Le plus bel âge
Le 10 mai 2006
Une introspection de l’adolescence très touchante, juste, drôle et émouvante.
- Réalisateur : Charles Belmont
- Acteurs : Clément Sibony, Maxime Kerzanet, Salomé Blechmans
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
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– Durée : 1h45mn
Une introspection de l’adolescence très touchante, juste, drôle et émouvante.
L’argument : Ecrit et joué par une jeune fille de dix-sept ans, ce film est un journal intime, celui d’une lycéenne qui entre en première au lycée Claude Monet à Paris : Salomé Blechmans, la propre fille du réalisateur.
Notre avis : Bethsabée Pasolini, dite Bébé dans le giron familial, a dix-sept ans. A cet âge-là on est pas encore une femme, on est plus tout à fait une enfant. Pour beaucoup c’est l’âge de la révolte, pour d’autres un état de semi-léthargie qui les éloigne un peu plus chaque jour de la réalité. Pour la plupart comme Bethsabée, c’est l’âge où l’on est le plus en proie à des sentiments violents, contradictoires, intenses, qui font passer de l’émerveillement le plus pur à de troublantes périodes de crise, de véritables remises en question. Passage obligé de tout adolescent qui "subit" l’apprentissage difficile, mais beau en même temps, de sa maturation.
Moins frivole et confiante qu’une B.B. pleinement consciente de ses charmes, plus douce qu’un personnage implacable de tragédie grecque, la charmante jeune fille au caractère déjà bien trempé fait comme elle peut pour avancer dans la vie et se trouver. Sa quête initiatique commence au sein de ce nouveau lycée dont elle devra tâcher pour une fois de ne pas se faire expulser pour contenter ses parents, cela va sans dire, mais avant tout, même si elle ne le sait pas encore, elle-même.
Dans ce très joli conte moderne, d’autant plus touchant et juste que la caméra de Charles Belmont ne semble jamais comme il aime à dire "installée" et que le jeu et le texte de sa propre fille, délicieuse Salomé Blechmans, actrice-auteure bourrée de talent, parviennent à nous immerger dans un monde d’immédiateté, les tensions desservent l’écoulement de la vie.
Tensions qui ne sont pas seulement créées par la difficulté de Bébé à se plier aux règles familiales, académiques, à comprendre ce qu’elle ressent vraiment pour Simo, à l’agression qu’elle subit un soir en discothèque, mais surtout par "ce qui [est] montré, et ce qui [est] dit par la voix intérieure", reflets des états d’âmes de Bethsabée [1], ainsi que par la relation conflictuelle qu’elle entretient avec son grand frère. Le jeune homme semble tellement à des kilomètres de son besoin de quiétude, de son goût pour l’écriture et de ses rêves, que seule la mort d’un proche paraît pouvoir les rapprocher.
Et pourtant, la fratrie a plus de porosité qu’elle ne le pense. En chacun d’eux, il y a ce bout de femme et ce bout d’homme qui ne demandent qu’à jaillir, à s’exprimer, quand bien même le frère reste beaucoup plus en retrait que sa sœur. Contraires et consubstantiels, Charles Belmont nous donne à voir, à ressentir, un même individu, côté face et côté pile, tiraillé et porté par ses mulptiples et magnifiques facettes. On ne se lasse pas de se coucher et de se réveiller avec ces acteurs pour la pupart non professionnels et criants de vérité, Bethsabée, en tête, mais aussi ses amies, qui sont celles de Salomé dans la vie. On ne regarde pas cette famille évoluer dans la vie, on en fait partie comme Clément Sibony - interprète du mystérieux et singulier beau jeune homme à la lisière du rêve - dont Béthsabée s’éprend.
[1] Hormis la musique originale du film composée par Silvain Vanot avec laquelle se couple à la fin celle de Salomé Blechmans et de ses amies, "Epices", la voix-off tirée du texte écrit par Salomé Blechmans elle-même, comme les musiques entraînantes, vivantes, de Mathieu Chedid, la musique gnawa - "écho à sa nostalgie d’Essaouira" -, la sensualité du R’n’B, le gospel et Ben Harper, accompagnent le film et bercent les regards, déplacements, danses de Bethsabée
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