Fellini l’avait pressenti !
Le 24 avril 2002
Plus rebelle que jamais, Felini fait de son orchestre une métaphore de la société toute entière.
- Réalisateur : Federico Fellini
- Acteurs : Balduin Baas, Clara Colosimo
- Genre : Drame, Musical
- Nationalité : Italien
- Editeur vidéo : Gaumont/Columbia/Tristar Home Video
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– Durée : 1h10mn
– Titre original : Prova d’orchestra
Le film en 1979 fait beaucoup de bruit. Il est une parabole sur la menace fasciste qui sévit alors en Italie. En ce sens il est à la fois un film bilan et précurseur des événements actuels en Italie, mais aussi en France, violemment. Interrogé à la sortie de son film, Fellini parle comme s’il vivait les événements aujourd’hui en France, et dans le reste du monde : "Tous les événements
horribles que nous vivons ne sont pas de la politique, ce sont des confusions, des désastres, des déchirures profondes.
Je ne sais pas, moi, ce qu’on peut faire pour changer la société, mon propos s’adresse toujours à l’individu. Et alors, au lieu de nous transmettre des infos politiques, transmettons-nous les infos de notre inconscient. Le film parle des conséquences de l’éloignement de notre inconscient au profit d’une espèce de "super-conscience collective" qui est la politique."
Répétition d’orchestre nous montre un chef d’orchestre (d’origine allemande !) diriger de main de fer son orchestre italien. Le conflit commence, et l’orchestre finit par se mutiner. Le film se déroule uniquement en huis clos et ne montre finalement que des artistes loin a priori des réalités du monde, et cela n’est évidemment pas le cas. Ainsi, Fellini fait éclater une guerre interne lors des répétitions de l’orchestre et dévoile les béances actuelles.
Qui a le pouvoir ?
Qui a le droit de l’avoir ?
Pourrait-on se passer d’un chef ?
Mais tout chef n’est-il pas forcément monstrueux ?
Et la meute est-elle forcément bête et dangereuse ?
Loin de prétendre donner des leçons, et des solutions, Fellini fait de son œuvre un lieu de libertés, un des derniers possibles en ce monde, et il bouclera son film dans l’ambiguïté la plus totale, ambiguïté qui provoqua quelques critiques à l’époque:l’orchestre, à la fin, se remet aux ordres du chef et sa voix nasillarde d’hurler longtemps encore après la dernière image, dans l’obscurité effrayante d’une résurgence totalitaire.
Fellini avoue : "Je refuse le happy end parce qu’il enlève leur responsabilité aux spectateurs. Au contraire, si je termine par un point d’interrogation, c’est aux spectateurs de trouver une bonne fin à mon histoire. Dans tous mes films, j’ai été fidèle à ces points de suspension, je n’ai jamais écrit le mot "fin" à l’écran."
Et dans ce refus de la fin, il y a là aussi l’esprit libre et rebelle, de ce cinéaste phare, donnant au cinéma sa grandeur d’interprétation et démontrant, ainsi, la place résolument réactive, de tous les spectateurs. Car l’orchestre, c’est nous, nous avons les chefs que nous méritons, à nous seuls de (dé)jouer la musique en marche.
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