Sage comme une image
Le 27 septembre 2024
Conte pétillant sur la vieillesse réalisé par un faux "jeune premier", Dustin Hoffman, Quartet rassemble la crème des acteurs britanniques pour une partie musicale et satirique plaisante, mais d’un classicisme très convenu.
- Réalisateur : Dustin Hoffman
- Acteurs : Billy Connolly, Maggie Smith, Tom Courtenay, Pauline Collins, Sheridan Smith
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h37mn
- Date de sortie : 3 avril 2013
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Résumé : À Beecham House, paisible pension au cœur de la campagne anglaise qui accueille des musiciens et chanteurs d’opéra à la retraite, le bruit court qu’une nouvelle pensionnaire arriverait sous peu. Et ce serait une diva ! Pour Reginald, Wilfred et Cissy, le choc est grand lorsqu’ils voient débarquer l’impétueuse Jean Horton, avec laquelle ils triomphaient sur les scènes internationales des années auparavant. L’ambition de Jean et son ego démesuré avaient alors ruiné leur amitié et mis un terme au mariage qui la liait à Reginald. Malgré les vieilles blessures, Reginald, Wilfred et Cissy mettront tout en œuvre pour convaincre Jean de reformer leur célèbre quatuor à l’occasion du gala annuel de Beecham House.
Critique : Il n’est jamais trop tard pour commencer ! À soixante-quinze ans, fort d’une interminable filmographie d’acteur derrière lui, Dustin Hoffman se lance dans la réalisation, et prend pour sujet… la vieillesse et la peur de la mort. Point d’Amour ici, le casting de cette comédie au ton so british assumé dès les premières minutes ferait plutôt dans l’arsenic et les vieilles dentelles, au rayon musique. Le récit fonctionne à l’image du titre, sur un quatuor où l’instrument qui donne le thème – Maggie Smith, ex-éternelle diva ambitieuse et manipulatrice – est aussi celui qui imprime les variations les plus fortes au morceau. Après son rôle de duchesse douairière dans la série Downton Abbey, Maggie Smith passe d’une campagne anglaise à une autre, et réussit à la perfection son jeu implacable de cabotinage et d’élégant mépris qui caractérise le personnage. Il est cependant dommage que Dustin Hoffman, sur la base de cette partition chorale, ait poussé chacun de ses comédiens dans des emplois classiques et convenus. Point de surprise dans le scénario, ni dans l’évolution des personnages : tout est réglé comme du papier à musique, et chacun est utilisé dans son propre registre. Le cinéaste prend un plaisir indéniable à diriger ses acteurs (qui donnent eux aussi l’impression de s’amuser), et pour partager ce plaisir, il faut accepter de se laisser glisser dans cette atmosphère de cottage pour vieilles personnes, moins amère que chez Mike Leigh et plus caustique que dans les Miss Marple.
Qu’en est-il du regard de Dustin Hoffman sur cette fugue à quatre voix ? Au-delà de la direction d’acteurs, la mise en scène reste d’un classicisme parfois poussif, qui se contente de filmer sagement le scénario, sans jamais risquer le moindre signe d’audace (hormis la variété de décors et de costumes fleuris jusqu’à la nausée)… Endormi dans la campagne anglaise, le ton du film suit la ligne mélodique d’une petite musique de nuit, tombant par moments dans le doucereux ; il n’est pas aidé par le dispositif quasi théâtral de son récit, qu’alourdit par moments le motif de l’opéra. Le « jeune cinéaste » ne saisit pas l’occasion d’exploiter le postulat culotté de son intrigue, le point de vue très « troisième âge » sur le vieillissement et la mort, ce qui donne l’impression d’un regard un peu flottant et politiquement correct, là où le potentiel satirique et troublant des acteurs laissait présager un angle d’attaque plus franc et moins cabotin. Avec son ambition de partie de campagne flamboyante, Quartet convie plutôt le spectateur à un thé dansant très sage, pour personnes bien éduquées. Et promet de ramener tout le monde chez lui sain et sauf avant la tombée de la nuit.
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