Les travaux et les jours
Le 24 mai 2011
Filmant, loin de toute préoccupation sociologique, un monde paysan en voie de disparition, Michael Pilz réalise un magnifique essai poétique. Cinq heures d’enchantement.
- Réalisateur : Michael Pilz
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Autrichien
- Editeur vidéo : filmmuseum
- Plus d'informations : http://www.choses-vues.com/blog/2010/12/le-ciel-et-la-terre-de-michael-pilz/
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– Durée totale : 4h45mn
– 1ère partie : Die Ordnung der Dinge - l’ordre des choses, 2h16mn
– 2ème partie : Der Lauf der Dinge - le cours des choses, 2h29mn
Filmant, loin de toute préoccupation sociologique, un monde paysan en voie de disparition, Michael Pilz réalise un magnifique essai poétique. Cinq heures d’enchantement.
L’argument : La vie d’un village de haute-montagne (Sankt-Anna) en Styrie, une province autrichienne proche de la Slovénie. Une méditation sur le temps, la nature et la lutte incessante des hommes pour survivre, aussi bien que l’enregistrement d’un mode de vie très ancien en train de disparaître.
Notre avis : En filmant pendant plusieurs saisons, de 1979 à 1982, la vie des habitants du village de Sankt-Anna, dans un coin un peu reculé de Styrie, Michael Pilz n’a pas réalisé un documentaire ethnographique ou sociologique. Car le cinéma que pratique cet artiste singulier, à l’oeuvre aussi abondante que variée (documentaires, films expérimentaux mais aussi fictions, sur divers supports et en divers formats) n’est pas sans évoquer celui de Mekas ou de Morder .
Un des cartons qui ponctuent Himmel und Erde, dit Tout est en nous . Pour Pilz la caméra n’est certainement pas un simple outil d’enregistrement d’un réel préexistant. Le cinéaste, même s’il n’apparaît pas à l’image, est au centre du film, espèce de journal intime qui recueillerait une somme d’impressions pour les retravailler et construire une véritable cosmogonie intime, à la fois ample et modeste.
Car, prenant le temps d’observer les travaux des champs, les cérémonies religieuses ou les fêtes de village, écoutant ses interlocuteurs parler de leur vie et de leurs préoccupations, filmant les enfants à l’école ou pendant leurs jeux, captant avec une étonnante sensibilité atmosphérique les paysages rudes et montagneux au fil des saisons, le cinéaste place certes la perception du monde au coeur de son travail, mais ce matériau est transformé au cours d’un processus d’associations et de recréation poétique recourant aux inserts, aux ralentis, aux collages sonores et visuels sans que l’aspect formel soit jamais mis en avant de manière ostentatoire.
Citant la Bible ou Lao Tseu, les voix off ne commentent pas ce que nous voyons, ne nous en livrent pas le sens, mais agissent en contrepoint sonore, rajoutant simplement une dimension à l’ensemble. Car rien ne pèse ici, aucun discours ne surplombe ce film empreint de joyeuse légèreté.
La vision d’un tracteur avançant dans la brume du petit matin sur un chemin entre les arbres d’une forêt, ou les gestes d’une paysanne balayant le plancher de sa ferme nous arrivent avec une immédiateté ignorant le second degré.
C’est à une redécouverte émerveillée et ininterrompue du monde que nous convie Michael Pilz au fil de ces presque cinq heures d’émerveillement de tous les instants.
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Le DVD
Le Musée du Cinéma de Vienne a édité le film de Michael Pilz sous forme de double DVD, disponible en France auprès de Choses vues, dans la collection Filmmuseum en même temps qu’une monographie (en allemand uniquement) intitulée Auge, Kamera, Herz (oeil, caméra, coeur).
Les suppléments
Pas de compléments de programme sur les disques mais un livret illustré contenant un texte remarquable de Michael Pekler (en allemand et en anglais). Pour en savoir plus il faudra se rendre sur le site du cinéaste.
Image
Tout le charme du 16mn gonflé en 35, avec évidemment un grain perceptible mais la restauration est de qualité, les couleurs sont belles et le transfert numérique irréprochable.
Son
Son mono bien entendu, parfois légèrement saturé mais très correct néanmoins. Signalons que les sous-titres français déclarent parfois forfait face aux conversations en dialecte, incompréhensibles même pour des allemands, mais cela n’est pas très gênant.
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