Regards sur le cinéma nord-coréen

Attention Wild Side propose pour cette fin d’année un aperçu en 4 films et 3 décennies du cinéma nord-coréen. Remarquable de rareté, il comporte quelques bijoux à découvrir de toute urgence !

Vous ne connaissez pas le cinéma nord-coréen ? Et bien pour être franc, jusqu’au coffret Wild Side, sorti dans les Fnac (collection les Introuvables oblige) le 1e décembre, nous non plus ! Le totalitaire état asiatique a produit des films, rares mais certains, dont quelques succès populaires qu’un bon Nord-Coréen par citoyenneté est forcément obligé d’aller voir par lui-même (d’où le triomphe du Journal d’une jeune Nord-Coréenne au milieu des années 2000 avec plus de 8 millions d’entrées !). En réponse à son Histoire, à la colonisation japonaise ou à sa rivalité avec la Corée du Sud, le cinéma nord-coréen est avant tout d’un politique métaphorique éclatant. Dans ses fresques mélodramatiques ou son réalisme socialisme, tout est symbole mais également cinéma, voire parfois cinéma de haute volée dans le cas du sublime la fille aux fleurs.
Wild Side propose donc un coffret inestimable pour en connaître un peu plus sur un cinéma étatique où le réalisateur est moins un artiste qu’un instrument mais où la volonté de démonstration permet de nombreuses fulgurances. Les titres présents dans le coffret :

- Journal d’une jeune jeune Nord-Coreenne (2006)
L’argument : De nos jours, une jeune fille se révolte contre son père, trop absent et accaparé par un mystérieux travail. Exaspérée par les brimades que lui infligent ses camarades de classe dont les parents obtiennent des doctorats et des appartements neufs pour la gloire du pays, elle décide d’abandonner ses études et de découvrir la vérité sur son père.

– Le Calice (1987)
L’argument : Une jeune femme, membre active des brigades de travailleuses du Parti, renonce à son fiancé, architecte ambitieux, coupable d’être attiré par les sirènes de la capitale, afin de rester à la campagne pour endiguer l’exode rural et lutter avec les paysans contre les intempéries.

– La fille aux fleurs 1972)
L’argument : La Corée est sous le joug des Japonais et des nobles qui collaborent avec l’envahisseur. La résistance se forme dans les montagnes. Une pauvre vendeuse de fleurs ne supporte plus de voir tout sa famille réduite à l’eclavage. Elle, simple femme, décide de se révolter et de rejoindre la résistance.

– La légende de Chun-Hyang (1980)
Au 18e siècle, un fils de noble tombe fou amoureux de Chun Hyan, une fille de Kisaeng (geisha coréenne). Leur amour est condamné par la société. Son amant monte à Séoul servir le roi tandis que Chun Hyan résiste aux avances d’un gouverneur corrompu. Emprisonnée, torturée, elle refuse de céder à la force et au pouvoir.

Les suppléments :

Chaque film est agrémenté d’une présentation du spécialiste Antoine Coppola, déjà très présent lors de la sortie salle française du récent Journal d’une jeune Nord-Coréenne. IL est également l’auteur d’un ouvrage intitulé tout simplement Le cinéma asiatique (L’Harmattan). Les segments sont courts mais instructifs, au vu du manque de communication absolu autour de cette cinématographie.

Son & image :

Chaque film est proposé dans un mono inégal qui a été lavé avec plus ou moins de bonheur en fonction de l’âge des métrages, mais le travail sur le son permet une appréhension généralement correcte des spectacles. Il en va de même pour l’image qui en fonction des oeuvres sait retrouver une colorimétrie vive, avec anicroches qui n’entravent nullement le spectacle. Dans l’ensemble le travail de restauration a été attentif.