouvoir ou s’apitoyer devant ce personnage ? David Cronenberg, même s’il assure adorer Spider, ne livre que peu d’indices. Il se contente de le filmer avec toute la retenue qu’il s’est imposée au départ, au risque de nous ennuyer profondément.
Les suppléments ne réservent quant à eux rien d’exceptionnel. On se régalait à l’avance du commentaire audio de Cronenberg ; la déception est à la hauteur de celle du film. Le cinéaste ne fait qu’expliquer les méandres de son scénario pourtant assez limpide. Très peu d’informations sur ses partis pris de réalisation. En revanche, "Anatomie d’une scène" et "Masterclass" (rencontre publique à la Fnac) vous en apprendront beaucoup plus sur l’approche du cinéma par Cronenberg.
Le DVD
– Edition 2 DVD
– Format cinémascope 1.77 16/9 anamorphique compatible 4/3
– Chapitré
– Couleur
– Audio Dolby Digital français 5.1, Anglais 5.1
– Interdit aux moins de 12 ans