Les vers du cardinal
Le 8 août 2010
Un superbe film de cape et d’épée du grand Riccardo Freda, remake en scope couleur de son premier métrage, qui ravira les amateurs du genre et séduira les fines bouches par sa beauté formelle et la vivacité de sa mise en scène.
- Réalisateur : Riccardo Freda
- Acteurs : Gabriele Tinti, Brett Halsey, Béatrice Altariba, Gabriele Antonini, Mario Scaccia, Giulio Bosetti
- Genre : Aventures, Historique
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h30mn
- Titre original : Le sette spade del vendicatore
- Date de sortie : 8 avril 1964
- Plus d'informations : http://www.film.tv.it/scheda.php/fi...
Résumé : Dépossédé de ses biens par un cousin opportuniste, Carlos de Bazan part pour Lérida réclamer son dû. Sur le chemin, il rencontre une jeune fille aux prises avec des brigands et découvre l’existence d’un complot contre la vie du roi d’Espagne.
Critique : Riccardo Freda fut un des grands maîtres du cinéma italien de genre des années 50, enchaînant films de cape et d’épée (Il cavalliere misterioso), péplums (Spartaco, Teodora), policiers, drames en costumes (Beatrice Cenci) ou films d’horreur gothiques. On l’a souvent comparé ou opposé à son rival Vittorio Cottafavi.
Disons, pour faire très vite, que le distingué Cottafavi, à la vaste culture humaniste, pencherait plutôt du côté de Sophocle et Shakespeare (notamment dans le sublime Les légions de Cléopâtre en 1958), alors que Freda est un digne héritier du dix-neuvième siècle romantique à la Victor Hugo (son magnifique I miserabili en 1947).
Ses personnages sont toujours bigger than life et ses mises en scènes flamboyantes, qui ménagent de foudroyants coups de théâtre, affichent un sens pictural très affirmé.
Dans Le sette spade del vendicatore c’est l’Espagne de Velazquez (reconstituée en Calabre ?) qui sert de toile de fond à une histoire rocambolesque inspirée de Ruy Blas, riche en retournements de situations et morceaux de bravoure, et que le réalisateur avait déjà traitée brillamment dans son premier opus Don César de Bazan en 1942.
Le remake de 1962, en scope et couleur, retrouve la verve de l’original en lui conférant une tonalité moderne. L’économie presque totale de champs-contrechamps au profit de plans d’ensemble crée l’impression d’un filmage en temps réel et donne à l’ensemble une respiration qui distend quelque peu la dramaturgie, sans que cela nuise pour autant à son efficacité spectaculaire.
L’œuvre a un côté parodique évident mais pas trop appuyé, jouant à mélanger les genres en penchant tantôt vers le western caracolant, tantôt vers le film d’horreur, lors de scènes de torture assez rigolotes avec bains de piranhas dans les souterrains du château.
Freda prend un plaisir certain et communicatif à composer des plans à la beauté souvent saisissante (la réunion secrète dans le monastère abandonné) et cède à un goût prononcé pour le baroque lorsqu’à la fin de l’histoire il filme longuement, telle une nature morte, les appareils de torture désormais hors d’usage ou lorsque, après le baiser de rigueur entre le héros et la belle Isabelle, instrument du complot finalement rangé à la cause du roi, le cardinal poète aux manières précieuses (Mario Scaccia) récite au monarque les vers interminables de son drame allégorique.
Il semblerait que ce rôle soit quasiment absent de la version française d’époque, la censure gaullienne n’ayant guère apprécié cette vision irrespectueuse des hautes sphères cléricales. C’est d’autant plus regrettable que c’est, à égalité avec le roi coureur de jupons (Gabriele Antonini), le personnage le plus savoureux du film.
Nullement mineur dans la riche filmographie de son auteur, Le sette spade del vendicatore, qui prétend avant tout distraire et y parvient parfaitement, est un très beau film qui comblera aussi bien les amateurs d’action que les happy few en quête d’émotions esthétiques.
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roger w 9 août 2010
Sept épées pour le roi - la critique
Un film de cape et d’épées plein de rebondissements, de couleurs somptueuses et de charme. Certes, l’histoire est parfois un peu trop rocambolesque, mais on se laisse happer par la magie de ce cinéma à l’ancienne. Le talent de Riccardo Freda y est pour beaucoup.