Le 23 février 2006
- Scénariste : HUB
Rencontre avec Hub pour son grand retour à la bande dessinée !
Hub a fait la une de l’actualité BD en janvier 2005, avec une série sur le médiéval fantastique nippon, Okko. Il n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il avait débuté au milieu des années 1990 avec Kazandou. L’expérience ayant été assez désagréable, il se consacra durant huit ans au design, à l’habillage télévisé, avant de revenir à la BD.
La série Okko puise dans l’imaginaire nippon. Quelles sont vos références ?
Oui, ça a l’air. J’ai pratiqué le jeu de rôle en tant que joueur et scénariste. J’ai en particulier joué à un jeu qui s’appelait La légende des cinq anneaux, qui faisait la part belle à un Japon fantastique. Mais il était aussi très documenté sur les aspects sociaux du Japon féodal. Les films de Miyazaki m’ont aussi pas mal inspiré, et m’ont donné le goût de cette civilisation. Je me suis documenté, j’ai lu pas mal de livres. Je ne suis pas allé au Japon, j’ai peur de l’avion. Peut-être qu’un jour je vaincrai cette peur et que je partirai. Mais je ne suis pas sûr que ce soit nécessaire, à des fins de documentation. Je préfère fantasmer ce Japon fantastique, me placer sur un plan onirique...
Prenons un exemple précis : les Pennagolans, les vampires que l’on voit dans le tome 2, sont-ils des personnages existant dans le patrimoine légendaire nippon ?
Absolument. Ils sont l’une des visions du vampirisme asiatique. Pas la seule, mais l’une des interprétations. D’ailleurs, ce qui est intéressant, c’est que cette vision soit également présente dans d’autres pays, comme les Philippines, je crois... D’ailleurs, l’un des buts d’Okko, c’est aussi de présenter une créature fantastique différente, à chaque cycle. Une créature pas forcément très connue. Il y a d’autres choses, des ressorts psychologiques, un côté aventure, quête, le tout dans un cadre exotique. Histoire de renouveler un peu le genre.
Le prochain cycle d’Okko va représenter quel élément ? Quelle créature y verra-t-on ?
La Terre. La haute montagne. Pour la créature ou le mythe, je ne le dévoilerai pas. Ce sera la surprise. Par contre, ce sera très différent des créatures du premier cycle. Il faut savoir surprendre le lecteur, bien sûr. Il y aura cinq cycles d’Okko, on finira par le vide. Deux albums pour chaque cycle.
On peut constater une évolution graphique entre les deux premiers tomes d’Okko, et même à l’intérieur du premier. Okko, par exemple, a le visage plus allongé dans le second tome.
C’est tout à fait juste, dans le sens où Okko, dans les premières planches, n’était pas encore fixé, je n’avais pas encore trop défini ses caractéristiques physiologiques. Dans le tome 2, c’est plus régulier, plus fixe, mais c’est normal. Il y a peu de séries où tous les personnages sont fixés physiologiquement dès le départ.
Combien de temps mettez-vous pour faire un album ?
Environ neuf mois. J’ai trouvé mon rythme de croisière à présent.
Sur ce tome 2, vous n’êtes pas tout seul à réaliser les couleurs... En tout cas, c’est réussi. On réussit bien à se mettre dans les ambiances.
Déjà, sur le tome 1. J’ai fait les 28 premières planches, puis un de mes très bons amis a voulu faire un essai, ça a été concluant, et voilà. En fait, on travaille à deux sur les couleurs, je définis des gammes de couleurs, puis Stéphane Pelayo les réalise. Quand je dessine, j’ai tout le temps des couleurs en tête. On essaie de les tirer à l’extrême, pour faire ressortir certaines symboliques de certaines scènes. On en discute, il commence à faire les sélections, les ambiances, je reviens dessus, il les reprend... C’est vraiment du travail à quatre mains et deux cerveaux. Je fais, au niveau des couleurs, toutes les ombres en feutre, sur des photocopies des planches originales, je les scanne et les remonte après. Cela me permet de mettre un peu de "bruit" dans les couleurs numériques. Je pense que c’est une particularité que l’on voit dans très peu de bandes dessinées.
Quels sont les auteurs qui vous influencent ?
Je cite Michetz, qui pour moi, est arrivé à un sommet du récit sur le Japon médiéval. Je me suis d’ailleurs dit qu’il ne fallait pas que je m’attaque à l’historique, car j’aurais été risible par rapport à sa science. Par contre, mes références BD sont plutôt classiques. Je ne lis pas trop de bande dessinée, j’ai une très petite collection. Donc je n’ai pas vraiment de référence.
Votre technique, vous l’avez acquise par la formation ?
Non, petit à petit, vu que ça fait un moment que je suis dans le milieu du dessin, j’ai eu le temps de la peaufiner, de la tester sur d’autres designs, comme dans le jeu vidéo. J’ai fait une école de dessin avant de débuter, mais j’ai surtout eu l’impression d’en apprendre beaucoup à la sortie de cette école. Car à l’époque, j’ai rencontré pas mal de maîtres du dessin. Je me suis alors rendu compte que le chemin serait très très long, que la route serait pavée de difficultés et d’embûches. Ce qui est intéressant, c’est de se rendre compte de ses défauts, et d’essayer d’y remédier, de gravir la colline. Le jour où l’on atteint une forme de perfection, le monde doit sembler bien monotone.
Qu’allez-vous faire après ces dix albums ?
Je vais prendre quelques vacances bien méritées, je pense... (rires) Je ne sais pas ce que je ferai après. Je partirai peut-être sur la Lune, je construirai ma fusée, je ferai un grand voyage interstellaire. Mais d’ici là, il faudra que les scientifiques mettent un coup de booster, parce que leur navette spatiale n’est pas très performante... (rires) Sinon, je n’ai pas forcément d’envies de collaboration avec quelqu’un en particulier. Je me sens bien seul. Ce n’est pas de la misanthropie, mais j’aime bien écrire mes propres histoires, c’est un exercice fascinant.
(Merci à Hub pour cette interview et, si vous voulez en savoir plus, je vous invite à aller voir l’excellent site officiel d’Okko)
Galerie photos
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