Le 12 septembre 2024
Si l’idée est au début réjouissante, l’abus de jeux de mot et d’anachronismes finit par lasser le spectateur et épuiser le rire.
- Réalisateurs : Jean-Paul Guigue - Jul
- Acteurs : Clément Sibony, Frédéric Pierrot, Guillaume Gallienne
- Genre : Comédie, Animation
- Nationalité : Français
- Distributeur : Haut et Court
- Durée : 1h20mn
- Date de sortie : 11 septembre 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024
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Résumé : Dans une préhistoire condamnée à ne jamais évoluer, un père et sa fille en conflit vont bouleverser la routine de l’Âge de pierre. Après un aller-retour dans le futur, ils ramènent accidentellement l’équivalent d’une clé coudée Ikéa qui va enfin déclencher l’Évolution, pour le meilleur et surtout pour le pire.
Critique : On n’aura jamais vu un début aussi intrigant avec le (vrai) couple François Hollande et Julie Gayet, transformés pour le dessin animé en bactéries, qui commentent non sans un certain sens de l’autodérision les promesses non tenues de la campagne des présidentielles où le candidat socialiste arguait le fameux "Le changement c’est maintenant". Puis le récit se plonge dans un village préhistorique, avec toute une série de personnages inspirés de la vie actuelle, voire jouant leur propre rôle. Le héros, à la suite du coma de sa fille qui a consommé de la drogue lors d’une soirée où il lui avait pourtant interdit de se rendre, prend attache auprès d’un drôle de chaman qui le projette dans le futur, dans un magasin de vêtements, d’où il ramènera non seulement sa fille, mais une clé d’acier qui va précipiter tout ce petit monde dans le chaos.
Adapter au cinéma une bande dessinée n’est pas chose aisée. D’autant qu’il faut pouvoir tenir dans la durée avec une fiction qui accroche l’intérêt du spectateur, tout en cultivant l’esprit caustique de l’œuvre originale. Hélas, Jul et Jean-Paul Guigue passent à côté de leurs ambitions, offrant une succession de jeux de mots à la Astérix adaptés à l’ère préhistorique, et qui n’ont de cesse de renvoyer à notre période contemporaine et ses aléas politiques et religieux. Étrangement, l’agacement produit par la surenchère de vannes prend le dessus sur le rire qui se fait rare.
- Copyright Haut et Court
On sait en rentrant dans un tel film que le propos sera forcément décalé, acide et sévère. La mise en cause de l’idéologie extrémiste, la désignation des conflits religieux, notamment s’agissant de la fracture entre Israël et la Palestine, constituent le fond de commerce de cette farce qui parfois rappelle le ton de la fameuse série Les Simpson. En fait, l’exagération dans les anachronismes, avec notamment le paradoxe de hommes qui viennent à peine de découvrir le feu mais regardent la télévision, rend le tout assez maladroit. Tout est une opportunité à renvoyer le quotidien de ces personnes à notre propre société française contemporaine, jusqu’à singer la Défense ou l’Arc de Triomphe dans un Paris tribal.
Le seul vrai plaisir qu’on éprouve est de reconnaître, par la voix, des personnages qui jouent leur propre rôle ou qui accentuent les travers qu’on leur attribue. À cela s’ajoute une sacrée collection de comédiens ou d’humoristes comme Sophia Aram, Léa Drucker, Guillaume Galienne, Denis Ménochet, Bruno Solo (la liste est longue) qui apportent à l’histoire sa véritable tonalité. Force est d’ailleurs de remarquer qu’ils ne tiennent absolument pas la tête d’affiche, laissant les rôles principaux à des comédiens moins plébiscités par les médias.
- Copyright Haut et Court
Voilà un film bourré de facéties qui n’aura pas tenu ses promesses. L’écriture du scénario est totalement en cause. En effet, quand il s’agit d’appréhender l’esthétique générale, le long-métrage fait montre d’une animation soignée, agréable. Même le rythme est soutenu. Des fautes de goût émaillent franchement le film, notamment lorsque le père est projeté dans notre futur actuel, où les images filmiques prennent le relai sur l’animation.
On aura compris, ce que chacun sait d’ailleurs plus ou moins, que le fétichisme est dangereux, d’autant quand il est emparé par le pouvoir politique et religieux. Jul et Jean-Paul Guigue déversent de grandes banalités sur les écrans, tout en prenant manifestement très au sérieux leur volonté de conviction des foules. Bref, Silex and the City ne marche pas au cinéma, ce qui ne remet absolument pas en question la BD et la série d’une grande qualité.
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