L’océan de l’inconscient
Le 30 décembre 2022
L’un des grands films de Tarkovski, sommet du cinéma soviétique et de la science-fiction.
- Réalisateur : Andreï Tarkovski
- Acteurs : Anatoli Solonitsyn, Nikolaï Grinko, Donatas Banionis, Natalia Bondarchuk, Jüry Järvet
- Genre : Science-fiction, Fantastique
- Nationalité : Russe
- Distributeur : Potemkine Distribution, Michèle Dimitri Films
- Editeur vidéo : Potemkine, Agnès B. DVD
- Durée : 2h45mn
- Date télé : 15 janvier 2024 22:25
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 5 juillet 2017
- Box-office : 74.005 entrées France / 39.694 entrées Paris Périphérie
- Titre original : Solyaris
- Date de sortie : 27 février 1974
- Festival : Festival de Cannes 1972
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– Année de production : 1972
Résumé : Le scientifique Chris Kelvin est envoyé sur la station spatiale qui voyage en orbite autour de l’océan Solaris afin de se pencher sur les événements mystérieux qui en proviennent. Les deux autres scientifiques qui y habitent sont réticents à parler de la situation. Après que Chris eut rencontré sa défunte épouse Hari, il se rend compte que l’océan Solaris peut sonder l’esprit de l’équipage de la station et matérialiser leurs pensées les plus intimes...
Critique : Après L’enfance d’Ivan et Andrei Roublev, Tarkovski obtint l’accord des autorités soviétiques pour adapter le roman de science-fiction de Stanislas Lem. Malgré la cinquantaine de coupures imposées par la censure, le film dépassa les 2h30 de projection et impressionna le jury du Festival de Cannes qui lui accorda son Grand Prix, une distinction que le cinéaste recevra à nouveau quatorze ans plus tard pour Le sacrifice, sa dernière œuvre. Quatre années après 2001 : L’odyssée de l’espace, Tarkovski posait un nouveau jalon au genre, tout en étant fidèle à son art intransigeant. Le film est en effet une réflexion métaphysique puissante sur la vie et la mort, le divorce entre la science et la conscience, ainsi que la responsabilité des générations face au futur. Parabole morale aux accents surréalistes plus que fantastiques, Solaris exerce un réel pouvoir de fascination, que conforte la mise en scène : le cinéaste prend son temps comme à son habitude, étirant ses scènes et élaborant de vertigineux plans-séquences sur des paysages naturels (arbres, lacs...), ou filmant un inconnu cosmique, objet de peurs et interrogations. Plusieurs passages cultes restent ainsi en mémoire après la projection du film : l’étrange message envoyé par le docteur Gubarian, l’arrivée de Chris sur la station, après un passage dans une grande ville futuriste, les symptômes d’un délire paranoïaque chez deux scientifiques, ou bien la relation amoureuse avec l’avatar de la femme autrefois aimée. Comme souvent chez le réalisateur, la référence à d’autres arts est manifeste et s’intègre harmonieusement au dispositif, de la peinture de Pieter Brueghel l’Ancien (le tableau « Chasseurs dans la neige ») à la musique de Bach, qui ouvre le film et en devient un leitmotiv mystique, comme cela sera également le cas dans Le sacrifice... La direction d’acteurs est remarquable : auprès de Donatas Banionis, artiste du peuple lituanien, la lumineuse Natalia Bondartchouk irradie l’écran, dans un rôle initialement prévu pour Bibi Andersson. Solaris fut l’objet d’une nouvelle adaptation réalisée en 2002 par Steven Soderbergh, avec George Clooney, mais qui ne convainquit que partiellement la critique et s’avéra un cuisant échec public. Le film de Tarkovski est quant à lui entré dans la légende et a été restauré à l’initiative de Mosfilm Cinema Concern et de Karen Chakhnazarov.
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