D’autres errances nocturnes
Le 30 septembre 2015
Une nuit parisienne lovée dans un noir et blanc de toute beauté, au cœur de laquelle zone une drôle de personnalité en quête de lui-même et de la mer... Frais et insolent, un premier long à découvrir.
- Réalisateur : Tommy Weber
- Acteurs : Jacques Weber, Élise Lhomeau, Bastien Bouillon, Aurélien Gabrielli, Hortense Gelinet
- Genre : Romance
- Nationalité : Français
- Durée : 1h22mn
- Date de sortie : 30 septembre 2015
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La nuit, le noir et blanc, un protagoniste d’une vingtaine d’années en plein questionnement existentiel, Quand je ne dors pas, premier long-métrage de Tommy Weber, ne semble pas à première vue se distinguer par son originalité. Ce serait sans compter l’aplomb du protagoniste en question, grâce auquel le film gagne une charmante singularité.
L’argument : Paris, un soir d’hiver. Antoine, 20 ans, s’est mis en tête de partir voir la mer par le premier train du matin avec seulement quelques euros en poche. Il n’a pas de quoi payer son billet mais il a toute la nuit pour réunir la somme nécessaire : une nuit entière qui s’offre à lui. © Aramis Films
Notre avis : Quand je ne dors pas s’ouvre sur un visage et s’achève sur un visage, celui d’Antoine, que l’on découvre et que l’on quitte en gros plan. D’apparence plutôt commune, qui pourrait presque passer inaperçu, Antoine se révèle être un jeune homme obstiné, volontaire mais maladroit, avec un grain de folie mêlée de fantaisie qui participe à teinter sa nuit d’aventures parisiennes de touches absurdes et poétiques. Tommy Weber aura réussi, à travers la création de ce personnage et la manière dont il est mis en scène, à nous le rendre proche et attachant. Interprété avec un parti pris affirmé par Aurélien Gabrielli, Antoine apparait comme la source lumineuse du film, celle à partir de laquelle les autres personnages sont éclairés et sans laquelle ils n’existeraient pas. En effet, en voyant le personnage principal dessiné avec autant de soin, l’on regrette le manque d’acuité dans la construction des figures qui l’entourent. Que ce soit son dealer, son frère, les personnes qu’Antoine croise à une fête d’anniversaire dans laquelle il s’incruste, ou celles qu’il croise dans la nuit, toutes semblent se dissoudre dans le même brouillard, n’atteignant jamais, par leurs paroles ou leurs actes, la conscience d’Antoine et donc le regard du spectateur.
© Aramis Films
Si la progression d’Antoine provoque de multiples rencontres mais montre finalement un personnage bien seul, il conviendrait toutefois de nuancer notre propos face aux interactions du jeune homme avec ses deux intérêts amoureux : Léa (Elise Lhomeau), qu’Antoine croise dans un bar puis qu’il décide de suivre, et Hortense (Hortense Gelinet), amie proche de son frère aîné. Alors que le personnage de Léa reste dans un flou scénaristique et visuel propice aux fantasmes d’Antoine et aux échappées oniriques, la rencontre avec Hortense agit en contrepoint et constitue peut-être l’élément le plus significatif de son parcours. Au-delà du désir d’évasion loin de la réalité – partir sur un coup de tête pour « voir la mer », s’imaginer l’apparition d’un cheval blanc en pleine rue à Paris – émerge l’idée qu’Antoine ne trouvera finalement l’évasion que par ses propres moyens et en lui-même, peu importe l’endroit où il se trouve. Antoine, comme en écho lointain à la jeunesse fougueuse et espiègle de la Nouvelle Vague, est après tout le héros de l’histoire, héros romantique en ce qu’il semble constamment en décalage avec son temps et ses contemporains, mais héros honnête avec lui-même et entier dans son rapport aux autres, aussi incongru qu’il puisse paraître.
© Aramis Films
Quand je ne dors pas est, à l’image de son personnage principal, un film en contraste avec la production cinématographique habituelle, aussi original que rafraîchissant. Réalisé avec un budget que l’on imagine modeste et une équipe réduite, le film se distingue par des musiques originales de Thibault Chevaillier – contribuant de manière plutôt juste à la construction de l’atmosphère du long-métrage – mais montre des faiblesses à l’image, que l’on sent non aboutie mais qui séduit justement par son imperfection téméraire. Le film de Tommy Weber se limiterait en fin de compte à la création d’un personnage, certes bien construit, si l’on oubliait l’atmosphère nocturne dans laquelle le spectateur prend plaisir à se plonger. Une entreprise courageuse et singulière qui nous aura donc emportés par son ton franc et poétique rendant un bel hommage à une jeunesse en quête d’elle-même.
© Aramis Films
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