Sparrow - la critique

Après le très réussi Mad Detective, Johnnie To met le cap cette fois vers la comédie des années 60. Pari gagné avec Sparrow, une comédie drôle, légère et rythmée qui nous entraîne dans les ruelles de Hong Kong.

L’argument : À Hong Kong, un Sparrow est un pickpocket. Kei est le plus habile de tous. Entre deux vols de portefeuilles avec les membres de son gang, il aime arpenter la ville à vélo, et prendre des photos.
Un jour, une femme ravissante, Chun Lei apparaît dans son viseur. Il est ensorcelé.
Chaque membre du gang va tomber sous le charme de cette femme qui ne les a pas croisés par hasard.
Elle veut que les pickpockets dérobent pour son compte quelque chose de très précieux...

Notre avis : Au jeu du chat et de la souris, qui est le chat, qui est la souris de Kei, pickpocket nonchalant mais néanmoins amusé, la belle Chun Lei toujours sur le qui vive ou le mystérieux Mr. Fu ? Kei, c’est Simon Yam, l’acteur fétiche de Johnnie To qui affiche ici un air de Cary Grant. Avec leurs doigts de fée, lui et ses comparses sévissent dans les rues de Hong Kong grâce à un numéro bien rodé. Le reste du temps, Kei arpente la ville à vélo avec son appareil photo. La paye est bonne et la vie s’écoule paisiblement entre deux chamailleries sans conséquence. Jusqu’au jour où les quatre complices attirent l’attention d’une femme. La femme justement c’est Kelly Lin, une habituée des films de Johnny To, aussi aperçue chez Olivier Assayas, qui fuit ici de mystérieux poursuivants au rythme du cliquetis des talons hauts sur le pavé.
Entre flânerie et course-poursuite, Sparrow nous entraîne à la découverte d’un Hong Kong qui dissimule ses secrets au détour d’une venelle. Un certain nombre de scènes se passent ici de dialogues, aussi la musique tient-elle une place prépondérante. Xavier Jamaux, qui avait aussi réalisé la musique de Mad Detective, a composé avec Fred Avril une bande son qui rappelle par certains aspects La main au collet ou encore L’affaire Thomas Crown tout en alternant avec des morceaux traditionnels.
Sparrow est un film dans lequel on ne voit pas une seule arme, où les voleurs sont de grands romantiques et les méchants de faux durs. Rien de surprenant alors à ce que l’affrontement entre bandes rivales trouve son dénouement dans une scène mémorable, entre ballet improbable et parodie de western où les parapluies remplacent les armes. Le fil conducteur, dans tout ça ? Le moineau du titre qui, d’une incarnation à l’autre, traverse le film entre poésie et farce.
Sparrow prouve ainsi une fois de plus que Johnny To n’est jamais meilleur que lorsqu’il s’amuse à mélanger les genres.