Ton univers impitoyable
Le 21 avril 2013
Quand la parole n’existe plus, il ne reste que le vide, que l’on remplit comme on peut.
- Réalisateur : Amat Escalante
- Acteurs : Cirilo Recio, Laura Saldaña, Claudia Orozco
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Mexicain
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h30mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 1er février 2006
- Festival : Festival de Cannes 2005
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Résumé : Regarder des telenovelas sur le canapé ou faire l’amour sur la table de la cuisine : tel est le quotidien de Diego, fonctionnaire, et son épouse Blanca, employée dans un fast-food. Un jour débarque Karina, la fille que Diego a eue d’un premier mariage. L’homme doit alors faire face au besoin d’affection de sa fille et aux crises de jalousie de sa femme. Un événement extraordinaire le poussera à agir comme il ne l’avait encore jamais fait.
Critique : Amat Escalante joue le dépouillement, pour faire écho au vide de la vie de Blanca et Diego. Pas de musique, peu de paroles, pour aller jusqu’au bout de l’impossible communication, le néant qu’on ne sait pas remplir. Alors, il y a les telenovelas, qui leurs dialogues sucrés et se substituent à la parole, mettant en scène quelque chose qui pourrait être la vraie vie, des paroles que l’on pourrait prononcer. L’amour ne se dit pas, même lorsque Blanca tente maladroitement de mettre des mots sur ses sentiments, mais ce sont ceux des feuilletons télévisés qui ne pourront jamais bousculer le quotidien.
L’arrivée de Karina est traumatique parce qu’elle oblige à faire un choix, à être vivant. Et Diego ne sait que se perdre dans les drames télévisés ou entre les jambes de Blanca, désemparé devant l’irruption imprévue de la tendresse, de la sympathie, comme celle qui le pousse à épancher la détresse de sa collègue de travail. Il est pris au piège de l’inconnu, de l’imprévu, et il en perd tout repère, toute notion de normalité. Amat Escalante met en scène, finalement, la déroute des relations humaines lorsque la parole ne vient plus les étayer, la lente anesthésie des sentiments.
Sangre peut laisser perplexe, par cette extrême économie de moyens, cette lenteur, ce dépouillement de l’image et du son qui déshabite encore les personnages. Escalante fouille le vide pour y chercher du sens, mais derrière le masque il n’y a que le chaos.
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