Le 6 janvier 2022
Une perle rare et méconnue à (re)découvrir, emblématique de l’art du toujours sous-estimé Peter Bogdanovich.
- Réalisateur : Peter Bogdanovich
- Acteurs : Ben Gazzara, Denholm Elliott, Joss Ackland, George Lazenby, James Villiers
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Carlotta Films
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h52mn
- Reprise: 17 octobre 2018
- Box-office : 61 795 entrées France / 30 352 entrées Paris-périphérie
- Titre original : Saint Jack
- Date de sortie : 5 décembre 1979
- Voir le dossier : Carlotta Edition Prestige
- Festival : Festival de Venise 1979
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Résumé : Dans les années 1970, Jack Flowers ouvre une maison close à Singapour où il espère faire fortune et son ami, le comptable William Leigh, le soutient dans son entreprise. Toutefois, Jack doit faire face à la pègre locale hostile à son activité. La réalité de la guerre du Vietnam intervint dans son quotidien quand la CIA lui propose d’ouvrir une activité similaire spécialement destinée aux soldats en permission.
Critique : Réalisateur important des années 70, Peter Bogdanovich n’a jamais eu la place qu’il mérite dans les annales du cinéma, en dépit de la notoriété de La Dernière séance, son film le plus célèbre. Jugé trop décalé par les studios, et pas assez novateur par les cinéphiles qui préféraient défendre Scorsese ou Altman, Bogdanovich a surtout souffert d’un manque de succès au box-office, ce qui a nui à sa réputation, sans en faire pour autant un cinéaste maudit. Estimé mineur à sa sortie, Saint Jack est à réévaluer et constitue une pièce maîtresse de sa filmographie. Produit par Roger Corman, le métrage brille d’abord par un scénario culotté (inimaginable aujourd’hui), faisant d’un proxénète américain expatrié un personnage positif, au-delà de ses zones d’ombre. Ben Gazzara lui apporte le détachement qu’il avait manifesté dans Meurtre d’un bookmaker chinois. S’adonnant à son activité en dilettante mais avec détermination, il témoigne de la compassion pour ses girls, arrose de bakchichs les autorités locales, tout en s’attirant les foudres des concurrents chinois.
- © Carlotta
Il règne dans Saint Jack une atmosphère crépusculaire, imprégnée de fin de règne post-colonialiste, avec un ton oscillant entre la dérision et la noirceur, qui n’est pas sans évoquer Coup de torchon de Bertrand Tavernier, mais aussi tout un pan du cinéma américain de l’époque accompagnant la fin de l’empire américain, et traumatisé par la guerre du Viêt Nam : sorti la même année qu’Apocalypse Now et Voyage au bout de l’enfer, Saint Jack rencontra moins d’audience mais n’en apporte pas moins sa pierre à l’édifice de la dénonciation de la dérive des États-Unis dans ce conflit. On citera à ce sujet le passage au cours duquel la CIA propose à Jack Flowers de gérer un bordel tenant lieu de repos du guerrier pour les boys : l’agression d’une prostituée singapourienne par un très jeune militaire américain s’inscrit dans la lignée d’images de fiction emblématiques de cette période, et qui culminera dans Outrages de Brian De Palma, à la décennie suivante.
- © Carlotta
Mais on aurait tort de réduire Bogdanovich à un rôle de messager politique puisque Saint Jack est avant tout un bel exercice formel, dont la meilleure séquence est sans doute celle qui voit notre antihéros payé par les services secrets pour espionner et piéger un sénateur démocrate trop porté sur les parties fines avec des garçons, et interprété par George Lazenby, ex-(et éphémère) James Bond : les dix minutes qui montrent le traquenard, filmées en temps réel avec une louable économie de dialogues, confirment que Bogdanovich maîtrise l’art du découpage et de la narration. On ne peut donc que louer l’initiative de Carlotta de sortir en salles une copie restaurée de cette perle rare, en plus de splendides éditions Blu-ray. Et pour un éclairage de l’ensemble de l’œuvre du réalisateur, il est conseillé de lire Le Cinéma comme élégie, conversation avec Peter Bogdanovich, de Jean-Baptiste Thoret, également édité par Carlotta.
Le Blu-ray
Sortie le 10 octobre 2018 - Édition Prestige #06
Blu-ray + DVD + Memorabilia
Version Originale DTS-HD MA 2.0 / Version Française DTS-HD MA 1.0 • Sous-Titres Français • Format 1.78 • Couleurs •Durée du Film : 115 mn
Version Originale Dolby Digital 2.0 / Version Française Dolby Digital 1.0 • Sous-Titres Français • Format 1.78 • 16/9 compatible 4/3 • Couleurs • Durée du Film : 110 mn
Les suppléments :
– ENTRETIEN AVEC PETER BOGDANOVICH (20 mn)
Le réalisateur Peter Bogdanovich revient sur la genèse de Saint Jack et évoque son amitié avec Roger Corman ainsi que l’influence de certains cinéastes comme Orson Welles ou Jean Renoir sur son œuvre.
– SOUVENIRS DE "SAINT JACK" (32 mn)
Trente ans après le tournage, des membres de l’équipe du film, amateurs et professionnels, se retrouvent et évoquent leurs souvenirs de Saint Jack.
– SPLENDEURS DORMANTES À L’AUBE (16 mn)
Retour en photos sur les lieux de tournage de Saint Jack, témoignant de l’incroyable transformation de la ville de Singapour entre 1978 et 2016.
– BANDES-ANNONCES
MEMORABILIA
– 8 PHOTOS INSTANTANÉES
– 5 PLANCHES-CONTACTS
– 5 CARTES POSTALES
– 1 AFFICHE
- Edition Prestige numéro 6 (Carlotta)
- © Carlotta
Galerie Photos
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