Robinsons, père & fils - La chronique BD

L’avènement du roman graphique a fait que raconter sa vie, aussi banale et ordinaire soit-elle, peut être une matière évidente et pertinente. Bien évidemment, si la vie est tumultueuse, qu’elle sort de l’ordinaire, ou qu’elle fait découvrir des éléments exotiques au lecteur, cela aide à lui donner une visibilité, une attraction. Tronchet a choisi de fracasser son quotidien de citadin bien installé en allant s’installer pour quelques mois loin de ce que l’on appelle communément, et peut-être à tort, la civilisation. Dans sa démarche, il n’y a aucune prétention, aucun message à faire passer. Comme Robinson, il va plutôt exprimer son ressenti, qui passe par un tourbillon de sensations qui désorientent, avec en fond son jeune fils qui s’éloigne et grandit, comme si la distance était sa seule compagne sur cette île. Heureusement, beaucoup d’humour et de petites anecdotes viennent s’agréger, compléter cette réflexion, et il est intéressant de voir comment le fils, très implanté et heureux, va finalement risquer sa vie durant le séjour. Un incident qui ne doit pas faire oublier le danger de vouloir une nouvelle vie...

Didier Tronchet / Delcourt

Le dessin de Tronchet ne réserve pas de vraies surprises : plein d’humour, sans complaisance pour les personnages, et lui-même en particulier, l’auteur peint des places paradisiaques mais sait aussi montrer un tas d’ordures qui la jouxte. Dans cet album tout de bleu, blanc et jaune, il y a certaines pages, de nuit ou de tempête, qui interpellent, de même que les pensées de l’auteur ont souvent une tendance au morbide qui s’inscrit en contraste avec le reste du paysage. L’ensemble, de fait, ressemble au style habituel, même si la part autobiographique le bouscule un peu.

Didier Tronchet / Delcourt

Récit personnel et plein de vérités, il ne recèle aucun message ou culpabilité pour le lecteur, qui lira avec plaisir cette odyssée d’un Robinson moderne, sans fracas ni morgue, mais avec plaisir et un poil d’exotisme toujours bienvenu.