Secret Empire n°1 - la chronique BD

Introduction du nouvel arc phare pour cette année 2018 chez Marvel (du moins pour la France...), Secret Empire pose les bases solides d’un crossover dans la lignée des Secret Wars et autre Civil War.

Captain America est un agent de l’Hydra. Il est devenu le leader des États-Unis après avoir vaincu les Avengers. Qui pourra l’arrêter ?

Le concept du "Et si" est l’un des piliers de la culture comics en général et de Marvel en particulier. Les penseurs de la Maison à Idées n’ont eu de cesse de redessiner de nouvelles réalités pour mieux repartir à zéro : les années Ultimate, la saga House of M, les mondes parallèles comme celui d’Old Man Logan etc. Le procédé est d’autant plus facile quand on a un cube cosmique qui se balade sur Terre et peut remodeler le présent à sa guise - ou pire à la guise de vilaines mains comme c’est souvent le cas. Arrive donc le tour de celui que l’on pensait intouchable, droit, incorruptible s’il en est et à la morale aussi pure que ringarde. Oui c’est bien du centenaire Captain America dont il est question. Il est aujourd’hui à la tête des États-Unis, agissant en tant qu’agent double pour l’Hydra, en somme ce qu’il combat depuis qu’il est en âge et en mesure de combattre. Le jeu de miroir est d’emblée installé et la saga de Nick Spencer évacue très vite les zones d’ombre : Cap est bien passé du côté des tyrans, aucun doute là-dessus. Ce qui n’a d’ailleurs pas manqué de créer une controverse farouche autour d’un héros qui, né de l’imagination de juifs immigrés, incarnait bien plus qu’un super-héros patriotique. Mais le soufflet est retombé à la fin de l’event l’an passé aux États-Unis... prise dans son hystérie précoce comme toujours.

Et en découvrant ce premier volume édité par Panini, on ne peut que saluer la justesse de l’écriture de Spencer qui surfe sur son précédent run sur Captain America pour créer un précédent assez costaud. Il fallait avoir du mérite pour imposer un tel projet venimeux autour de Steve Rogers. Mais parfois Marvel a la bonne idée de suivre les desiderata de ses auteurs malins. Spencer impose donc sa patte à l’histoire en recréant un monde totalement sous le joug tyrannique, avec sa résistance, son vécu et ses mystères. On sent les relents des sentinelles terroristes chez les X-Men, on sent la peur croissante dans une population aussi libre qu’elle l’est en Corée... A force de penser en détails (politique, social, humain) toutes les arcanes du pouvoir, le scénariste pose donc les pierres solides d’un édifice assez imposant sans se perdre dans trop de récits périphériques comme pouvait le faire la saga Civil War par exemple. Sa narration est en outre appuyée par les traits des meilleurs dessinateurs du moment dans l’écurie : Andrea Sorrentino, Steve McNiven en chefs de file dont le coup de crayon réaliste renforce l’impression de poids de l’histoire.
Les débuts sont prometteurs donc pour ce nouvel événement annuel, ne reste plus qu’à transformer l’essai !