Le 15 avril 2014
Un documentaire qui filme sur le vif la première rencontre amoureuse, au risque parfois d’agacer le spectateur par le comportement surprenant de certains protagonistes.
- Réalisateurs : Maroussia Dubreuil - Alexandre Zeff
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Durée : 1h15
- Date de sortie : 16 avril 2014
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Un documentaire qui filme sur le vif la première rencontre amoureuse, au risque parfois d’agacer le spectateur par le comportement surprenant de certains protagonistes.
L’argument :Un été, des femmes et des hommes célibataires se rencontrent pour la première fois, autour d’un verre, dans des cafés, à Paris.
© JML Distribution
Notre avis : Avec le développement d’internet (sites de rencontres, réseaux sociaux) et des nouvelles technologies (webcams, smartphones), les moyens de communiquer avec autrui n’ont jamais été aussi importants. Paradoxalement, on a jamais compté autant de célibataires en France.
Maroussia Dubreuil et Alexandre Zeff ont eu l’idée de faire un film autour de la première rencontre amoureuse, tout simplement intitulé Rencontres. Leur documentaire n’explique pas de quelle façon les personnes que l’on voit à l’écran ont été choisies. Les deux co-réalisateurs se sont concentrés sur la première rencontre entre deux êtres.
On suit de cette manière dix “couples” d’hommes et de femmes, de tous âges, de toutes professions, qui font connaissance dans un bar. La caméra est fixe et permet d’observer le face-à-face entre un homme et une femme lors de ce rendez-vous. Le fait de ne pas bouger la caméra et de procéder à aucun commentaire en voix off donne l’impression d’une certaine spontanéité, même si les plans ne sont pas montrés en continu et que le montage a son importance dans la présentation de ces personnes.
Après le passage des dix couples, on constate des problèmes bien réels de communication. Alors que la première impression laissée est essentielle pour espérer autre chose que ce seul rendez-vous, plusieurs des protagonistes ne semblent passionner que par... eux-mêmes ! On a par exemple cette jeune femme fan d’origami qui est incapable d’évoquer autre chose que sa passion pour ce loisir. On a aussi cet homme extraverti qui apprécie principalement le fait de parler de lui et de la ville dans laquelle il réside. Dans ces conditions, il n’est pas évident de séduire quelqu’un quand on est incapable de s’ouvrir à l’autre.
La communication est encore plus ardue quand un Parisien engage la conversation avec une Anglaise et qu’aucun des deux ne maîtrise la langue de l’autre. Le relationnel est forcément compliqué. L’homme fait preuve de surcroît d’un humour très relatif lorsqu’il déclare à son interlocutrice : “be careful a cat un chat au féminin ça a un sens particulier en français.”
© JML Distribution
Et puis quand la communication a lieu, il y a parfois un gouffre d’incompréhension, à l’image de cette discussion entre un jeune homme et une jeune femme :
“C’est quoi le secret ? Pourquoi on ne vous comprend pas les femmes ? - Parce que on parle trop. - C’est pas parce que vous parlez trop. C’est que c’est parfois inutile ce que vous dites. Vous l’avez dit. Vous vous répétez.”
Pour un autre homme, “les femmes c’est comme une race à part.”
La variété des sentiments et des comportements apparaît bien dans ce documentaire. Plusieurs personnes sont exaspérantes – et rendent le documentaire parfois relativement agaçant à regarder – par leur incapacité à communiquer avec l’autre ou tout simplement par leur individualisme exacerbé. Plusieurs hommes qui ont été filmés donnent le sentiment de disposer d’un ego surdimensionné. L’un d’entre eux raconte en toute humilité : “’ce que je vais dire ça peut paraître extrêmement prétentieux mais apparemment je reflète le fantasme japonais.”
On comprend aisément que la plupart des rencontres filmées n’auront aucun lendemain. Cela ne surprend guère. C’est plutôt ce manque d’envie de connaître l’autre, de séduire, qui étonne. Ils sont peu nombreux à dire des choses aussi simples et agréables telles que : “regarde, toi t’es mignonne.”
On a affaire dans ce documentaire à toutes sortes de personnes : celles qui sont imbues d’elles-mêmes, désabusées, ont une passion dévorante, ou encore n’ont pas grand chose à dire.
Rencontres ne constitue pas à proprement parler une analyse sociologique puisqu’il se contente de prendre sur le vif les dialogues des différents couples filmés. Il n’en demeure pas moins qu’il est le témoin de notre époque contemporaine où les gens ont de plus en plus de mal à se comprendre, à faire des concessions et à être ensemble. Ces rendez-vous manqués font de Rencontres un film sur la solitude.
Que deviendront ces personnes filmées le temps d’une rencontre ? Trouveront-elles l’âme sœur ? On ne le saura jamais. Et c’est peut-être une des limites de documentaire. Si on se réjouit de ces dialogues pris sur le vif, il y a tout de même dans l’ensemble un côté superficiel qui n’est pas dû uniquement au manque d’intérêt de certaines discussions ou au côté peu aimable de certaines personnes. Il eut été appréciable de filmer plusieurs fois la même personne lors de différentes rencontres, et de la suivre ainsi dans sa quête d’amour. Évidemment, cela n’aurait plus été le même film mais cela aurait permis de se faire une idée plus précise sur les comportements et sur le désir de la rencontre amoureuse.
Au final, à travers dix rendez-vous, ce documentaire dresse le portrait inachevé d’une société individualiste, où l’incommunicabilité et la futilité n’ont jamais été aussi prégnantes. Rencontres pourrait constituer le premier volet d’une trilogie où le second épisode traiterait de la relation parents-enfants et le troisième de toute la famille réunie lors du Réveillon.
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