Le 14 février 2023
Un deuxième film du cinéaste Ariel Escalante Meza, qui déroule dans un conte mystique et fascinant la destruction annoncée des forêts du Costa Rica et, à travers elles, du monde entier.
- Réalisateur : Amat Escalante
- Acteurs : Carlos Ureña, Sylvia Sossa, Aris Vindas, Esteban Brenes Serrano
- Genre : Drame
- Nationalité : Qatarien, Costaricain
- Distributeur : Épicentre Films
- Durée : 1h32mn
- Titre original : Domingo y la niebla
- Date de sortie : 15 février 2023
- Festival : Festival de Cannes 2022
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Résumé : Le quartier où vit Domingo, soixante-cinq ans, est menacé par des voyous engagés par un promoteur pour expulser les habitants. Domingo ne compte pas abandonner sa terre, même si cela signifie recourir à la violence...
Critique : Au loin, dans ces forêts, on entend les machines infernales broyer la terre et les arbres. C’est le destin promis à Domingo, dans son bout de campagne où il vit seul, comme ses voisins qui subissent le chantage quotidien des entrepreneurs pour leur arracher leur propriété. Domingo et la brume n’est pas un film de plus aux relents écologistes. Il y a dans ce récit troublant une portée quasi fantastique, mettant dos à dos le réalisme social avec les visions de Domingo, lui-même, qui perçoit à travers la brume la présence d’êtres disparus. Le moins que l’on puisse dire est que le film échappe à toutes les conventions cinématographiques. Il hésite entre la narration surréaliste, la dénonciation criarde contre la destruction de la planète, le pamphlet et même l’intrigue politique. Le héros se dandine sur les chemins, quand il n’est pas complètement bourré, à l’affût de ces immenses bans de brume, regardant l’univers changer, les repères se bousculer et peut-être la fin du monde arriver.
- © 2022 EICTV. Tous droits réservés.
La caméra d’Ariel Escalante Meza suit le quotidien agraire de cet homme qui survit avec le lait que produisent ses vaches, ses sous de côté et surtout ces apparitions nocturnes fantomatiques et inquiétantes. Il y a de la solitude chez lui, de la résignation aussi à sauver ses terres contre les industriels, et du découragement parfois qui le pousse à s’enfuir dans la forêt. À travers lui, c’est tout le peuple costaricain qui est condamné à la misère et à l’abandon. Le travail sur le son est très poussé. Le film réussit à mettre en symbiose le bruit de la nature, celui des machines qui détruisent la forêt et une musique contemporaine absolument inquiétante. La couleur et la lumière participent à ce poème fantastique avec, pour point de mire, cet homme âgé, vêtu de son imperméable jaune qui brille comme un espoir à travers les paysages embués par les nuages. La fiction pose beaucoup de questions. Cette brume n’est-elle pas le signe des âmes humaines qui s’élèvent après la mort vers le ciel ou plus simplement d’une nature qui se désagrège lentement ?
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Le long-métrage raconte dans une langue brute la misère auquel le système capitaliste confronte la population locale, contrainte à vendre leur lopin de terre pour une bouchée de pain. Plus rien ne semble sauvable. Sauf peut-être l’espoir et le militantisme de Domingo qui n’a plus rien à perdre. Voilà donc un film qu’il faut aborder pour ce qu’il est : un objet hybride qui ressuscite le souvenir des populations costaricaines brimées par un capitalisme farouche et sans limite qui a érigé en dictature la contestation communiste et syndicale. Cela en fait une œuvre fascinante, paisible aussi par certains aspects, qui ouvre à la conscience du spectateur, une autre dimension de la vie.
– Sélection officielle Cannes 2022 : Un Certain Regard
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