Le 29 octobre 2023
Un jalon intéressant dans la production horrifique US. Mais la deuxième partie du long métrage accuse une nette baisse de régime.


- Réalisateur : John Krasinski
- Acteurs : Emily Blunt, John Krasinski, Millicent Simmonds, Noah Jupe
- Genre : Thriller, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Durée : 1h30mn
- Date télé : 7 avril 2025 20:55
- Chaîne : RTL9
- Titre original : A Quiet Place
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 20 juin 2018

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Résumé : Une famille tente de survivre sous la menace de mystérieuses créatures qui attaquent au moindre bruit. S’ils vous entendent, il est déjà trop tard.
Critique : Sans un bruit ne croit pas jusqu’au bout en son argument initial, comme si, à l’unisson de ses personnages, le réalisateur ne pouvait réprimer son désir de briser le silence : chez les protagonistes, évidemment, la rupture est initiée par d’inévitables maladresses. Dans la mise en scène, le film se sent à nouveau respirer lorsqu’il organise un tumulte sonore, multiplie les jump scares, l’idee étant de remplir un cahier des charges, conforme à l’image qu’on se fait d’un film d’horreur. Le long métrage se tire littéralement une balle dans le pied, au moment où celui de son héroïne rencontre un clou dans l’escalier. C’est une bascule éminemment symbolique, elle a lieu au mitan de l’histoire. A partir de là, l’œuvre rejoint un chemin balisé par l’incarnatIon du mal et, de la même façon que dans le premier Alien, le vilain monstre finissait par montrer sa frimousse, son épigone version rurale rugit de toutes ses dents, après avoir grincé comme une porte de grange. Si l’on ajoute qu’esthétiquement, la bestiole est plutôt ratée, on gage que dans vingt ans, son apparence d’araignée désarticulée nourrira quelques commentaires acides. On peut déjà se moquer de la créature ou de la manière dont les personnages féminins s’en débarrassent, aidées par un deus ex machina qui trahit une grosse fatigue scénaristique.
Dommage, car de cette réalisation inégale on retient aussi les quarante premières minutes, dont l’atmosphère apesantie par un silence obligatoire, se situe au carrefour du Salaire de la peur et du très réussi Les autres : les éclairages qui tentent de dissiper l’ombre, les gestes ralentis parce que méticuleux, configurent une ambiance totalement insolite, à rebours du tout-venant film horrifique, qui déploie trop souvent ses effets roller coaster, en croyant nous impressionner. Mais soyons fair-play : qu’une fiction d’épouvante américaine tente le pari de se taire pendant quasiment une heure, c’est tout de même une démarche qu’il convient de saluer.