Entre raison et survie
Le 5 février 2009
Un film sobre et puissant grâce à une réalisation attentive au décor naturel.


- Réalisateur : Marion Hänsel
- Acteurs : Issaka Sawadogo, Carole Karemera , Asma Nouman Aden
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Belge
- Date de sortie : 2 mai 2007
- Plus d'informations : Le site du film

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– Durée : 1h36mn
Un film sobre et puissant grâce à une réalisation attentive au décor naturel.
L’argument : Quelque part en Afrique. La guerre menace, mais le manque d’eau encore plus. Au village, la majorité des habitants choisit de se diriger vers le sud. Seul Rahne, l’instituteur du village, décide de tenter l’aventure vers l’est avec sa femme et ses trois enfants. L’immense étendue désertique à traverser et les nombreux dangers qu’ils encourent ne sont rien à côté de la quête de l’eau.
Notre avis : Le film de Marion Hänsel est un long poème triste qui relate les aventures de Rahne (Issaka Sawadogo) qui croyait avoir engagé sa famille sur les chemins de la vie. Mais la mort finit par être si souvent au rendez-vous qu’il se demande s’il a fait le bon choix. En optant pour le chemin de l’est, Rahne se confronte aux maux qui minent l’Afrique. Ici, la sècheresse qu’aggrave le réchauffement climatique, le manque d’eau qui oblige des gens à parcourir des milliers de kilomètres. Plus loin, les guerres qui font des populations civiles les otages de militaires et de rebelles (que rien ne différencie) et dont l’aide internationale constitue l’ultime recours. L’image du Soudan et de ses multiples camps de réfugiés s’impose alors dans les esprits.
L’œuvre positivement dépaysante de Marion Hänsel, rythmée par une magnifique bande originale (de René-Marc Bini, Les Caprices d’un fleuve) rend aussi compte des rapports particuliers que peuvent entretenir un père et sa fille adoptive. L’affection que Rahne porte à la joyeuse Shasha, joliment incarnée par la pétillante Asma Nouman Aden, ne suffit jamais complètement à lui faire oublier son statut d’"intruse". L’amour est pourtant toujours au rendez-vous entre ces deux êtres.
Si le vent soulève les sables transporte également vers des immensités désertiques aux teintes sublimées par la photographie (Walter Vanden Ende, Farinelli), et surtout filmées (à Djibouti) avec maestria par la réalisatrice belge. Ses plans larges alternent avec les gros plans sur les visages éreintés de ses personnages.
Ainsi, la fiction de Marion Hänsel se joue, dans une subtile douceur, du contraste entre les tumultes et drames de cette famille et la beauté des lieux où ils se déroulent. Après son premier long-métrage, Nuages, entièrement consacré à ces habitants du ciel qui la fascinent, la cinéaste voulait de nouveau filmer la nature. Mais pas seulement. Le livre de Marc Durin-Valois, Chamelle, dont Si le vent soulève les sables est l’adaptation, lui a offert l’Afrique comme source d’inspiration. Le résultat : un film engagé et une source de plaisir partagé entre le cinéaste et son spectateur.