Queer as folk - Saison 5 (la critique)

La saison finale, d’une grande sensibilité, se livre à une introspection en profondeur de ses personnages et de la société américaine, à l’ère de Bush. Le constat est alarmant et les 13 épisodes comptent, tout simplement, parmi les meilleurs de la série.

L’argument : Que deviennent nos héros dans cette nouvelle saison ? Après les combats menés dans la saison 4 le calme va-t-il enfin revenir dans leur vie ? Pas si sur ! Avec les bonnes nouvelles arrivent d’autres péripéties et le combat n’est jamais vraiment fini pour ces personnages hauts en couleurs. La série touche à sa fin et c’est avec de grands bouleversements et un final « explosif » que nous dirons au revoir aux personnages.

Notre avis : La chaîne câblée Showtime avait programmé la 5e et ultime saison de Queer as folk en 2005, époque où les conservateurs, propulsés par l’administration Bush multipliaient les campagnes et les décisions politiques homophobes. A cette occasion, les scénaristes de la série, pour conclure les aventures sentimentalo-sexuelles du fameux groupes d’amis gays de Pittsburgh, ont décidé de mener un combat frontal contre les insanités du président (ouvertement insulté ici). Les protagonistes, plus que jamais, sont devenus des symboles politiques ; ils luttent contre l’intolérance et le droit d’exister dans leurs différences alors que l’état restreint leurs droits et que la menace de l’homophobie vire à l’intégrisme meurtrier (un attentat est l’événement charnière de cette saison). Le divertissement, toujours aussi osé dans la description des ébats aux pluriels dans les lieux les moins télévisuels (on ose, plus que jamais, montrer le fonctionnement des backrooms ou des saunas en pleine activité, et l’intimité du couple avec une insistance pour les plaisirs anals), se justifie ici par une acuité psychologique qui embellit chaque personnage. Ces derniers, vieillissant, sondent leurs craintes et désirs, se projettent dans un futur pas toujours agréable, et, alors qu’ils avaient été contraints de redéfinir le concept de la famille, doivent aller plus loin dans cette redéfinition. Finalement, alors qu’ils en concluent tous que la norme gay ou hétéro est indéfinissable et qu’elle doit donc être relativisée, les personnages s’ouvrent à une plus grande tolérance vis-à-vis d’eux mêmes. Brian accepte l’idée que des homos puissent vouloir se marier et adopter des enfants à l’instar des hétéros ; ses amis acceptent son immaturité cynique qui ne représente qu’une facette de la communauté, alors que la société de Bush essaie d’imposer une image réductrice, fondée sur le fantasme de la sacro-sainte famille.
Cette cinquième saison, exaltante pour son humanité, enrichissante dans ses combats francs et engagés, débarrassée de ses digressions narratives génantes, surpasse de très loin les saisons précédentes. Elle reflète et rejette une société devenue imprévisible, et communique avec succès le parfum de danger qui mène, par exemple, le couple lesbien de la série à quitter les USA pour s’installer au Canada, là où il ne souffrira plus de la répression. Bref, la série change de mission, plutôt que d’éduquer et d’élargir l’esprit des téléspectateurs, elle semble désormais avoir pour but ultime de redonner de l’espoir à un groupe sévèrement touché par la "busherie", en s’achevant sur la chanson mythique de Gloria Gaynor, I will survive. Le message est compris. Un bel exemple de service public, n’en déplaise à France 2 et France 3, qui n’auront jamais le courage de diffuser pareil programme.

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Le DVD

Copyright Warner Bros Home Video (DR)

Une édition identique aux précédentes, malheureusement.

Les suppléments

Malgré un communiqué annonçant enfin un bonus pour célébrer la fin de la série, le coffret, d’un vide abyssal, nous fait vite déchanter. L’édition zone 1 et sa foison de bonus serait-elle à envisager ?

Image & son

La définition de l’image n’est pas bien élevée, ce qui reste une constante pour ces éditions DVD françaises. Elle est cependant acceptable et exempte de défauts rédhibitoires. Le son, lui, présenté en V.O. comme un 5.1 demeure un pauvre stéréo frustrant, dans toutes les langues.