Le 23 juin 2021
Un biopic original, qui retrace l’enfance supposée d’Abraham Lincoln à travers ses relations familiales, dans un écrin d’images de toute beauté, qui ne parviennent pas encore à s’extraire de l’influence de Terrence Malick.
- Réalisateur : AJ Edwards
- Acteurs : Diane Kruger, Wes Bentley, Brit Marling, Jason Clarke
- Genre : Biopic, Noir et blanc, Drame historique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : ED Distribution
- Durée : 1h34mn
- Titre original : The Better Angels
- Date de sortie : 13 avril 2022
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Résumé : Indiana, 1817. Une nation américaine, à peine âgée de quarante ans, qui se relève difficilement de sa seconde guerre d’Indépendance. Des hommes et des femmes qui, pour survivre, mènent une lutte sans merci contre la nature et les maladies. Tel est le monde que découvre Abraham Lincoln à sa naissance. Sur une période de trois ans, le film retrace l’enfance du futur président des États-Unis, sa famille, les difficultés qu’il a traversées et qui l’ont construit, la tragédie qui l’a marqué à jamais, et les deux femmes qui l’aideront à accomplir son destin.
Critique : A.J. Edwards est connu pour être le monteur chef du grand cinéaste américain, Terrence Malick. L’idée de Sous l’aile des anges est née d’ailleurs de Malick lui-même. Edwards s’est autorisé à prendre un peu d’indépendance par rapport à son mentor, pour raconter l’enfance supposée d’Abraham Lincoln. Le pari était risqué, d’autant que le chef d’État américain fait toujours entendre son immense courage, quand on regarde la façon dont encore des Noirs continuent de subir le déterminisme culturel aux États-Unis ou se font aveuglément massacrer par des policiers. Sauf qu’ici, nous ne sommes pas dans un récit à proprement parler historique. Le cinéaste décrit certes la manière dont l’enfant s’est intellectuellement et émotionnellement construit, à partir de son rapport à la nature et des quelques livres qui jonchaient la maison. Le plus important dans ce film demeure la façon dont le petit garçon s’est forgé une force de caractère, grâce à l’éducation sévère de son père et le manque inconsolable de sa mère, disparue mystérieusement.
- Copyright Ed Distribution
Comme la plupart des œuvres de Terrence Malick, qui produit d’ailleurs le long-métrage, la forme prend presque le pas sur le fond. Ici, le réalisateur choisit un noir et blanc très soigné, très propre. On mesure le travail sur la lumière, le temps passé à demander aux comédiens d’effectuer des gestes du quotidien, dans la seule intention de saisir un pan de clarté. Il y a une entreprise quasi spirituelle dans ce récit bucolique où les petits êtres apprennent à devenir soi, à prendre confiance en eux et à épouser la rudesse de l’existence. Une musique symphonique accompagne toute l’histoire qui est marquée par une voix masculine, parallèlement à la poésie des images. On voit alors ce petit être chétif s’endurcir, se défendre, et se positionner doucement vers l’immense homme d’État qu’il sera plus tard. Toutefois, le risque de cette surenchère esthétique est de perdre le spectateur dans un récit dont il ne perçoit pas le rythme. Le montage semble très poussif à de nombreux moments, jouant avec les ruptures et les superpositions du steadicam en mouvements perpétuels. On finit par penser que A.J. Edwards en fait trop dans la revendication d’une esthétique de l’image, au détriment du scénario.
- Copyright Ed Distribution
Il y a toutefois un intérêt majeur à essayer de saisir comment ce petit enfant doux et solitaire est devenu le président que l’on sait. La relation avec la belle-mère, qui survient brutalement après le décès de sa mère, nourrit cette lutte intérieure, comme s’il était condamné à ne jamais décevoir celle qui l’a quitté trop tôt. Il y a surtout ce rapport au père qui s’autorise peu de tendresse. Pour autant, le long métrage finit par montrer un père vulnérable, certain que son fils fera des merveilles plus tard. Abraham se bat dans l’herbe qu’on devine jaunie par le soleil, il épouse la terre sous toutes ses formes, pour devenir celui qui mettra fin à l’esclavagisme. Le propos est assurément romantique. Edwards refuse la dimension politique. Il regarde affectueusement cet être qui aurait pu continuer la tradition paysanne de son père. Il regarde ce microcosme familial, pétri de violences, de joies passagères, de vérité et de justesse. Finalement, Sous l’aile des anges est un traité d’éducation où l’on saisit la puissance de la figure paternelle, avec l’imprégnation du deuil lié à la mère. Le cinéaste déroule, dans une série de scènes tout aussi poétiques que pudiques, la magie d’un destin qui conduit un petit enfant à devenir un grand homme, là où la plupart d’entre les gens se contentent de poursuivre un cheminement de vie simple, sans ambitions particulières.
- Copyright Ed Distribution
Voilà donc un long-métrage auquel il faut s’abandonner, au risque parfois de céder à l’ennui ou à l’agacement. Si A. J. en rajoute des effets à la Terrence Malick, on ressent tout de même qu’il n’est plus très loin de dépasser le maître, comme le petit Abraham dépassera son père.
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