Sept ans - la critique

Jouant sur la sobriété, dans l’image comme dans son propos, ce film déçoit malgré une interprétation irréprochable et un thème intéressant.

L’argument : Vincent purge une peine de prison de sept ans. Sa femme, Maïté, ne vit que par lui et pour les visites hebdomadaires. Jusqu’à ce qu’elle se laisse approcher par Jean, à qui elle prête son corps pour mieux garder Vincent en esprit. Mais il s’avère que Jean est un gardien de la prison où est enfermé Vincent.

Notre avis : On peut regretter que dans ce film qui mise tout sur la sobriété, le sobre confine parfois au fade. Les acteurs tiennent pourtant tous bien leur rôle, avec justesse. Mais c’est peut-être là que le bât blesse et que l’ennui pointe son nez : on se prend à rêver que l’image, sèche comme le propos, dérape, que Maïté ou un autre personnage éclate dans un fou rire malvenu, ou que, pourquoi pas, le gris devienne couleur. Car à force de retenue et de non-dit, c’est le support filmique lui-même qui s’affaiblit et se fait terne. C’est dommage car l’intrigue proprement dite est intéressante et la volonté de tourner une fiction dans un univers carcéral, et montrant les ravages, à l’intérieur comme à l’extérieur de la prison, d’une telle vie recluse, a de quoi retenir l’attention et a le mérite de nous faire découvrir une réalité générale par un cas particulier. Or, le mélange ne prend pas bien, et le scénario ne va pas au bout de son sujet, à cause peut-être d’un manque d’envergure (chez les personnages, dans les images de la prison qui sont finalement très peu nombreuses) qui lui aurait donné un élan par trop absent. Dans cette présentation d’un monde froid et blafard, c’est le deuxième versant de ce film, le désir, qui semble quelque peu occulté.