Le 15 octobre 2011
Cet anti-conte de fée révèle un univers insolite, bien servi par une ambiance mortifère. La réalisatrice Julia Leigh est une révélation.
- Réalisateur : Julia Leigh
- Acteurs : Ewen Leslie, Emily Browning, Rachael Blake
- Genre : Drame
- Nationalité : Australien
- Distributeur : ARP Sélection
- Editeur vidéo : ARP Sélection vidéo
- Durée : 1h42mn
- Date de sortie : 16 novembre 2011
- Festival : Festival de Cannes 2011
Résumé : Une jeune étudiante qui a besoin d’argent multiplie les petits boulots. Suite à une petite annonce, elle devient extra en tenue légère dans des soirées privées huppées, puis accepte d’être droguée pour plonger dans un sommeil profond et intégrer un réseau des « beautés endormies ».
Critique : Cette œuvre sulfureuse se référant indéniablement à Belle de jour (et aux Belles endormies de Yasunari Kawabata) a été à notre sens le premier choc de Cannes 2011. Contrairement à la Séverine de Kessel et Buñuel, Lucy n’est pas une petite bourgeoise en quête de satisfaction de fantasmes mais une jeune fille de classe moyenne agissant pour des raisons matérielles. Son parcours comporte toutefois des similitudes : à la frigidité initiale de Séverine répond la frustration de Lucy, lasse des rapports inaboutis avec un ami alcoolique, et dont la rencontre avec une maquerelle protectrice sera le signal de départ d’une existence parallèle. Et si Emily Browning a des faux airs de Deneuve jeune, Rachael Blake est une réplique parfaite de Geneviève Page : distinction, voix grave, charisme rassurant aussi bien que prédateur. Quant à la faune de messieurs libidineux gravitant autour de la belle au lit dormant, elle permettra de se remémorer l’étonnante galerie de clients de Mme Anaïs (Francis Blanche, François Maistre) et de notables fétichistes (Georges Marchal) mis en valeur par Buñuel. Là s’arrête la comparaison avec Belle de jour : outre que Sleeping Beauty se nourrit d’autres références (Kubrick, Egoyan...), l’originalité propre à ce premier film de Julia Leigh ne doit pas être occultée : tension dramatique, ellipses narratives et absence de psychologisme sont les atouts d’un récit déconcertant. L’anti-conte de fée révèle un univers insolite, bien servi par une ambiance mortifère qui imprègne l’œuvre : la réalisatrice compose une suite de tableaux en plans fixes, dans des décors baroques où se meuvent des personnages hiératiques qui n’extériorisent pas leurs sentiments. C’est sans doute cette distanciation qui a gêné certains, qui ont trouvé le film froid, par la perfection même de ses cadrages et son ton détaché, et qui ont pu reprocher à Julia Leigh un regard « féminin » sur la sexualité et les transgressions, cette dernière critique étant absurde et infondée. Sleeping Beauty révèle une cinéaste raffinée et non consensuelle qui pourrait devenir, comme Jane Campion, une grande dame du cinéma océanien.
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Jean-Patrick Géraud 6 décembre 2011
Sleeping Beauty - Julia Leigh - critique
A partir d’une idée originale et malgré une sensualité omniprésente qui sied plutôt bien à l’esthétique générale du film, Sleeping Beauty s’empêtre un peu dans le symbolisme de surface. Emily Browning a du mal à se défaire de son image de Baby-Doll angélique et son personnage manque de vraisemblance. Restent de belles images qui compensent les moments faibles, souvent situés pendant le sommeil de Lucy.