Le 20 août 2015
Peter Bogdanovich signe un hommage enlevé et drôle à la comédie d’antan.
- Réalisateur : Peter Bogdanovich
- Acteurs : Owen Wilson, Imogen Poots, Illeana Douglas
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Metropolitan Video
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 22 avril 2015
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Sortie DVD : le 24 août 2015
Peter Bogdanovich signe un hommage enlevé et drôle à la comédie d’antan.
L’argument : Lorsqu’Isabella rencontre Arnold, un charmant metteur en scène de Broadway, sa vie bascule. À travers les souvenirs – plus ou moins farfelus – qu’elle confie à une journaliste, l’ancienne escort girl de Brooklyn venue tenter sa chance à Hollywood, raconte comment ce « rendez-vous » lui a tout à coup apporté une fortune, et une chance qui ne se refuse pas... Tous ceux qui se trouvent mêlés de près ou de loin à cette délirante histoire vont voir leur vie changer à jamais dans un enchaînement de péripéties aussi réjouissantes qu’imprévisibles. Personne n’en sortira indemne, ni l’épouse d’Arnold, Delta, ni le comédien Seth Gilbert, ni le dramaturge Joshua Fleet, pas même Jane, la psy d’Isabella...
Notre avis : Cinéphile, professeur de cinéma, critique et réalisateur, Peter Bogdanovich mène une carrière discrète, dont Broadway Therapy résume les multiples aspects. Le film s’ouvre et se clôt sur un hommage appuyé au cinéma hollywoodien classique (chanson de Fred Astaire, extrait de La folle Ingénue de Lubitsch), mais c’est le long-métrage entier qui constitue un hommage, un « à la manière de ». On reconnaîtra dans ce geste maniériste diverses influences explicites ou pas (les dialogues doivent beaucoup à Hawks, par exemple, et, bien sûr, la référence la plus évidente est celle de Woody Allen, jusqu’aux teintes chaleureuses qu’il retrouve pour mettre en scène New-York) mais c’est aussi une œuvre profondément autobiographique, ce que les bonus éclairent brillamment.
Comme dans toute bonne screwball comedy, l’histoire est irracontable : elle tient par l’énergie, les dialogues, et l’abattage des acteurs, plus que par des situations déjà vues. Malicieusement, Bogdanovich répond par avance dans le film à ce dernier point en moquant la prétention à l’originalité. Alors on avance en terrain connu, ce qui n’est certes pas désagréable et l’on se délecte des multiples variations opérées. Car le cinéaste connaît ses classiques, il les a longtemps médités ; il sait que tout est affaire de rythme dans la comédie : le sien est imparable, sans temps morts. On navigue d’un quiproquo à l’autre, dans quelques lieux clos (restaurant, hôtel, théâtre) où un « hasard » scénaristique s’ingénie à regrouper tous les personnages pour des joutes verbales étourdissantes, mais aussi quelques baffes bien senties. Pour souder l’ensemble, Bogdanovich utilise des motifs (les répliques, comme le fameux écureuil lubitschien, et les situations qui se répètent) qu’il entrelace avec habileté sans que le spectateur soit noyé dans les rebondissements.
© Metropolitan FilmExport
Par moments, le film dépasse l’hommage burlesque pour viser le commentaire : cette fonction est confiée à Isabella, la narratrice, qui donne le programme dès le début, en parlant de miracle et de magie ; mais elle instaure aussi une distance amusée avec des répliques qui réagissent à l’histoire et à sa prévisibilité. Ces moments, loin de gêner le déroulement du film, lui ajoutent un sel supplémentaire, comme le passage « philosophique » sur la licorne.
Sans en avoir l’air, Brodway Therapy brocarde également nos travers contemporains : les névroses de chacun, l’obsessionnelle instabilité sont mises en évidence de manière réjouissante. Plus souterrainement encore, il se pourrait bien que le film soit une interrogation sur l’identité : les deux personnages principaux ont ainsi plusieurs noms et le détective pathétique endosse de grotesques déguisements.
Peter Bogdanovich a du métier : sa gestion notamment de l’espace clos est parfois inventive et toujours très sûre. Il sait également diriger les comédiens à la limite du cabotinage ; ils assurent tous le spectacle ( mention spéciale à Jennifer Aniston en psy rigide et névrosée), ce qui joue fortement sur le charme de ce petit film léger, pétillant, qui constitue une leçon de vie optimiste et joyeuse. La surprise de l’intervenant final peut se lire comme un hommage à un autre cinéphile ou comme une main tendue, un passage de relais.
Les suppléments :
Les Coulisses du tournage, suite de prises de paroles promotionnelles (16 minutes), L’ouverture avec cartons en anglais (2mn30) et les quelques bande-annonces sont de peu d’intérêt. En revanche l’entretien avec le cinéaste qui revient sur la genèse mais aussi sur la partie autobiographique du film (15mn) et l’article de Nicolas Rioult, La Renaissance de la licorne sont passionnants.
L’image :
Impeccable restitution des choix du chef-opérateur, avec ses couleurs chaudes. On est dans le haut de gamme du DVD.
Le son :
Les deux pistes (vo et vf) Dolby Digital 5.1 mettent en valeur, évidemment, les dialogues. Mais la musique, sautillante et omniprésente, est elle aussi limpide. Ce n’est pas un son spectaculaire, bien sûr ; la précision et la finesse n’en sont pas moins remarquables.
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