Le 10 juillet 2018
Angelin Prejlocaj excelle dans la chorégraphie des sentiments, l’amour d’un jeune prince pour sa belle, la haine assassine d’une marâtre, l’angoisse existentielle. En illustrant à son tour par la danse, Blanche-Neige, il s’est naturellement placé dans une modernité accessible et sensible qui a déjà fait le bonheur de 150 000 spectateurs depuis sa création en 2008.
- Genre : Opéra, ballet & danse
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Résumé : Angelin Preljocaj a conçu son Blanche Neige comme un ballet narratif pour vingt-quatre danseurs. Nichés au cœur des décors de Thierry Leproust, sublimés par les costumes de Jean Paul Gaultier, les corps incarnent toute la folie lyrique et exaltée du conte des frères Grimm. Voici la véritable histoire de Blanche Neige ; pas le mythe, ni la légende, mais le cheminement de cette jeune femme avec tout ce qu’il comporte de violent et de passionnément romantique. La marâtre y joue un rôle-clé, prête à sacrifier sa belle-fille sur l’autel de la séduction et de la féminité éternelle. Le ballet glisse sur les symphonies de Mahler et dessine des tableaux dont la symbolique ingénieuse parle tout autant aux adultes qu’aux adolescents.
Notre avis : Par il était une fois, les contes pour enfants annoncent sous couvert d’histoires passées, les difficultés qui pourront se présenter à ses auditeurs. La jalousie entre femmes, les obstacles à l’amour, un narcissisme dévorant... Selfie mon beau selfie, dis moi qui est la plus belle. Tous ces thèmes humains nous passionnent depuis la première légende même si ils ont évolué dans la forme. Pour se persuader de la pertinence de sa modernité, il n’y a qu’à voir l’ampleur que cette dernière et terrible inquiétude a pris dans notre époque, où chacun souhaite arracher à ses abonnés, des likes en forme de cœur.
- Jean-Claude Carbonne
Angelin Prejlocaj présente donc ici une narration très classique et moderne qui contrariera les attentes sensationnelles des esthètes de niche. Au contraire, ce spectacle dépasse le milieu de la danse contemporaine et l’ouvre largement au public. Son succès s’explique tout d’abord, par sa fidélité littérale au célèbre conte des frères Grimm. Chacun se souvient de ses lectures ou des nombreux films qui ont avec talent ces dix dernières années, recouvert l’empreinte tenace du dessin animé de Disney. On prend plaisir à se souvenir et à découvrir le travail original de mise en scène. Ensuite, les contenus et durées de chaque tableau sont agréablement proportionnés, sans longueur aucune, leurs enchaînements sont fluides souvent saupoudrées d’effets spéciaux bienvenus (pluie de paillette, mouvements de décor). Les danses de groupe, notamment à la cour du roi, sont divertissantes, leur exécution appliquée. En revanche, les danses de couple inspirées du répertoire classique sont particulièrement réussies. La danseuse soliste est admirable lors de sa rencontre avec le prince. Gustav Malher déploie alors lentement au-dessus de leurs têtes l’adagietto de la 5ème et la parade nuptiale s’épanouit dans ce romantisme d’une gravité douce. Bonheur !
Les facéties des mineurs dansant en rappel au bout de leurs cordes, les convulsions de l’empoisonnement par la sorcière hystérique, la danse de la question qui tue devant le miroir, sont autant de bons et beaux moments.
Enfin, le prince repasse la 5ème en charriant la comateuse enfant jusqu’à ce que l’amour l’emporte sur la mort et la ressuscite.
- Jean-Claude Carbonne
La musique du répertoire Mahlerien est belle, sublime même, mais ce choix compréhensible dénote quelque peu avec la modernité des autres arts qui facettent le spectacle. Les décors sont simples et stylisés, efficaces à nous représenter en quelques plans et accessoires, le palais et ses ors, la forêt mystérieuse, les roches troglodytes de la mine. Les costumes prêt-à-danser de Jean-Paul Gauthier sont sobres et sensuels, autant le décolleté vertigineux de cette s..... de marâtre que les voiles plissés et échancrés de Blanche. Les soldats de la reine sont mis en béret vert queer, voilà une idée pleine de gaieté qui fait sourire la salle. Les lumières, enfin, servent les scènes en leur donnant le juste relief.
Tous ces talents réunis signent un spectacle qui est désormais, un classique de la compagnie.
A VOIR ce que nous sommes dans le miroir, à LIRE l’adaptation des frères Grimm, à AIMER Blanche-Neige, anagramme à quelque chose près d’Angelin.
Pièce pour 24 danseurs
Chorégraphie : Angelin Preljocaj
Costumes : Jean Paul Gaultier
Musique : Gustav Mahler
Musique additionnelle : 79 D
Décors : Thierry Leproust
Lumières : Patrick Riou assisté de Cécile Giovansili-Vissière et Sébastien Dué Danseurs Partenaires médias Télérama, France Inter
Galerie Photos
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