Le 13 janvier 2024
Suite paresseuse d’un premier opus phénomène, Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ? est un produit médiocre.


- Réalisateur : Philippe de Chauveron
- Acteurs : Christian Clavier, Frédérique Bel, Chantal Lauby, Medi Sadoun, Ary Abittan, Frédéric Chau, Noom Diawara, Julia Piaton, Elodie Fontan
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : UGC Distribution
- Date télé : 18 juin 2024 23:25
- Chaîne : TMC
- Box-office : 155.000 entrées (en avant-première, lors des séances de 18h du mardi 1er janvier)
- Date de sortie : 30 janvier 2019

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Résumé : Le retour des familles Verneuil et Koffi au grand complet ! Claude et Marie Verneuil font face à une nouvelle crise. Leurs quatre gendres, Rachid, David, Chao et Charles sont décidés à quitter la France avec femmes et enfants pour tenter leur chance à l’étranger. Incapables d’imaginer leur famille loin d’eux, Claude et Marie sont prêts à tout pour les retenir. De leur côté, les Koffi débarquent en France pour le mariage de leur fille. Eux non plus ne sont pas au bout de leurs surprises…
Critique : Suite logique d’un immense succès hexagonal - plus de douze millions d’entrées, tout de même -, le film se contente de capitaliser sur une méthode qui a bien marché, en reprenant les vieilles ficelles comiques et les mêmes typologies : Clavier incarnant l’éternel invariant du Gaulois râleur, plutôt enclin à vanter les vertus de la culture française pour retenir ses gendres, qui sont devenus des bobos et veulent s’expatrier. Ces derniers dénoncent la xénophobie et le racisme endémiques, mais sont beaucoup moins sévères vis-à-vis du monde entrepreneurial. Ils rentrent dans la catégorie de cette bourgeoisie cool qu’a très bien cartographiée François Bégaudeau, dans son livreHistoire de la bêtise.
- © Arnaud Borrel. Tous droits réservés.
Quelques mots sur Clavier : de succès en succès, ce qui frappe avec l’ex-membre du Splendid, c’est l’inexorable ralentissement de son comique, dont l’effet le plus immédiat est une forme de jeu gestionnaire, comptable, comme si Louis la Brocante avait accepté le script d’un long métrage burlesque et faisait cuire ses gags faisandés dans du saintdoux. Même les remarques racistes du personnage qu’il incarne n’ont plus l’énergie que suppose la caricature, lorsqu’elle manifeste quelques intentions dénonciatrices.
Pour le reste, la comédie a du mal à trouver sa voie entre des velléités de provocations outrancières (le jardinier afghan que Charles Verneuil soupçonne de cacher des explosifs -rires-) et son désir de rassembler, au-delà des différences sociales, dans cette province où l’on se sent si bien que Jean-Pierre Pernaut s’en fait le chantre quotidien pendant des décennies. Le corollaire est évidemment la haine du jacobinisme qui prend les traits de l’anti-parisianisme : les fans de TF1 ou de Michel Onfray, ceux qui croient aussi en la common decency chère à Orwell, trouveront matière à satisfaire leur certitude que le vrai peuple, essentialisé au-delà de toute lecture sociale, ne ment pas. Un vrai peuple auquel s’adresse ce film intrinsèquement poujadiste. Finalement, Chantal Lauby est le seul vrai atout, sous-exploité de ce long métrage pesant : à elle seule, elle mériterait une comédie.