Le 16 novembre 2011
- Réalisateur : Julia Leigh
Choc viscéral qui laisse un grand froid dans la salle, Sleeping beauty est aussi le film de la polémique. Son distributeur a remis en question son interdiction aux moins de 16 ans. Coup de gueule ou coup de pub ?
Choc viscéral qui laisse un grand froid dans la salle, Sleeping beauty est aussi le film de la polémique. Son distributeur a remis en question son interdiction aux moins de 16 ans. Coup de gueule ou coup de pub ?
Une jeune femme se prostitue pour payer son loyer, entre deux petits boulots et quelques rencontres sexuelles en boîte pas piquées de hannetons, avec des hommes plus âgés et beaucoup de coke dans le nez. Dans ses nuits de prostitution, endormie, elle offre son corps à une obscure société secrète qui abuse de sa fraîcheur. Qui sait ce qui se passe durant ces moments obscurs où sa conscience s’est assoupie ? Elle, non. Vous, oui. Vous saurez tout ou presque tout...
Sleeping beauty, simple film érotique ou drame sordide dans un décor et une ambiance clinique ? La commission de classification lui a collé une belle interdiction aux moins de 16 ans aux fesses pour "Incitation à la prostitution, climat malsain et pervers". L’incitation à la prostitution n’est pas l’intention première, il est certain, de la cinéaste, mais bon, vu par une gamine de 13 ans en manque de vêtements de marque, l’affaire pourrait être conclue pour moins que ça (on se souvient de la scène hilarante du portable dans Polisse). Quant au climat malsain et pervers, aucun des jeux joués dans ce film nous paraissent bien sains ou relevant d’une sexualité pépère. Le souffle de la subversion est au contraire bien présent, dans une volonté de déranger (les scènes médicales) et de titiller la fascination déplacée de l’adulte consentant. Réussi.
Le distributeur, ARP, a crié au scandale et à la censure, en raison d’un classement qui ne coupe aucune minute du film (!), mais qui écarte seulement des mômes, en pleine construction de leur image ou de leur identité sexuelle, de choses dont le sous-texte ne sera pas très parlant pour des spectateurs autres que ceux qui n’ont pas un minimum de vécu (comment vont-ils interpréter le discours sur l’âge et la solitude que fait retentir la glaçante scène finale ?).
Plus qu’un coup de gueule, il s’agit d’un vrai coup de pub, le genre de déclarations propices au buzz et à générer du trafic sur le net et des visites dans les salles, un micro évènement médiatique qu’aujourd’hui internet rend instantanément possible. On n’en voudra pas à ARP. Le film est une bombe qui ne laissera aucun spectateur - au-dessus de 16 ans - insensible. A vous de voir, les yeux grands ouverts !
Notre critique : ICI
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