Le 6 mai 2023
Un biopic convenu, dont la fausse extravagance fait doublon avec son sujet.
- Réalisateur : Dexter Fletcher
- Acteurs : Jamie Bell, Richard Madden, Taron Egerton
- Genre : Biopic, Comédie musicale
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Date télé : 29 juin 2022 23:05
- Chaîne : M6
- Date de sortie : 29 mai 2019
- Festival : Festival de Cannes 2019
Résumé : "Rocketman" nous raconte la vie hors du commun d’Elton John, depuis ses premiers succès jusqu’à sa consécration internationale. Le film retrace la métamorphose de Reginald Dwight, un jeune pianiste prodige timide, en une superstar mondiale. Il est aujourd’hui connu sous le nom d’Elton John. Son histoire inspirante – sur fond des plus belles chansons de la star – nous fait vivre l’incroyable succès d’un enfant d’une petite ville de province devenu icône de la pop culture mondiale.
Critique : On peut d’abord se délecter -si l’on aime Elton John- à entendre les grands tubes de l’extravagante star pop (de Honky Cat à Rocket Man, en passant par quelques secondes de Sorry Seems To Be The Hardest Word ou Candle in the Wind). Ce juke-box visuel est toujours agréable, d’autant que Taron Egerton soutient le film à la force de son énergie, ce qui devient presque une banalité, dès lors que l’on parle d’un biopic. Et c’est aussi le problème, puisque les autres personnages sont, comme trop souvent dans cette configuration, réduits à l’état de sparring-partners. Mais le principal souci de cette quantième biographie filmée, c’est bel et bien son sujet, dans la mesure où la mise en scène du corps de la star, de ses costumes extravagants, fait de cette œuvre un quasi doublon et un non-sens : Elton John, plus que toute autre immense vedette, est un film à lui seul et son allégeance au glam rock scénarise par essence n’importe laquelle de ses prestations. Alors à quoi bon tenter de reproduire ce qui fut fait et plutôt bien fait ?
D’autant que le film s’embarrasse d’un contraste de couleurs assez pataud pour signifier la dualité entre l’homme et l’artiste (le marron terne côté ville, les couleurs vives côté scène) et nous rejoue, sur le mode d’une narration linéaire, l’éternelle invariant de la vulgate psychologisante : le malaise derrière la démesure ou le malaise à l’origine de la démesure. Découvrez l’homme sous le masque de l’artiste, c’est à peu le slogan que déclinent jusqu’à plus soif un grand nombre de biographies filmées et particulièrement celle-là, qui évidemment s’immisce dans les coulisses où se disent de grandes phrases définitives, lestées d’une schizophrénie attendue ("Ils ne paient pas pour voir Reg Dwight, ils paient pour voir Elton John :"). L’impression de fureter dans l’intimité de la création, des salons familiaux ou des alcôves interdites, nous donne la fausse certitude d’en savoir plus. Un vrai tic delahoussien, en somme.
Il y a bien des années, Isabelle Adjani chantait : "J’te referai plus l’plan d’la star/Qui a toujours ses coups de cafard". On aurait aimé qu’à cette configuration attendue, ce long métrage substitue un autre schéma. Peine perdue.
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Julia Tequi 23 juillet 2019
Rocketman - Dexter Fletcher - critique
Un film émouvant et flamboyant !
Alors certes, arriver après « Bohémian Rhapsody » n’était pas forcément simple, souffrir de la comparaison est malheureusement évident et pourtant, ils sont totalement différents l’un de l’autre. Là où le premier était plus dramatique et malgré le fait que celui-ci ne soit pas tout rose non plus, il est néanmoins plus enjoué, on le sent plus punchy, plus joyeux, pas moins sérieux, mais peut-être plus léger. Je pense que c’est aussi dû à la petite dose de folie qui y a été insufflée, à l’image du chanteur, il y a un petit quelque chose de loufoque, une certaine magie, pour des instants hors du temps. Ce sont quelques scènes moins ancrées dans la réalité, mais qui correspondent à l’extravagance, à l’imagination et à la poésie du personnage, qui m’ont vraiment fait rêver. Il faut aussi savoir que de nombreux passages sont traités à la façon d’une comédie musicale, chorégraphies et chansons sous-titrées seront au programme, pas tout le long cependant et c’est justement pour ça qu’on les apprécie autant. Là encore, ils viennent ajouter une vraie originalité, une identité tout à fait unique, c’est aussi un autre rythme, c’est plus dynamique et entraînant, ça donne immédiatement envie de bouger. J’ai tout particulièrement aimé la réalisation de Dexter Fletcher, ultra colorée et pleine de vie, c’est exactement ce qu’il fallait, c’est tout à fait à l’image de l’excentricité du chanteur et c’est ce que l’on pouvait attendre. Visuellement, il n’y a rien à dire, c’est tout simplement sublime, les quelques effets spéciaux sont excellents, les costumes sont tout simplement bluffants et surtout tellement symboliques de son parcours. En ce qui concerne le scénario, il reste assez simple en soi, c’est un biopic, l’histoire vraie, la vie de cette star mondiale, ce personnage haut en couleur qu’est Elton John. Mais justement, tout l’intérêt réside dans le chemin qui a conduit cet enfant timide, sur le devant de la scène, en devenant ce chanteur incroyablement doué et finalement, assez mythique. Je me suis alors rendue compte que je ne le connaissais pas si bien que ça et je dois dire que ce que j’ai découvert est assez poignant. Très loin des apparences, il n’a pas eu une vie facile, une enfance avec des parents qui n’en ont que le nom, un manque cruel d’affection et de repères, de quoi le faire grandir avec un cadre assez précaire. À travers ses chansons, on comprend ce qui a pu le pousser dans les frasques qu’on lui connaît, les drogues et l’alcool, de quoi surmonter un mal-être profond et de terribles manipulations de son entourage. Alors même si l’on prend un plaisir monstre avec la bande-son absolument culte à mes yeux, nous serons surtout bouleversés par cette vie qui nous sera contée avec tant de sensibilité. Quant au casting, je ne m’attendais pas à voir un Taron Egerton aussi magistral, j’ai beaucoup aimé Jamie Bell et Richard Madden est incroyable dans ce rôle pourtant assez affreux.
En bref : Un biopic plein de vie, qui dégage une joie de vivre immanquablement communicative, malgré de réelles difficultés, c’est une histoire qui nous donne le sourire et l’espoir en un jour meilleur !