Le jardinier obstiné
Le 23 avril 2013
Du 24 avril au 3 juin la Cinémathèque Française consacre une indispensable rétrospective à l’oeuvre protéiforme de celui qui se définit lui-même comme jardinier-réalisateur.

- Réalisateur : Alexander Kluge
- Plus d'informations : http://www.cinematheque.fr/fr/dans-...
- Festival : Rétrospective

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Du 24 avril au 3 juin la Cinémathèque Française consacre une indispensable rétrospective à l’oeuvre protéiforme de celui qui se définit lui-même comme jardinier-réalisateur.
L’argument : C’est un des chefs de file de ce que l’on a appelé, au début des années 60, le nouveau cinéma allemand. Il fit partie de ceux qui furent à l’initiative du manifeste d’Oberhausen en 1962. Son œuvre, qu’elle soit documentaire ou de fiction (Anita G.,Travaux occasionnels d’une esclave, Ferdinand le radical), entreprend une critique sociale et politique de l’Allemagne contemporaine. (Programme de la Cinémathèque)
Notre avis : Dans le mot d’introduction à la rétrospective que la Cinémathèque Française lui consacre du 24 avril au 3 juin 2013 Alexander Kluge compare cette entrée tardive dans la maison tant désirée au retour d’Ulysse à Itaques.
Comme ce dernier se faisant attacher au grand mât de la raison pour s’exposer au chant des sirènes sans se boucher les oreilles (il se rend à l’inconscience - sa manière à lui de résister) le cinéaste se place, une fois encore, dans l’héritage de ses maîtres à penser, Max Horkheimer et Theodor W. Adorno, analystes du CONTEXTE D’AVEUGLEMENT, cette malédiction propre à la modernité.
- Alexander Kluge
Entamée il y a plus de 50 ans (Brutalität im Stein, 1960), l’oeuvre obstinément construite (Pasolini dixit) et protéiforme (cinéma, télévision, livres, installations) de celui qui se définit lui-même comme jardinier réalisateur a pris depuis longtemps des proportions démesurées, encyclopédiques (son adaptation impossible du Capital de Marx/Eisenstein dure à elle seule près de neuf heures et demie) qui ne doivent pas décourager le néophyte. Car son didactisme enjoué fait se rencontrer radicalisme théorique et poésie, ne cessant de réaffirmer un optimisme d’au delà du désenchantement.
- Alexander Kluge - Edition Filmmuseum
Le cinéaste accompagnera bien sûr la rétrospective, organisée en partenariat avec le Goethe Institut. Une Leçon de cinéma suivra notamment, le 27 avril, la projection d’ Anita G / Abschied von Gestern.
Rappelons que l’intégralité (provisoire) des films et émissions télévisées de Kluge est disponible en DVD dans des éditions très soignées (et multilingues) supervisées par le cinéaste lui-même, Choses vues distribuant en France la collection publiée par Filmuseum (15 coffrets de deux DVDs réunissant environ 200 titres de formats et de longueurs divers).
– Kluge sur Choses vues : http://www.choses-vues.com/blog/products-page/
– Le site du réalisateur : http://www.kluge-alexander.de/
– Kluge en 1984 (cité dans le programme de la rétrospective) : Réaliser des films est une activité rigoureusement anti-académique, c’est un métier impertinent, à fondements historiques, mais inconstant. Il y a suffisamment de divertissements soignés, de problèmes bien traités, comme si le cinéma était une promenade à travers les chemins tout tracés d’un parc. Respecter l’interdiction de s’écarter des sentiers battus a déjà voué à l’échec plus d’une révolution allemande.