Le 18 septembre 2016
Après Quand je ne dors pas, son premier long-métrage, Tommy Weber revient avec Tête de chien. Petit par les moyens, mais grand par le talent, assurément.
- Réalisateur : Tommy Weber
- Acteurs : Tommy Weber, Julia Joubert, Arnaud Charrin
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h06mn
- Titre original : Tête de chien
- Date de sortie : 21 septembre 2016
- Plus d'informations : Le site du distributeur
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– A l’occasion de la sortie en DVD de Quand je ne dors pas, réalisé par Tommy Weber, son dernier film, Tête de chien sera diffusé en salle à partir du 21 septembre.
Résumé : Nino ne fait plus grand chose si ce n’est promener le chien de Lucie, la grand-mère de son meilleur ami Romain décédé il y a quelques mois. Mais sa situation va brusquement évoluer.
- (C) Contre-Allée Distribution
Notre avis : Pour Tête de chien, Tommy Weber a choisi d’interpréter lui-même Nino, et de se livrer à une incarnation saisissante de looser magnifique. Tout comme Antoine, le principal protagoniste de Quand je ne dors pas, Nino est un caractère qui s’avère d’emblée proche de nous et indéniablement attachant. Sa gaucherie naturelle, son empathie pour les personnes qui l’entourent, son franc-parler, sa sensibilité d’écorché vif, sont autant de traits de personnalité dans lesquels chacun de nous peut se reconnaître. Mais plus encore que le portrait sensible d’un gentil paumé balloté par la vie, Tête de chien est une étude intimiste du deuil et du repliement sur soi.
Suite au décès de Romain, Nino est en pleine recherche existentielle d’un nouveau sens à sa vie. Déprimé, distant, irritable, il refuse d’affronter ses émotions et de les expurger en vue d’accéder à une paix intérieure. Pour donner corps à la colère rentrée qui l’anime, à ce volcan qui sommeille en lui, prêt à tout moment à entrer en éruption, Weber recourt à un travail de caméra portée chevillée au plus près de l’acteur, qui épouse le moindre de ses mouvements. Car bien loin d’être une chronique sociale misérabiliste et inertielle, Tête de chien est justement un concentré explosif d’énergie cinétique, en atteste le motif de la course, qui parcourt tout le film sur le mode de la répétition et de la variation.
Ainsi, Nino, désespéré, se lance-t-il dans de frénétiques et littérales fuites en avant, arpentant les rues de la banlieue parisienne avec la vélocité d’un météore propulsé à grande vitesse selon une trajectoire rectiligne immuable. Nino court pour échapper à un policier qui le poursuit, fonce au volant d’une voiture lors d’une virée nocturne et enfin pédale à tue-tête dans le plan final. Ces séquences, souvent filmées en longs et fluides travellings latéraux, revêtent une fonction métaphorique : elles expriment le refus catégorique de Nino de consommer son deuil et de laisser partir Romain.
- (C) Contre-Allée Distribution
Celui-ci fait plusieurs apparitions « fantomatiques » subites lors de quelques scènes saugrenues, véritables fulgurances poétiques et surréalistes, échangeant quelques répliques taquines avec Nino ou le regardant silencieusement. Ces moments ne sont pas les seuls à apporter au film une tonalité légère et espiègle. D’autres procédés filmiques et autres notations farfelues le traversent et permettent une fois encore à Weber de ne pas sombrer dans une certaine complaisance vis-à-vis de la misère sociale dans laquelle baignent ses personnages.
Par exemple ce thème musical répétitif et obsédant, leitmotiv minimaliste composé de quelques notes de guitare et de piano, qui traduisent avec malice le manque de lâcher prise de Nino, ou l’utilisation du chien en tant que motif verbal et visuel comique. Ainsi, lorsqu’un homme fait visiter un vaste appartement à Nino et lui demande quel métier il exerce, celui-ci lui répond : « je fais dans les chiens », avec une nonchalance picaresque. Au début, lorsque ce dernier ramène son chien à Lucie après sa promenade, on peut apercevoir une photo de Tintin et Milou encadrée au mur, qui dédouble avec ironie son rapport à l’animal dans la réalité. Plus tard, Nino se promène dans une forêt avec un visage hybride, mi-homme, mi-chien. Loin d’être gratuite, cette nouvelle fantaisie surréaliste rend compte du trouble identitaire de Nino, en recherche de lui-même suite au décès de Romain. Elle donne également son titre au film.
Tête de chien est donc un moyen métrage profondément original et personnel. Avec des bouts de ficelle, Tommy Weber parvient à esquisser une chronique intimiste du deuil et une quête existentielle qui évite toute lourdeur pontifiante, toute froideur clinique, proposant à contrario un film fantaisiste, poétique, aérien et rafraichissant. Vivement la suite.
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