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Le 20 septembre 2006
Trois familles hongroises aux prises avec l’Histoire et leurs désirs. Presque aussi enivrant qu’une madeleine de Proust.
Des années 30 aux années 60, Magda Szabo retrace l’itinéraire de trois familles hongroises aux prises avec l’Histoire et leurs désirs. Réduites à quelques épisodes qui ne cessent de refaire surface, ces vies ont quelque chose de presque aussi enivrant qu’une madeleine de Proust.
Tout commence par la fin. Un appartement dans le Budapest des années soixante où des êtres tentent de cohabiter emprisonnés dans des souvenirs communs, une Hongroise exilée sur une île qu’on imagine grecque et une adolescente tout juste sortie de l’enfance qui déambule entre les vivants et les morts pour finalement retrouver la rue où elle a grandi, la narration de Magda Szabo a quelque chose de déroutant. Puis tout prend forme : trois familles, quatre enfants, deux sœurs, un garçon et une petite fille, Henriette. Leurs jeux, leurs premiers émois, le caractère qui se forge, les désirs qui naissent et les premières craquelures. Puis, tout se fige et le cours des choses, la guerre, le deuil, les espoirs inassouvis, les expropriations, remplacent la photographie idyllique.
En recourant à plusieurs types de narrations, Magda Szabo n’hésite pas à grossir les traits de ses personnages pour mieux faire ressentir tout ce qui sépare leur forme réelle de celle qu’ils auraient voulu revêtir. Ils semblent prisonniers d’un corps et d’un caractère qui ne leur correspondent presque jamais. Impossible dès lors de ne pas croire que les fantômes ne sont pas en quelque sorte plus réels que les vivants. Les êtres sont ainsi réduits à une dimension plus essentielle que celles façonnées par les contingences du temps et de l’espace : leurs désirs. Désirs d’être beau, d’être sage, d’être heureux ou d’être digne malgré les tourbillons de l’histoire, les mésaventures de la rue Katalin, tout en suggestions, deviennent tout simplement bouleversantes.
Une quête de soi fantasmée, un deuil de ses rêves, quand tout cela se confronte au quotidien, à la mort ou au sens de l’Histoire, il semble qu’on touche là à quelque chose d’essentiel.
Magda Szabo Rue Katalin (traduit du hongrois par Chantal Philippe), éd. Viviane Hamy, 2006, 250 pages, 21,50 €
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