Tout sur nos mères
Le 8 novembre 2010
Malgré un casting de rêve, un sujet original et de bonnes idées, la nouvelle comédie de Manuel Gomez Pereira ne parvient pas à nous convaincre.
- Réalisateur : Manuel Gomez Pereira
- Acteurs : Marisa Paredes, Carmen Maura, Veronica Forqué
- Genre : Comédie
- Nationalité : Espagnol
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– Durée : 1h47mn
Malgré un casting de rêve, un sujet original et de bonnes idées, la nouvelle comédie de Manuel Gomez Pereira ne parvient pas à nous convaincre.
L’argument : Victimes de leur jalousie exacerbée, fierté, entêtement et nymphomanie chronique, cinq mères sèment la zizanie dans la vie amoureuse de leurs fils homosexuels sur le point de se marier. L’occasion pour chacun de dévoiler sa fragilité et de faire face à ses responsabilités.
Notre avis : S’il ne fait aucun doute que Manuel Gomez Pereira figure parmi les réalisateurs de comédie espagnole les plus appréciés [1], et co-signe un film courageux [2], il échoue cependant dans Reinas à s’affirmer en tant que cinéaste singulier et à rejoindre, parallèlement, son compatriote, Pedro Almodovar, à qui il rend clairement hommage. Non que le propos du film relève plus de la provocation que de la mise en abîme de la fragilité des êtres, mais que l’enchaînement stroboscopique des situations rocambolesques et de la déperdition qu’il fait vivre à ses personnages - bien que, pour beaucoup, bien senties -, ait vite fait de noyer l’éclosion du comique et du tragique, à long terme.
Certes Manuel Gomez Pereira s’est entouré de grandes actrices, dont le talent s’est exprimé dans les films d’Almodovar en particulier - Marisa Paredes [3] et Carmen Maura [4] en tête - certes il parvient à désacraliser la mère espagnole en la montrant vulnérable et donc attachante, on regrette cependant que le télescopage incessant entre leur vie privée et celle de leurs fils tienne plus de la comédie de boulevard que de la comédie grinçante, effritant à la longue la pertinence du mal être des personnages, et donc de l’éclatement familial. De même si la mise en scène de Reinas se rapproche des films de Pedro Almodovar, tant par la fantaisie du décor et des costumes, bien kitsch, que par sa référence aux vieux films d’espionnage, il en ressort une impression de grand fouillis qui abuse de la rencontre de plusieurs époques.
[1] Nommé pour le Goya des jeunes réalisateurs avec son premier long métrage, Salsa rosa (1991), Manuel Gomez Pereira, est notamment l’auteur de Boca a boca (1995), nommé huit fois au Goya, y compris au titre de meilleur film et de meilleur réalisateur, et de Entre les jambes (1999)
[2] Sorti le 08 avril 2005 en Espagne, Reinas a été écrit plus de deux ans avant que la loi sur l’union des couples du même sexe entre en vigueur (3 juillet 2005) et provoque la colère de l’Eglise et de la justice. Malgré un rassemblement de six cent mille personnes répondant, le 18 juin à Madrid, à l’appel de cinq mille associations catholiques contre le mariage gay et le refus, par la suite, de nombreux juges de l’état civil devant la non conformité de la loi avec la Constitution, le ministère de la justice et l’Ordre des notaires ont obtenu le maintien de celle-ci
[3] Actrice fétiche d’Almodovar, Marisa Paredes a joué dans Talons aiguilles (1991), La fleur de mon secret (1995), Tout sur ma mère (1999) et Parle avec elle (2002). Elle a également travaillé avec de prestigieux réalisateurs tels que Roberto Begnini et Edgardo Cozarinsky
[4] Egérie des films d’Almodovar des années quatre-vingt, Carmen Maura a joué notamment dans Luci, Bom et les autres filles (1981) et Femmes au bord de la crise de nerfs (1988). Elle fut récompensée du Goya de la meilleure actrice pour ce film en 1989, de même que pour Ay, Carmela ! de Carlos Saura en 1991 et le film d’Alex de la Iglesia, Mes chers voisins, en 2001, qui lui valut, entre autres, la Coquille d’argent au festival de San Sebastian
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