Le 21 novembre 2024
- Famille : BD Franco-belge
Pour cette nouvelle édition 2024, le festival Quai des Bulles nous a gâtés en terme d’exposition, il y en avait pour tous les âges, pour tous les goûts, dans des scénographies souvent travaillées.
Résumé : Nous voilà de retour du festival Quai des Bulles avec plein d’images pour ceux et celles qui n’auraient pas pu venir. Cette année, nous nous sommes focalisés sur les expositions, celles du Palais du Grand Large, celles de la médiathèque et celles dans certains lieux choisis dans les remparts de la vieille ville.
Cette année, Quai des Bulles nous a offert un beau palmarès de BD récompensées, mais aussi un sacré palmarès d’exposition. Nous allons tâcher de vous en donner un aperçu. Nous pourrions vous parler des différents lieux et lister ce qui s’y trouvait mais nous avons choisi un autre axe. Tout d’abord, à nos yeux, il y avait un hommage évident à la couleur. De nombreuses expositions étaient consacrées à des aquarellistes hors pair.
Dans le désordre, au Palais du Grand Large, vous pouviez trouver une exposition présentant les travaux de Benjamin Flao.
Benjamin Flao, nantais d’origine, a beaucoup voyagé. Il a ramené de ses périples des carnets, des histoires et tout cela donne non seulement de magnifiques BD, mais aussi une incroyable exposition où l’on pouvait contempler des originaux étonnants.
Entre le hall d’entrée de l’exposition, la salle centrale occupée par une magnifique reproduction d’arbre, et une petite salle menant à la sortie, trois lieux mettaient en avant les BD de Benjamin Flao.
Au fil des murs, les dessins s’offraient à nous, avec quelques cartons pour présenter l’œuvre dont étaient extraites les planches.
Regarder les couleurs de cet artiste, le mélange des teintes, le tracé des personnages et des décors étaient tout simplement incroyable. Il y avait entre autre cette mer démontée, en vert et bleu, avec des rehauts de blanc pour marquer encore plus l’agitation des flots. Une aquarelle marquante, même si ce sont les arbres qui étaient à l’honneur, Benjamin Flao présentant son nouvel album réalisé avec Fred Bernard, une adaptation du best-seller La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben.
La dernière salle, plus sobre, présentait des extraits d’autres BD, mélangeant le récit jeunesse et la BD documentaire. L’exposition ne montrait pas que des aquarelles, mais aussi des crayonnés pour nous faire mieux saisir encore la beauté du trait de l’artiste. Une exposition courte mais dont on se souvient longtemps.
L’autre aquarelliste plus discret, toujours exposé dans le pavillon du grand large, était Madd, le dessinateur de la série Poltron Minet, parue chez Dupuis et scénarisée par Mayen.
Une BD jeunesse mettant en scène un chat perdu dans la forêt et qui va découvrir une société d’animaux où il lui faudra bien trouver sa place.
Et justement, le public pouvait trouver une salve de planches originales aux teintes violettes, qui ornaient les murs dans une scénographie simple mais efficace où vous pouviez apercevoir des animaux de la série et des décors reconstitués.
La technique de Madd rappelle presque les aplats de couleur mais avec des teintes très douces, correspondant à l’esprit jeunesse.
Toujours au Palais du Grand large, il y avait l’exposition croisée, là aussi orientée jeunesse, des deux autrices Anouk Ricard et Bernadette Després.
Deux générations de dessinatrices, séparées quasiment de vingt ans, dont les planches colorées et vives, foisonnantes pour Bernadette Després et plus sobres pour Anouk Ricard échangeaient et se répondaient dans une scénographie amusante.
L’exposition était faite de trois salles, un grand restaurant, dont les assiettes contenait des crayonnés ou des encrages, une deuxième salle plus petite où le parcours des deux autrices étaient présenté.
Suivait une dernière salle avec deux vidéos, Anouk Ricard et Bernadette Després qui échangeaient dans une forme de portraits croisés, se posant des questions l’une à l’autre.
Un des moments touchants du festival, pour découvrir deux vies différentes, mais consacrées au dessin et à la musique qui occupe une place importante dans l’œuvre de ces deux artistes.
Nous quittons le Palais du Grand large pour découvrir un autre maître de l’aquarelle, à la tour Bidouane, dans les remparts de la vieille ville. Il s’agit de Alex Alice pour l’exposition présentant le septième tome de sa série « Le château des étoiles » chez Rue de Sèvres.
Des planches originales exposées dans un cadre nous plongeant dans l’univers de la BD, étalé sur trois niveaux dans une vieille tour de pierre aux sols de bois.
Une très belle idée. Nous avancions dans les aquarelles d’Alex Alice, qui s’est amusé à placer ses personnages dans de magnifiques paysages imaginaires : forêts denses, montagnes infranchissables avec de magnifiques halos de brume ou des nuits bleutées et paisibles. Attention, si vous n‘aviez pas lu le tome sept, tout vous était dévoilé sur les murs de la tour.
Chaque niveau présentait des planches de la BD et des décors reconstitués nous plongeant dans ce monde lointain. Au dernier niveau, nous pouvions trouver des planches encrées et crayonnées des séries spin-off du château des étoiles Par Alain Ayrolles et Etienne Jung ainsi que des livres ayant inspiré Alex Alice.
L’ensemble était décoré de plantes grimpantes, rappelant la forêt extra-terrestre de la série et de reconstitution de lieux liés à la BD.
L’exposition se finissait sur deux dioramas étranges et merveilleux reprenant les paysages de la BD.
Plus loin intra-muros, dans la vieille ville, se trouvait une galerie baptisée « à la marge » qui nous permettait de retrouver un autre grand dessinateur, Yslaire, qans une présentation rétrospective de ses travaux.
Une des claques du festival. Depuis sa première BD publiée Bidouille et Violette jusqu’à sa toute nouvelle adaptation d’un roman de George Simenon, on pouvait parcourir sur deux salles un panel de planches originales, allant des crayonnés aux planches en couleur, via des illustrations magnifiques.
Yslaire, un autre maître de la couleur et du trait. La présence des crayonnés et des planches encrées nous permettaient de comprendre comment travaille le dessinateur. Il développe des crayonnés très précis qui peuvent encore être totalement remaniés, découpés pour être redessinés complètement à l’encrage.
Et l’on peut retrouver éclaté en plusieurs cases encrées une scène crayonnée sur une autre feuille.De Sambre à Baudelaire, vous pouviez traverser toute une série d’univers qui semblaient se recouper.
Les traits des personnages, les vêtements d’époques, comme si Yslaire se plaisait à s’immerger ailleurs, dans un autre temps. Une très belle exposition qui restera dans les mémoires.
Nous avons vu les aquarellistes, mais les autres techniques de dessin n’étaient pas oubliées.
On peut mentionner le noir et blanc de Lucas Harari.
Une exposition au Palais du grand large présentait ses planches originales encrées, extraites de ses premiers albums, et surtout du dernier sorti : Le cas David Zimmerman chez Sarbacane, qu’il a scénarisé avec son frère Arthur Harari.
L’occasion de découvrir, sans les couleurs, le travail d’équilibre des noirs et des blancs, la précision des architectures et l’exploitation de l’espace chez Lucas Harari.
Une magnifique vidéo montrant l’artiste au travail nous permettait de voir comment Lucas Harari avance : crayonné, encrage et surtout colorisation numériques de ses planches.
On ne voyait pas le temps passer, passionné par ces images et les propos de l’auteur.
Un autre noir et blanc, plus mystérieux et immersif, était à l’honneur toujours au Palais du grand large, avec L’exposition consacré à Jim Curious, une BD de Matthias Picard paru aux éditions 2024.
Devant l’entrée, vous pouviez voir des planches extraites de la BD, un noir et blanc rugueux pour un voyage au cœur de l’océan.
Une fois un mystérieux rideau noir franchi, vous passiez dans un autre monde, en noir et blanc. La salle plongée dans l’obscurité et seuls quelques lumières spéciales éclairaient des décors noir et blancs, dont le blanc était luminescent.
Des dioramas, plaques de verre peintes placées les unes derrière les autres permettaient de créer du relief au blanc lumineux. Des poissons découpés flottaient dans les airs, suspendus par des cordes peu visibles.
Le travail du trait et des hachures de Matthias Picard ressortaient d’autant mieux. Une ambiance qui contrastait avec la décoration colorée à l’extérieur.
On pouvait enchaîner ensuite avec un univers plus adulte, celui de Sophie Darcq, pour sa BD Hanbok parue chez L’apocalypse. Cette exposition prenait place à la médiathèque de Saint Malo.
Dans un espace ouvert, flottaient des tissus, parfois imprimés, parfois non, pour séparer des murs blancs qui présentaient des planches, des dessins agrandis, des petites cases de la BD autobiographique de l’autrice. Un noir et blanc très contrasté avec un trait fouillé.
Les agrandissements permettaient de faire ressortir tout le travail de hachures exécutées par la dessinatrice. La légèreté était le maître mot de cette scénographie, une légèreté qui contraste avec un sujet difficile, la recherche de son passé après une adoption.
Cette exposition, située à l’entrée de la médiathèque, aurait mérité bien plus bel écrin que cette aire de passage.
La médiathèque proposait une autre exposition, consacrée à la série de trente-deux tomes Usagi Yojimbo de Stan Sakai, paru aux éditions Paquet. La quête d’un lapin samouraï à l’époque Edo.
L’occasion de découvrir des alternances de planches noir et blanc et d’autres en couleur, évoquant la vie dans le Japon médiéval et comportant quelques références à d’autres auteurs.
Un récit d’action, de méditation et de combat au sabre sans trop de sang, voire même sans aucune goutte de sang. La scénographie reprenait le concept zen de faire beaucoup avec peu.
Des paravents à l’image des cloisons de papier des vieilles demeures japonaises, des lanternes de pierre, un décor, quelques plantes, et nous étions quand même transporté ailleurs.
Vous noterez que nous venons de repasser subrepticement à la couleur, pour finir avec les deux dernières expositions.
Celle consacrée à Lisa Mandel, en plein air le long des remparts.
Vous pouviez marcher un peu et voir des reproductions couleurs sur des panneaux plantés dans un jardin, assez espacés. L’exposition revenait sur les créations de Lisa Mandel traitant de l’actualité, des planches hebdomadaires qui sont parues dans le magazine Le Nouvel Observateur.
Lisa Mandel cingle tous les travers de notre monde avec humour, un humour parfois noir et souvent drôle,mélangeant parfois les problèmes de société pour nous faire rire.
Et la dernière exposition se trouvait dans le bâtiment des stands des éditeurs, à côté du Palais du grand large. Il s’agissait de grandes reproductions couleurs des couverture du magazine BD de SF Métal Hurlant, les anciennes côtoyant les nouvelles.
En effet, le magazine a connu deux périodes, sa première publication pendant les années soixante-dix et quatre-vingt, puis il s’est arrêt avant de renaître il y a quelques années.
Cette exposition a été déplacée dans le pavillon des stands car il semblerait qu’avant, alors qu’elle était en plein air à l’extérieur, des personnes amatrices de BD mais de caractère assez ingrat ont subtilisé quelques unes de ces affiches !
Il en restait assez pour que vous puissiez découvrir les très beaux dessins d’illustration qui ont fait les grand jours de ce magazine consacré principalement à la SF.
Et il y avait au palais du grand large une exposition collective, celle des jeunes talents.
Vous pouviez admirer le long d’une baie vitrée donnant sur la mer les planches des lauréats du concours jeunes talents avec ses différentes catégories en fonction des tranches d’âge.
Il y a du potentiel chez tous ces jeunes dessinateurs.
Nous espérons que ce tour d’horizon vous aura donné envie de vous rendre à Saint-Malo l’année prochaine pour l’édition 2025 du festival Quai des bulles afin de découvrir les expositions. Mais n’oublions pas tout le reste du festival, avec les rencontres qui avaient lieu d’une part au pavillon du grand large, avec notamment Sylvain Vallée, Ginette Kolinka ou encore Lisa Mandel, d’autre part à la médiathèque avec par exemple Romain Ronzeau, Bernadette Després ou encore Anouk Ricard. Sans oublier d’autres lieux intra-muros comme la salle Terre-neuve avec Jop, Elizabeth Kilili ou encore Sonia Déchamps parmi d’autres et puis aussi la librairie Momie, où le podcast Dans ma Bulle se déroulait en public et a pu accueillir des invités comme Sophie Darcq, Fabien Vehlmann ou encore Fournier, ancien dessianteur de Spirou, revenant avec une BD autobiographique et surtout un des fondateurs du festival Quai des Bulles.
Fournier échangeant avec l’animateur Frédéric Michel au micro de Dans ma Bulle
Il serait malpoli d’oublier dans ce retour sur le festival les nombreuses projections et les multiples événements comme les contes à bulles mêlant les différents arts (contes, dessin, musique…) pour la joie des grands et des petits.
Bref, une belle édition, que l’on espère encore plus réussie l’année prochaine.
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