La Passion du Christ
Le 27 octobre 2004
Bref retour sur quelques œuvres qui se sont frottées à leurs risques et périls à la religion.
- Réalisateur : Mel Gibson
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A l’occasion du sulfureux La Passion du Christ (ultime film biblique ?) qui a laissé la rédaction dans un état d’engourdissement mêlé de perplexité, revenons quelques instants sur ces œuvres qui se sont frottées à leurs risques et périls à la religion. Bref aperçu.
Parmi tous les films dans lesquels on a pu croiser la vie de Jésus (La tunique de Henry Koster, Le messie de Roberto Rossellini, L’évangile selon saint Matthieu, de Pasolini) ou même la chanter (La vie est un long fleuve tranquille, d’Etienne Chatilliez), La dernière tentation du Christ, de Martin Scorsese (88), reste probablement comme l’un des plus marquants. Sans doute parce qu’il aura beaucoup fait parler de lui à sa sortie, allant même jusqu’à provoquer un incendie dans un cinéma.
Dans le rôle de Jésus, on a le formidable Willem Dafoe qui retranscrit avec force l’opiniâtreté d’un Jésus décidé à délivrer son message divin ; et dans celui de Judas, un Harvey Keitel qui humanise son personnage. Aujourd’hui, emmenée par une bande-son mémorable, cette œuvre superbe, sans doute l’une des plus personnelles de son auteur parce que marquant un tournant dans sa filmographie, vaut bien plus qu’une simple adaptation d’un bouquin scabreux de Kazantzakis [1]. Raison du scandale ? Des scènes où Jésus commet l’ultime péché : coucher avec Marie-Madeleine, clairement décrite comme une prostituée (la scène où elle reçoit ses clients les uns après les autres, allongée de dos sur le lit, reste l’une des plus envoûtantes du film). Ce sont des passages éludés par Mel Gibson dans La Passion du Christ qui, par l’intermédiaire d’un flash-back extrêmement fade, suggère la lapidation de Marie-Madeleine (Monica Bellucci dans le film). Quoi qu’en pensent certains, on est loin de l’intensité du duo Willem Dafoe - Barbara Hershey.
Plus que le personnage de Jésus lui-même, la religion a souvent fait objet de critiques acerbes et de satires cinglantes. Comment, avant de commencer cette série non exhaustive de films qui ont osé s’attaquer au Tout-Puissant, ne pas parler de Jean-Pierre Mocky ? Eternel anar hexagonal, iconoclaste devant l’éternel, ce cinéaste aimait, dans ses plus belles périodes, signer des chroniques plurielles (Y a-t-il un français dans la salle ?) ou des thrillers absurdes qui faisaient mal aux conventions (Agent trouble, son meilleur film). De manière régulière, il s’attaquait aux institutions les plus inattaquables avec une verve anticléricale acérée. Tout d’abord, dans Un drôle de paroissien (63) où un bourgeois catholique et malhonnête pille dans les troncs des églises pour subvenir à ses besoins ; et surtout dans Le miraculé (86) où il brocardait avec virulence les mœurs de Lourdes et tournait en dérision les fameux miracles. Cette irrévérence fut très mal perçue à l’époque.
Le parcours initiatique de Jésus vécu à travers un double ? C’est aussi ça, La vie de Brian. Ce film de Terry Jones, sorti en 1979, propose une relecture de la Bible en projetant un double du Christ dans une Judée occupée. Au gré de son parcours, il se heurte aux dissensions de son peuple et se frotte à l’obscurantisme dans toutes ses formes. Drôle, grinçant, pas le meilleur des Monty Python, mais très mal vu par le Vatican. Dans un registre éloigné et encore plus pernicieux, on peut vous proposer aussi Les diables, de Ken Russell (1970), sorte de monument baroque, gore et anticlérical, dans lequel des nonnes sont prétendument possédées par le démon et multiplient les délires orgiaques. Un peu moins effrayant (quoique), plus drôle : Le jour de la bête de Alex de la Iglesia (cinéaste qu’on retrouvera bientôt dans l’excellent 800 balles) suit les pérégrinations d’un cureton persuadé que la fin du monde est proche et que l’Antéchrist va naître sous peu.
Histoire de finir sur de drôles d’anecdotes, concluons ce furtif article sur des affiches qui n’ont pas hésité à emprunter des symboles religieux de manière provocante. A titre d’exemple, celle de Larry Flint (Milos Forman, 96) montrait le personnage principal dans le position crucifiée du Christ. Cela a crée un beau tohu-bohu blasphématoire, si bien que l’affiche disparut aussi rapidement qu’elle apparut. En attendant de futures polémiques !
[1] Nikos Kazantzaki, Le Christ recrucifié, Plon, 1956
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